Une taskforce pour calmer les violences
La Confédération veut apaiser les tensions au sein de la communauté érythréenne

Un nouveau groupe de travail doit apaiser les tensions au sein de la communauté érythréenne en Suisse. Les autorités misent sur le dialogue, mais aussi sur la répression.
Publié: 23.06.2024 à 10:18 heures
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Dernière mise à jour: 23.06.2024 à 11:12 heures
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Les partisans du dirigeant érythréen Isaias Afwerki organisent des fêtes en son honneur.
Photo: Getty Images
Fabian Eberhard

La Place fédérale était habillée aux couleurs de l'Erythrée samedi: plus d'un millier d'opposants au régime de ce pays d'Afrique de l'Est ont manifesté hier à Berne. «Stop au dictateur!» ont scandé les militants du mouvement «Blue Revolution» et ont demandé à la Suisse d'interdire les manifestations de propagande des partisans de la dictature de la Corne de l'Afrique.

La police a protégé le défilé par un important déploiement de forces. La rigueur est en effet de mise, la communauté érythréenne est en ébullition.

Récemment, des groupes politiques ennemis se sont affrontés à plusieurs reprises, la dernière fois à Gerlafingen (SO) où, en avril dernier, environ 200 opposants au régime ont attaqué une fête organisée par des partisans du dirigeant érythréen Isaias Afwerki. La police a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes, faisant des blessés de tous les côtés.

Viola Amherd travaille en coulisses

En coulisses, les autorités travaillent d'arrache-pied pour désamorcer la situation. La présidente de la Confédération Viola Amherd et le ministre de l'asile Beat Jans sont notamment impliqués.

La Confédération a mis en place un groupe de travail dans le but d'éviter de nouveaux débordements. Le «groupe d'accompagnement stratégique Erythrée», le nom donné par les autorités à la nouvelle taskforce, doit coordonner les mesures «visant à préserver la sécurité publique».

Le groupe de travail est rattaché au Réseau national de sécurité (RNS), qui réunit des représentants de la Confédération, des cantons et des communes. La taskforce est dirigée par Martin von Muralt, délégué de l'ASPO qui confirme: «Les travaux sont en cours.» Le groupe se réunira pour la première fois en juillet – avec la participation de tous les acteurs étatiques.

Un mélange de prévention et de répression

Selon Martin von Muralt, il existe déjà un catalogue de mesures, qui est complété en permanence, mais qui reste confidentiel pour des «raisons stratégiques». Selon les bruits de couloir, il s'agirait d'un mélange de prévention et de répression.

«Les autorités de la Confédération et des cantons travaillent en étroite collaboration pour prévenir la violence et demander des comptes aux délinquants», souligne Martin von Muralt. La liberté de réunion doit toutefois rester garantie.

Une diaspora profondément divisée

La diaspora érythréenne est profondément divisée. Des émeutes éclatent régulièrement dans le monde entier entre les supporters du gouvernement et ses opposants. Les violences ont souvent lieu autour des festivals dits de l'indépendance organisés par les partisans du régime dictatorial. Les opposants qui ont fui à l'étranger considèrent ces festivals comme un affront. Nombre d'entre eux se sentent également persécutés et espionnés en Europe.

«L'Erythrée est l'un des thèmes qui me pose le plus de problèmes», déclare Christine Schraner Burgener, directrice du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), dans une interview accordée à Blick. «Nous avons clairement dit aux deux groupes rivaux que nous ne tolérions pas de conflits violents sur le sol suisse.» Elle l'aurait également «clairement fait savoir» à l'ambassadeur érythréen.

Que faire pour prévenir ces violences?

Que peuvent faire les autorités en plus de ces déclarations? Il serait possible de refuser ou de retirer le statut de réfugié aux Erythréens violents. La loi sur l'asile le permet, par exemple lorsque la sécurité intérieure ou extérieure de la Suisse est menacée. La Confédération envisage effectivement cette option. Mais comme l'Erythrée refuse de coopérer avec la Suisse, les personnes concernées ne peuvent guère être renvoyées, même dans ce cas.

Berne veut donc aussi miser sur le dialogue, comme le montrent des documents internes. Le réseau de sécurité aspire à une table ronde avec des représentants des groupes rivaux d'Erythréens. Rien n'est encore prêt à ce sujet, tempère Martin von Muralt, mais il confirme: «L'implication appropriée des groupements érythréens fait partie du mandat du groupe d'accompagnement stratégique.»

Les membres de la diaspora érythréenne réagissent avec scepticisme à ces idées. Si un leader des opposants au régime s'est certes montré prêt en principe à dialoguer, il estime que les chances de résoudre le conflit par une table ronde sont infinitésimales: «Ce n'est tout simplement pas réaliste», déclare-t-il à Blick. Il estime que les autorités doivent d'abord agir de manière conséquente contre les propagandistes du régime et interdire leurs manifestations.

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