La foule, la musique, les potes, l’alcool, la sueur, les stroboscopes… puis une douleur vive à l’épaule. Une sensation aussi brève que désagréable. Sophie* ne s’inquiète pas tout de suite. Peut-être que son corps lui indique simplement qu’il est bientôt l’heure de rentrer à la maison. Nous sommes le dimanche 22 mai, au D! Club, à Lausanne. Il est près de 2h du matin.
L’étudiante en biologie à l’EPFL fait comme si de rien n’était. Elle veut profiter de sa nuit coûte que coûte. C’est la première fois qu’elle met les pieds dans une boîte de nuit depuis qu’elle est arrivée dans la région. Après des mois et des mois de pandémie, de fêtes annulées ou restreintes, pas question de quitter la piste de danse avant l’aube.
Mais, d’un coup, une fatigue extrême la terrasse. «Je suis allée aux toilettes avec une amie et je lui ai décrit la douleur que j’avais ressentie plus tôt, glisse-t-elle à Blick. Elle a regardé à l’arrière de mon bras et a remarqué qu’une goutte de sang perlait pile à l’endroit que je lui indiquais.»
Piquée par un inconnu?
À deux pas du célèbre Rolex Learning Center, son copain enchaîne: «J'étais aussi présent à cette soirée. Comme nous avions entendu parler de plusieurs cas de suspicion de piqûres lors de fêtes (ndlr: lire l'encadré ci-dessous), nous avons interpellé un agent de sécurité. Il nous a directement pris à part et a appelé son responsable. Ce dernier s’est plongé dans les images de vidéosurveillance tandis qu’on nous orientait vers les secouristes du Flon et du D! Club. Tous étaient bienveillants et visiblement renseignés. Ça nous a rassurés.»
Ces derniers week-ends, les services d’urgences du canton de Vaud ont accueilli des personnes qui présentaient des lésions ressemblant des piqûres d'aiguille. Celles-ci décrivaient généralement des symptômes aspécifiques, tels que malaise, chaleur, fatigue ou vertiges, voire aucun symptôme.
Mais, pour la dizaine de cas annoncés au cours des trois derniers mois, «il convient de relever que les analyses toxicologiques réalisées n’ont pas permis, à ce jour, de relever aucune trace de substance particulière injectée», annoncent les autorités dans un communiqué publié ce lundi 27 juin.
Cependant les piqûres au moyen d’une seringue ou de tout autre objet pointu, non stérile, peuvent être source d’infection, ou plus. Il est donc recommandé aux personnes qui ressentent une sensation de malaise, ou qui pensent avoir été piquées, de se rendre dans un service d’urgence ou dans une permanence.
De plus, un service médico-sanitaire de proximité sera organisé dans les festivals réunissant plusieurs milliers de personnes. La police cantonale recommande également de déposer une plainte pénale. Toute personne suspectée de s’adonner à ces agissements peut, en fonction des faits établis, faire l’objet d’une procédure judiciaire.
«Geste difficile à réaliser»
«Une injection par seringue demande de la dextérité et du temps, ce qui rend le geste difficile à réaliser dans une foule, complète le CHUV. En particulier pour injecter une quantité suffisante de drogue, quelle qu’elle soit, pour impacter la santé. Il nous paraît dès lors peu plausible que des substances puissent être injectées par cette voie sans que la personne ne s’en rende compte immédiatement.»
Contacté par Blick, Thierry Wegmüller, patron du D! Club à Lausanne et président de l’association La Belle Nuit, explique qu’il a personnellement insisté, lors de différentes séances réunissant partenaires et autorités, sur l’importance de la fouille des noctambules à l’entrée des établissements. «Nous ne pouvons toutefois pas aller plus loin que ce que la loi nous autorise à faire et ne pouvons donc pas pratiquer les types de fouille le plus poussés, commente-t-il. Il est important de rappeler les bonnes pratiques en cas de suspicion de piqûre: aller consulter rapidement puis déposer une plainte.»
Ces derniers week-ends, les services d’urgences du canton de Vaud ont accueilli des personnes qui présentaient des lésions ressemblant des piqûres d'aiguille. Celles-ci décrivaient généralement des symptômes aspécifiques, tels que malaise, chaleur, fatigue ou vertiges, voire aucun symptôme.
Mais, pour la dizaine de cas annoncés au cours des trois derniers mois, «il convient de relever que les analyses toxicologiques réalisées n’ont pas permis, à ce jour, de relever aucune trace de substance particulière injectée», annoncent les autorités dans un communiqué publié ce lundi 27 juin.
Cependant les piqûres au moyen d’une seringue ou de tout autre objet pointu, non stérile, peuvent être source d’infection, ou plus. Il est donc recommandé aux personnes qui ressentent une sensation de malaise, ou qui pensent avoir été piquées, de se rendre dans un service d’urgence ou dans une permanence.
De plus, un service médico-sanitaire de proximité sera organisé dans les festivals réunissant plusieurs milliers de personnes. La police cantonale recommande également de déposer une plainte pénale. Toute personne suspectée de s’adonner à ces agissements peut, en fonction des faits établis, faire l’objet d’une procédure judiciaire.
