«Un trou dans la caisse»
Sous le poids des dettes, les restaurateurs ont le Covid long…

Le secteur de la restauration, en particulier, gémit sous le poids des crédits Covid. Andy Gröbli, restaurateur, explique pourquoi les établissements ont tant de mal à rembourser les crédits accordés.
Publié: 20.04.2024 à 06:33 heures
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Dernière mise à jour: 20.04.2024 à 09:07 heures
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Andy Gröbli a du mal à rembourser le crédit Covid.
Photo: Zvg
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Christian Kolbe

Lorsque la pandémie a commencé, on a tous été pris de panique. De nombreuses entreprises ont vu leurs recettes s'effondrer du jour au lendemain, mais les charges, elles, n'ont pas disparu. Une aide rapide était nécessaire et les crédits Covid de la Confédération sont arrivés au bon moment. Au début de l'été 2020, il a été possible de se procurer jusqu'à 500'000 francs en quelques minutes et sans démarches bureaucratiques auprès de sa banque habituelle. Initialement sans intérêt, l'aide de la Confédération coûte pourtant 1,5% d'intérêt depuis le changement des taux directeurs.

Les crédits Covid sont remboursables dans un délai de huit ans. Cela semble long, mais quatre ans se sont déjà écoulés et seule la moitié de tous les crédits a été remboursée, comme l'a calculé Blick. 7,4 milliards de francs sur les 17 milliards initiaux sont encore dus. Cela montre que ce sont surtout les petites entreprises qui ont du mal à rembourser les crédits.

Certaines ont eu de la chance

Le taux de remboursement est particulièrement bas dans la restauration, qui a utilisé environ un dixième du volume total des crédits. Seul un bon tiers des crédits accordés a été intégralement remboursé. Et probablement par ceux qui n'ont obtenu les crédits qu'à titre de garantie.

C'est le cas de l'entrepreneur de la restauration zurichoise Michel Péclard: «Nous avons remboursé les crédits au bout de deux mois seulement.» Il a eu de la chance. Il exploite au bord du lac de Zurich quelques restaurants avec un grand espace extérieur. «Comme les clients ne pouvaient pas se rendre à l'étranger, ils sont venus chez nous. Pendant la pandémie, l'alternative au week-end à Ibiza était un dîner au bord du lac», explique-t-il.

D'autres ont eu moins de chance. Comme Andy Gröbli, qui codirige trois bistrots dans l'Oberland zurichois. Au Pirates, à Hinwil, il avait d'ailleurs proposé des tests Covid pour attirer davantage de clients.

Le monde de la restauration a changé

«De nombreux restaurateurs ont aujourd'hui un trou dans leur caisse», explique Andy Gröbli. L'entrepreneur dans la restauration ne veut surtout pas se plaindre! Il comprend parfaitement les mesures prises par la Confédération. «L'État voulait faire au mieux, mais beaucoup de choses se sont faites contre la branche de la restauration.»

La pandémie a changé le secteur. «Depuis le Covid-19, la situation concurrentielle est totalement différente», explique Andy Gröbli. Chaque station-service a aujourd'hui un concept alimentaire et les services de commande en ligne ont persisté.

Le Porter House à Uster a été particulièrement touché. Un pub avec un grill. «Ici, les affaires marchent surtout en hiver. Les deux confindements nous ont touchés.» Surtout le deuxième en décembre 2020: «Nous avions déjà tout préparé pour la soirée. Nous avons dû jeter toute la nourriture.»

Des coûts non couverts

Le problème? «La Confédération a calculé des fonds pour cas de rigueur uniquement pour le confinement, mais pas pour toutes les mesures supplémentaires que les restaurateurs ont dû mettre en œuvre par la suite», déclare Andy Gröbli. Il s'agissait par exemple de cloisons en plexiglas, de récipients de désinfection, d'heures d'ouverture limitées, de contrôles de certificats ou de règles de distance limitant la capacité des établissements. «Rien que pour l'hôtellerie et la restauration, il y avait 17 ordonnances supplémentaires, précise-t-il. Le manque de soutien a creusé un déficit de 280'000 francs dans la caisse.»

Même le crédit Covid n'a pas pu le compenser. «Pour le Porter House, nous avons perçu 235'000 francs. Sur cette somme, nous avons pu rembourser 67'000 francs jusqu'à présent. De plus, maintenant nous sommes irrités de devoir payer des intérêts», déclare le restaurateur. Il fait le calcul suivant: «Dans le cadre d'un fonctionnement normal des affaires, nous devrions gérer l'entreprise pendant environ six ans pour combler le trou et pouvoir rembourser le crédit.»

Une question d'inflation selon Gastrosuisse

«Mon souhait c'est que nous puissions expliquer une nouvelle fois pourquoi nous avons du mal à rembourser les crédits» explique Andy Gröbli.

L'association professionnelle Gastrosuisse a encore un souhait supplémentaire: que la Confédération abaisse les intérêts sur les crédits Covid. Interrogée, Gastrosuisse écrit: «L'hôtellerie-restauration, dont les marges sont comparativement modérées, ressent fortement l'inflation et ne peut répercuter que partiellement les hausses de prix. La branche est en conséquence doublement pénalisée.»

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