Il trône dans chaque jardin, se retrouve dans de nombreux selfies et figure sur une majorité des cartes postales. C’est un symbole incontournable du Tessin: le palmier. Même en cas de sécheresse record, le Trachycarpus fortunei garde la tête haute. Selon un sondage représentatif réalisé en 2021, 80% des Tessinois aiment leur «palma ticinese», aussi nommé «palmier à chanvre», originaire de Chine. Nulle part au monde, cette variété est aussi présente que dans le sud du canton. Mais le bel arbre a aussi ses côtés sombres – et pas seulement à contre-jour sous un soleil de plomb.
Guido Maspoli écarte les éventails de feuilles basses. Le biologiste de l’Office cantonal de la protection de la nature et du paysage marche sur le sentier qui traverse la nouvelle jungle de Tegna (TI). Autrefois, la forêt alluviale au bord de la rivière Maggia était composée de tilleuls, d’aulnes, de frênes et de charmes. «Désormais, les palmiers remplacent les feuillus», explique le spécialiste en montrant du doigt l’épaisse palmeraie qui borde le chemin sablonneux, à l’instar d’un mur de plusieurs mètres de haut.
Des palmiers dangereux
Plus de 5000 mètres carrés de forêt alluviale sont concernés, explique le Tessinois. «La prolifération des palmiers commence là où finissent les jardins.» Les palmiers ont initialement été plantés sur des terrains privés. Si leurs fruits ne sont pas coupés, «les oiseaux en répandent les graines dans la forêt. Les palmiers poussent en rangs serrés, privant le sol de la forêt de la lumière du soleil et les jeunes arbres de l’espace nécessaire à leur croissance», détaille Guido Maspoli.
Mais il ne s’agit pas seulement de sauver la forêt alluviale. Guido Maspoli est tout aussi préoccupé par l’escarpement qui surplombe le chemin de fer Centovallina et la route cantonale à Solduno (TI), où des palmiers ont commencé à pousser. Ils menacent recouvrir la forêt protectrice. «Les palmiers représentent un risque d’incendie. Les flammes dans un bosquet de ce type sont très difficiles à contrôler, poursuit Guido Maspoli. Je ne voudrais pas être à la place des pompiers si la palmeraie brûle!» Le feu pourrait se rapprocher dangereusement des habitations.
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Depuis 40 ans, Alain Zamboni est pompier à Locarno (TI). Le commandant est familier avec les incendies de palmiers. «La plupart du temps, ce sont des palmiers isolés qui partent en fumée. Souvent parce que des gens allument le raphia du tronc avec un briquet, poursuit Guido Maspoli. Le feu se propage rapidement, monte dans la couronne, qui flambe ensuite comme une torche. Il est généralement consumé au bout d’une minute.» Son conseil: «Ne faites pas de barbecue ou de feu à proximité des palmiers, et ayez de l’eau à disposition pour l’extinction.»
Des interventions coûteuses
De grands incendies dans les palmeraies tessinoises n’ont pas encore été enregistrés, souligne Boris Pezzatti de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) à Cadenazzo (TI). «Mais lorsque les palmiers prennent de la hauteur et portent davantage de feuilles sèches le long du tronc, le potentiel d’incendie augmente. Dieu merci, les palmiers poussent lentement.» La solution est simple, selon le spécialiste: «Comme ils n’ont qu’un seul bourgeon, quand le palmier atteint un mètre de hauteur, il peut être scié.»
Depuis deux ans, le naturaliste et son collègue Vincent Fehr travaillent à une étude sur le palmier à chanvre chinois – ou «Palma di Fortune», du nom du botaniste britannique Robert Fortune (1812-1880). Sur une carte, les chercheurs indiquent où la variété de palmier pousse: principalement dans le sud du Tessin et le long des vallées, jusqu’à Faido (TI). Leur nombre est désormais tel que des interventions seraient très coûteuses. «Même à Zurich, on commence à trouver des palmiers sauvages, rapporte Vincent Fehr. Ils peuvent supporter des températures négatives, mais pas un gel permanent.» Des hivers doux dus au changement climatique pourraient favoriser leur croissance.
Le palmier du Tessin reflète l’évolution du tourisme en Suisse. Il est probable qu’il ait été planté à l’origine il y a une centaine d’années dans le jardin botanique des îles Brissago par la baronne Antoinette de Saint Léger (1856-1948), autrefois princesse russe. Dès la fin du XIXe siècle, le botaniste britannique Robert Fortune avait introduit le palmier à chanvre chinois en Europe. Le Trachycarpus fortunei a été nommé en son honneur et est devenu le palmier le plus populaire d’Europe. Le boom des palmiers dans le sud du canton a commencé dans les années 1960, lorsque des personnalités ont découvert le Tessin et y ont installé leur résidence secondaire, ils ont décoré leurs jardins de palmiers. Le palmier à chanvre chinois est originaire du centre et de l’est de la Chine. Outre en Europe, on le retrouve dans l’Himalaya, dans le nord de l’Inde et dans le nord de la Thaïlande. Il a longtemps été utilisé pour fabriquer des nattes, des cordages et des brosses.
Le palmier du Tessin reflète l’évolution du tourisme en Suisse. Il est probable qu’il ait été planté à l’origine il y a une centaine d’années dans le jardin botanique des îles Brissago par la baronne Antoinette de Saint Léger (1856-1948), autrefois princesse russe. Dès la fin du XIXe siècle, le botaniste britannique Robert Fortune avait introduit le palmier à chanvre chinois en Europe. Le Trachycarpus fortunei a été nommé en son honneur et est devenu le palmier le plus populaire d’Europe. Le boom des palmiers dans le sud du canton a commencé dans les années 1960, lorsque des personnalités ont découvert le Tessin et y ont installé leur résidence secondaire, ils ont décoré leurs jardins de palmiers. Le palmier à chanvre chinois est originaire du centre et de l’est de la Chine. Outre en Europe, on le retrouve dans l’Himalaya, dans le nord de l’Inde et dans le nord de la Thaïlande. Il a longtemps été utilisé pour fabriquer des nattes, des cordages et des brosses.
Diego Glaus est un fan de cette plante majestueuse. Dans le parc-jardin de 27’000 mètres carrés de son hôtel à Losone (TI), plus de 400 palmiers parsèment le terrain. Certains d’entre eux ont plus de 100 ans. «Ils donnent à l’Albergo Losone son atmosphère méditerranéenne», raconte l’hôtelier. Lorsque ses parents ont ouvert l’hôtel en 1955, la commune de Losone a offert au couple un «palmier porte-bonheur». «Quatre jardiniers s’occupent de la palmeraie. Ils coupent régulièrement les fruits, précise Diego Glaus. Même s’ils peuvent être envahissants, pour moi, les palmiers sont tout simplement magnifiques.»