«Geste difficile à réaliser»
«Une injection par seringue demande de la dextérité et du temps, ce qui rend le geste difficile à réaliser dans une foule, complète le CHUV. En particulier pour injecter une quantité suffisante de drogue, quelle qu’elle soit, pour impacter la santé. Il nous paraît dès lors peu plausible que des substances puissent être injectées par cette voie sans que la personne ne s’en rende compte immédiatement.»
Contacté par Blick, Thierry Wegmüller, patron du D! Club à Lausanne et président de l’association La Belle Nuit, explique qu’il a personnellement insisté, lors de différentes séances réunissant partenaires et autorités, sur l’importance de la fouille des noctambules à l’entrée des établissements. «Nous ne pouvons toutefois pas aller plus loin que ce que la loi nous autorise à faire et ne pouvons donc pas pratiquer les types de fouille le plus poussés, commente-t-il. Il est important de rappeler les bonnes pratiques en cas de suspicion de piqûre: aller consulter rapidement puis déposer une plainte.»
Sophie hoche la tête: «Dès l’entrée de la boîte, on voit qu’ils sont très sérieux avec les fouilles. Ce n’est pas le cas partout! Mais, malgré ces précautions, si quelqu’un veut faire entrer une aiguille ou une seringue, il y parviendra toujours.»
Avec des conséquences potentiellement graves. L’étudiante raconte qu’une fois dans les mains des samaritains, elle n’arrivait plus à se maintenir en position assise: «Comme mes constantes étaient stables et qu’il n’y avait qu’une ambulance sur place en cas d’urgence, ils nous ont dit de nous rendre aux urgences par nos propres moyens. Ce que nous avons fait.»
Le CHUV conteste certains éléments
Son compagnon commande un Uber. Après l’étape de la réception à la rue du Bugnon, commencent «trois longues heures d’attente». «On m’a pris un échantillon d’urine et deux de sang. On m’a dit que si je voulais les faire analyser pour trouver des éventuelles traces de drogue, cela se ferait à mes frais et qu’il y en aurait pour 500 à 800 francs puisque je n’avais apparemment plus de symptômes — près de 5h s'étaient écoulés depuis mon départ du D! Club.» Un peu ébranlée, elle marque une courte pause: «Je n’ai pas cette somme. Mais mon échantillon de sang a été conservé, si jamais.»
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Confronté à cette assertion, le CHUV — qui confirme que l’activité des urgences était particulièrement importante ce soir-là — dément. «Exprimée ainsi, cette affirmation est en effet incorrecte. Des prélèvements peuvent être effectués dans trois cas de figure, avec à chaque fois un mode de facturation un peu différent:
- Prélèvement à la demande de la justice (enquête pénale par exemple): frais à la charge de la justice (et/ou du coupable si l’enquête devait mener à une condamnation).
- Prélèvement réalisé à la demande de la patiente, sans consultation médicale: frais à la charge de la patiente.
- Prélèvement réalisé dans le cadre d’une consultation médicale: frais à la charge de l’assurance LAMal, sous réserve de la franchise et de la quote-part de 10% comme pour toute consultation.
Dans le cas présent, le prélèvement intervenait dans la troisième catégorie et une facture pour la prise en charge aux urgences a probablement été émise, comprenant la consultation en urgence, les prélèvements, ainsi que l’avis auprès de l’infectiologue de garde pour la trithérapie.»
Une trithérapie d'urgence douloureuse
Sophie n’en démord pas et maintient sa version. Elle assure que le deuxième médecin qui l’a auscultée au petit matin était «beaucoup plus investi». «Le précédent ne m’avait pas parlé de traitement préventif, malgré le fait que ma lésion était compatible avec une trace de piqûre faite par un objet potentiellement contaminé. Le second, oui. Quelques heures plus tard, je commençais une trithérapie d’urgence. Soit trois pilules à avaler par jour pendant un mois. Aujourd'hui, j’ai terminé le traitement et je saurai dans environ cinq semaines si j’ai été infectée par le VIH ou autre chose.»
La biologiste en formation décrit un traitement lourd, aux effets secondaires conséquents: «J’étais constamment épuisée, avec de gros maux de tête. Je me trouvais à quelques semaines de mes examens et je n’arrivais pas à réviser plus de six heures par jour, contre neuf heures en temps normal. Heureusement, grâce à un rapport médical de mon médecin traitant, j’ai pu bénéficier d’une majoration du temps accordé lors de mes épreuves.»
Aujourd’hui, Sophie, qui a déposé une plainte, se focalise sur ses derniers examens: «On m’a parlé du centre de consultation LAVI, mais je me poserai des questions sur ce que je ressens plus tard… Ce n’est pas ma priorité maintenant.»
*Prénom d’emprunt. Comme l’étudiante ne sait pas encore si elle a été infectée par une maladie ou non, elle ne souhaite pas communiquer sa vraie identité «pour éviter toute discrimination».