Interviewé par Blick le 28 octobre dernier, le conseiller communal socialiste Mountazar Jaffar affichait son soutien à la cause palestinienne. Le doctorant à l'Université de Lausanne déplorait la décision de son Alma mater d'interdire un tournoi de foot caritatif visant à récolter des fonds pour la population à Gaza.
À la suite de son interview, l'élu a reçu deux e-mails bourrés d'insultes racistes, citant son soutien à la Palestine. Ni une ni deux, le conseiller communal se rend au poste de police du Flon, à Lausanne, pour déposer une plainte pénale pour racisme. Là, un policier l'en aurait dissuadé, comme rapporte la RTS. Le politicien en avait fait écho sur Instagram.
«Le risque du métier»
L'agent aurait expliqué à Mountazar Jaffar que sa plainte ne servirait pas à grand-chose, et qu'il s'agissait du «risque du métier, en tant qu'élu, d'être exposé et de recevoir ce type de messages», révèle l'élu au micro de «Forum». Expliquant au policier que son soutien à la Palestine est sûrement la cause des injures reçues, il reçoit en réponse que «c'est assez normal, quand on évoque ce type de sujet clivant, de se faire attaquer».
À lire aussi
Puis, l'agent lui demande ce qu'il pense de l'attaque du Hamas en Israël, avant de lui annoncer qu'il ne pourra pas porter plainte le jour même. Rendez-vous est pris pour deux semaines plus tard.
L'élu socialiste estime qu'un racisme structurel existe au sein de la police. Il lie clairement son expérience au poste et son apparence d'homme arabe, étant d'origine irakienne.
Interpellation urgente à la Municipalité
Mountazar Jaffar veut donc agir. Il va déposer une interpellation urgente à la séance du conseil communal lausannois, mardi 7 novembre. L'élu a plusieurs questions pour la Municipalité. Elles concernent la formation reçue par les policiers qui recueillent les plaintes, et les solutions envisagées par Lausanne pour éviter de tels incidents. Son but, dit l'élu à «Forum», est de mieux encadrer les procédures de dépôt de plainte.
Unité spéciale pour les cas semblables
Interrogée par la RTS, la police de Lausanne n'a pas voulu se prononcer sur les faits. Elle indique que les policiers ne sont pas libres d'agir individuellement concernant le dépôt d'une plainte, qui est encadré par une directive cantonale. Elle affirme avoir contacté l'élu socialiste pour comprendre son mécontentement, ce que confirme Mountazar Jaffar.
Le conseiller municipal lausannois Pierre-Antoine Hildbrand, chargé de la sécurité, explique toujours à «Forum» avoir mis en place des procédures pour les situations où des personnes s'estiment mal traitées, notamment via la création d'une unité spéciale.