Dans une semaine, le sort de la loi Covid sera scellé pour de bon. Alors que le débat devient de plus en plus haineux, certains politiciens publiquement en faveur du projet sont confrontés à des menaces, parfois même personnelles. Cela les inquiète.
«Des conseillers d'Etat, et certaines personnalités politiques, ne veulent plus prendre le risque de prendre la parole en public, pour se protéger et protéger leur famille», regrette le coprésident du PS Cédric Wermuth. Il parle de la «campagne de votations la plus crue» de sa carrière. «Et j'en ai quand même vues des choses. Les campagnes n'étaient pas toujours des sans faute.» Dès le printemps, lorsque la loi a été soumise pour la première fois aux urnes, il a reçu des menaces contre lui et sa famille, confie-t-il. Elles ont atteint un niveau qui a nécessité des mesures de protection spéciales.
Cédric Wermuth n'est pas une exception. Une politicienne locale du PS de Suisse orientale a été interceptée et menacée devant sa propre porte après une manifestation de coronasceptiques.
«J'ai reçu des menaces de mort simplement parce que j'ai donné les chiffres officiels de l'hôpital», révélait quant à lui le conseiller d'Etat valaisan Mathias Reynard à la RTS. Le politicien socialiste part du principe que des attaques ciblées sur les réseaux sociaux visent à intimider les partisans et à les faire taire.
Un soupçon de trumpisme?
Dans le brassage de fake news, d'insultes et de menaces auquel les personnalités politiques doivent faire face, Cédric Wermuth croit reconnaître un soupçon de ce que l'on connaît aux Etats-Unis sous le nom de trumpisme. «Bien sûr qu'on a le droit d'être critique dans une démocratie - même envers les mesures du Conseil fédéral, tempère-t-il. Mais quelque chose de différent est en train de se déclencher chez nous. Quelque chose que nous ne pourrons bientôt plus maîtriser si nous n'y répondons pas par un signal clair en tant que société.»
Mathias Reynard semble en partie partager ce constat. Il a déposé plainte après les menaces qu'il a reçues. «Il le faut. C’est quelque chose de beaucoup trop grave, on ne peut pas banaliser de telles menaces», a-t-il expliqué au micro de la RTS. Ce climat haineux pourrait nuire au débat démocratique, déplore-t-il. «Après de telles menaces, le risque est de ne plus oser parler. C’est donc une attaque contre la démocratie. On n'est vraiment pas habitués à ça en Suisse.»
(Adaptation par Lauriane Pipoz)