Sur les dancefloors, tout le monde en a déjà eu peur. Et si un agresseur mettait du GHB — acide gamma-hydroxybutyrique de son nom complet, rappelle l’Office fédéral de la santé publique — dans mon verre pour abuser de moi ou me dépouiller? La «drogue du violeur» fait régulièrement la Une des médias. Comme cette semaine: après que des rumeurs sur les réseaux sociaux faisaient état de dizaines de femmes droguées à leur insu par injection au cours d’une même soirée à Lausanne, la police a lancé un appel à témoignages. Contactées ce vendredi, les forces de l’ordre vaudoises confient — sans faire de lien avec les événements ni commenter davantage — avoir reçu trois annonces de potentielles victimes, dont une a débouché sur une plainte.
Bref, tout le monde a déjà entendu ces trois lettres. Peu d’entre nous connaissent vraiment le produit; ses effets, ses dangers, son origine, ses utilisations. Grand spécialiste, Marc Augsburger, responsable de l’Unité de toxicologie et chimie forensiques du Centre universitaire romand de médecine légale, nous aide à y voir plus clair. La police, de son côté, rappelle les bons réflexes à adopter (lire encadré en fin d’article).
1. Comment savoir si j’ai été droguée à mon insu au GHB?
«Il est très difficile de s’en rendre compte, surtout si cela se produit dans un cadre festif. D’abord parce que les effets du GHB sont très proches de ceux de l’alcool. Dans un premier temps, la substance a un effet euphorisant, désinhibant, la parole est facilitée. Ensuite, selon le dosage choisi par l’agresseur, la victime va entrer dans un trou noir sans s’en rendre compte. Elle ne se souviendra de rien.
Après l’euphorie, la victime ressemble à une personne qui a trop bu. Elle est en état de relaxation, de somnolence, puis aura tendance à s’endormir. C’est le but recherché par l’agresseur: pour obtenir des faveurs sexuelles, il ne veut pas être face à une personne complètement évanouie, mais plutôt à un pantin incapable de résistance. En somme, les effets sont assimilables à ceux de l’alcool, et c’est bien là le problème: si les symptômes étaient très différents, il serait plus facile de remarquer que l'on a été droguée à son insu par cette substance. Ce sont surtout les personnes autour qui pourraient s’en rendre compte.»
2. Combien de temps durent les effets?
«Les premiers effets apparaissent après quinze à trente minutes, selon la dose. La phase de black-out peut durer entre deux et quatre heures. Dans le sang, il est repérable pendant quatre à six heures, dans l’urine jusqu’à douze heures après l’ingestion.»
3. Pourrais-je en mourir?
«Si la dose est vraiment massive, l’ingestion de GHB peut entraîner le coma, voire la mort. Mais les cas de décès répertoriés dans la littérature scientifique sont dus à une consommation récréative, consommation la plus courante de ce produit. Ce n’est pas l’effet recherché par un violeur, qui ne veut pas rendre sa victime complètement inerte.»
4. Avant de devenir «la drogue du violeur», c’était quoi?
«La substance a été synthétisée pour la première fois dans les années 60 comme sédatif. Ce sont les bodybuilders qui ont commencé à en consommer illégalement dans les années 80. Selon une croyance en vogue dans le milieu mais jamais prouvée scientifiquement, le GHB serait un stimulateur de l’hormone de croissance.
Dans les années 90, cette «ecstasy liquide» a fait son entrée dans le milieu festif à des fins récréatives. Comme il y a eu des cas d’agression liés au produit, on l’a surnommé «drogue du violeur». En réalité, la première drogue de «soumission chimique», largement plus répandue et disponible, est l’alcool. Viennent ensuite les benzodiazépines hypnosédatives, comme le Dormicum. Le GHB suit. Mais aujourd’hui encore, il est surtout consommé à des fins récréatives, et parfois indiqué dans le traitement de la narcolepsie.»
5. Le GHB est largement répandu. Pourquoi?
«Première remarque: le GHB est une molécule produite naturellement par le corps humain en très petites quantités. Lorsque l'on fait un test de dépistage, ce n'est pas sa présence dans le sang que l'on recherche, mais une concentration anormalement élevée. Mais, pour répondre à votre question, à l’origine, le GHB est notamment synthétisé à partir du GBL, un solvant industriel.
Le GBL est encore largement répandu et très utilisé pour les nettoyages professionnels. Certaines personnes consomment le GBL directement. Et il n’y a pas besoin d’avoir fait 20 ans de chimie pour le transformer en GHB. Il est aussi là, le problème.»
Les polices lausannoises et vaudoises insistent: «Nous invitons tout un chacun à signaler immédiatement toute situation problématique ou suspecte auprès de l’établissement et/ou de la police, ceci qu’il s’agisse de victime ou de témoin», écrivent-elles dans un courrier électronique adressé à Blick ce vendredi.
Qu’importe le moment où l’on pense avoir ingéré du GHB contre son gré, il faut en avertir les forces de l’ordre en appelant le 117, soulignent-elles. «Il est possible de s’annoncer auprès de l’Unité de médecine des violences (UMV). Les personnes seront écoutées et des conseils de comportement adaptés seront délivrés en vue d’une prise en charge.»
Ne pas laver ses habits
Dans «Le Temps», Christophe Dubrit, chef de service du centre de prise en charge LAVI du canton de Vaud, conseille en outre de se rendre aux urgences sitôt que l'on reprend ses esprits. Il faut également éviter de prendre une douche ou de laver ses vêtements pour ne pas altérer d'éventuelles preuves.
Les polices conseillent en outre aux noctambules de «toujours garder leur verre sous surveillance et d’utiliser les moyens de protection tels que les «cup condom» (sorte de couvercle à placer sur son verre, ndlr.)». Ne pas accepter de consommation déjà ouverte devrait aussi faire partie des règles à respecter. Sans oublier: lors d’une sortie de groupe, toujours veiller les uns sur les autres.
Les polices lausannoises et vaudoises insistent: «Nous invitons tout un chacun à signaler immédiatement toute situation problématique ou suspecte auprès de l’établissement et/ou de la police, ceci qu’il s’agisse de victime ou de témoin», écrivent-elles dans un courrier électronique adressé à Blick ce vendredi.
Qu’importe le moment où l’on pense avoir ingéré du GHB contre son gré, il faut en avertir les forces de l’ordre en appelant le 117, soulignent-elles. «Il est possible de s’annoncer auprès de l’Unité de médecine des violences (UMV). Les personnes seront écoutées et des conseils de comportement adaptés seront délivrés en vue d’une prise en charge.»
Ne pas laver ses habits
Dans «Le Temps», Christophe Dubrit, chef de service du centre de prise en charge LAVI du canton de Vaud, conseille en outre de se rendre aux urgences sitôt que l'on reprend ses esprits. Il faut également éviter de prendre une douche ou de laver ses vêtements pour ne pas altérer d'éventuelles preuves.
Les polices conseillent en outre aux noctambules de «toujours garder leur verre sous surveillance et d’utiliser les moyens de protection tels que les «cup condom» (sorte de couvercle à placer sur son verre, ndlr.)». Ne pas accepter de consommation déjà ouverte devrait aussi faire partie des règles à respecter. Sans oublier: lors d’une sortie de groupe, toujours veiller les uns sur les autres.