La présidente de la Confédération Viola Amherd et le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis sont à moins d'un mois d'une échéance qui a tout d'un projet prestigieux: une conférence mondiale sur la paix en Ukraine est prévue les 15 et 16 juin au Bürgenstock.
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En coulisses, la recherche de participants à cette rencontre sur la montagne qui surplombe le lac des Quatre-Cantons bat son plein. Et ce n'est pas un hasard si la date de l'événement coïncide avec la fin du sommet du G7 en Italie. Plus de 60 représentants d'État se seraient déjà inscrits au rendez-vous, indique non sans fierté le Département des affaires étrangères.
Mais que vaudrait cette rencontre sans l'homme politique le plus puissant du monde, le président américain Joe Biden?
Rumeurs et promesses
En l'état actuel des choses, personne ne sait si l'Américain fera le déplacement… et peut-être que Joe Biden ne le sait pas lui-même. L'attente de sa participation favorise néanmoins de nombreuses rumeurs.
C'est la «NZZ» qui a ouvert le bal le 9 avril: le quotidien disait avoir «appris de plusieurs sources fiables que le président américain Joe Biden devrait participer à la conférence». La nouvelle a immédiatement fait le tour du monde. «Le président américain Joe Biden devrait lui aussi participer à la conférence, selon plusieurs sources qui se sont confiées à la NZZ», emboitait CH Media, ajoutant qu'une «confirmation définitive» aurait lieu à «court terme». Des spéculations qui ont été relayées un peu partout et qui font de Joe Biden un homme réellement attendu au Bürgenstock.
Mais impossible, bien sûr, pour Ignazio Cassis et Viola Amherd, de se baser sur de telles approximations pour communiquer. Cela serait indigne de leurs fonctions. Il est en ce sens frappant de voir comment les deux conseillers fédéraux se contorsionnent dès que le sujet est évoqué. «Je ne peux encore rien dire sur la participation de certains invités», a déclaré le Tessinois lors d'une conférence de presse.
De son côté, Viola Amherd s'est, elle aussi, montrée réticente à s'exprimer. Questionnée dans les journaux de Tamedia le 11 avril sur la présence de Joe Biden à la conférence de paix, la Valaisanne a répondu: «Nous allons envoyer les invitations dans les prochains jours. Avant cela, nous ne pouvons pas dire qui se rendra définitivement en Suisse», sans toutefois couper court à la rumeur qui enverrait un président américain au sommet du Bürgenstock. Il faut dire que l'ambiguïté qui entoure la venue du président américain permet un habile jeu de séduction pour attirer d'autres personnalités politiques.
Une atmosphère remplie d'hésitation qui n'a pas échappé à l'ambassadeur américain Scott Miller. Selon les informations de Blick, l'Américain s'est adressé de manière informelle aux collaborateurs du DFAE pour mettre fin aux rumeurs. L'état-major le plus proche du gouvernement américain aurait même demandé à Scott Miller des éclaircissements sur la manière dont ce «Swiss Gossip» a pu prendre de telles proportions. Tout cela a manifestement incité l'émissaire à publier le 10 avril sur la plateforme X une mise au point inhabituellement peu diplomatique: «Le président des États-Unis n'a PAS confirmé sa participation à la conférence sur l'Ukraine. Les rumeurs contraires ne sont que pure spéculation.»
«Le DFAE ne s'est jamais exprimé»
Interrogé sur cette rumeur, un porte-parole du DFAE souligne qu'elle n'a pas été lancée au sein du département: «La rumeur d'une possible participation du président américain Joe Biden a été lancée par des médias, dont Blick, nous glisse-t-il. Nous ne nous sommes jamais exprimé à ce sujet.» L'ambassadeur Scott Miller n'a pas répondu à nos questions concernant son intervention.
Reste que Joe Biden peut encore tout à fait se rendre au Bürgenstock. Il pourrait même se décider la veille au soir. Le président américain est en pleine campagne électorale et discutera avec son équipe de la meilleure stratégie à adopter en fonction de la situation. Si une apparition en Suisse à la mi-juin lui est utile, il viendra. Toujours est-il que, selon les observateurs, la participation du démocrate est bien plus probable que celle de Xi Jinping. Jusqu'à présent, la participation du chef d'État chinois n'a jamais été évoquée, pas même par une rumeur.