Le 24 mai 1991, l'actuel président de l'Érythrée, Isaias Afewerki, est entré dans la capitale Asmara à la tête d'une armée de guérilla. Il a obtenu l'indépendance du pays vis-à-vis de l'Éthiopie – et a instauré une dictature. Depuis, cette date est considérée comme un jour férié par ses partisans.
C'est justement la fête nationale érythréenne qui inquiète désormais les autorités suisses. Comme l'a rapporté l'«Aargauer Zeitung», celles-ci craignent des affrontements violents entre les Erythréens du pays.
Il y a trois semaines seulement, des partisans du dirigeant érythréen et un groupe d'opposants critiques à l'égard du régime se sont affrontés à Gerlafingen (SO). Une semaine auparavant, c'est à Genève que des manifestants anti-régime ont fait face à la police. Selon la police cantonale soleuroise, les opposants au régime qui avaient fait le déplacement étaient en partie armés de pierres, de barres de fer et de bâtons. Des scènes de violence ont eu lieu sur place. La police a tenté de séparer les camps à l'aide de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de balles en caoutchouc.
«Contactez la police»
Dans une lettre de la Conférence cantonale des directrices et directeurs des départements de justice et police (CCDJP), celle-ci met désormais en garde contre le fait que des événements similaires pourraient se reproduire dans les villes et communes suisses à l'occasion de ce jour férié. «Si vous avez connaissance, sur le territoire de votre commune, d'activités prévues dans des locaux loués ou de manifestations ou fêtes planifiées, nous vous recommandons de prendre contact avec les autorités de police compétentes.»
On ne sait pas dans quelle mesure et où de telles festivités sont déjà prévues. Mais selon l'«Aargauer Zeitung», des appels circulent déjà sur Tiktok. On peut y lire: «Le 24 mai, nous fêterons l'Erythrée en Suisse et vous ne pourrez pas nous arrêter».
Samson Yemane, d'origine érythréenne et conseiller communal lausannois, avait expliqué l'origine de ces rixes au micro de Blick. Il demandait l'interdiction de telles manifestations de soutien au régime, et déplorait l'inaction de la Suisse et la reprise du problème par certains partis politiques: «Ces rixes sont instrumentalisées par la droite qui met toute la communauté érythréenne dans le même sac.»
Des retraits du permis de séjour en vue?
Après plusieurs bagarres entre Erythréens en Suisse, le conseiller d'Etat zurichois Mario Fehr (sans parti) a exigé des conséquences: «Il n'y a aucune raison pour que les Erythréens fidèles au régime continuent à bénéficier d'un statut de protection en Suisse», a-t-il déclaré.
La Confédération a ensuite annoncé qu'elle examinerait s'il existe des possibilités de retirer le droit de séjour des Erythréens violents.