Des forêts aussi sèches que l’amadou. Des rivières et des ruisseaux de plus en plus réduits à l’état de maigres ruisselets. Le changement de temps apporte-t-il enfin la délivrance tant attendue?
Dans l’Ouest et le Sud, des quantités de précipitations de 50 à 70 millimètres sont attendues jusqu’à samedi soir, nettement moins à la périphérie nord de la Suisse. Mais cela ne compensera pas le déficit pluviométrique des dernières semaines, comme l’explique MeteoNews sur son blog. Il faudra également plusieurs semaines «mouillées» pour que l’humidité du sol et les débits reviennent à la normale dans la plupart des bassins-versants et des cours d’eau suisses, selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). La semaine prochaine, une zone de haute pression se met déjà en place, ce qui assurera des journées calmes et estivales. La courbe des températures sera donc à nouveau à la hausse – il fera entre 28 et 30 degrés.
Le risque d’incendie de forêt est-il écarté?
La situation peut varier considérablement d’une région à l’autre. «Localement, même un fort orage suffit à écarter pour un temps le risque d’incendie de forêt», indique Massimiliano Zappa, hydrologue à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Ce n’est pas tout le sol qui doit être humidifié, mais principalement la végétation sous les arbres et les cinq à dix premiers centimètres en surface. Or, les orages se produisent généralement dans un espace et sur une trajectoire limités. «Une pluie de 20 à 40 millimètres sur une grande surface pourrait déjà contribuer à atténuer le risque d’incendie de forêt», continue le spécialiste. Selon les prévisions, cela devrait être le cas dans certaines régions de Suisse d’ici ce week-end.
Les bateaux pourront-ils bientôt circuler à nouveau normalement sur le Rhin?
Un retour à la normale du trafic sur le Rhin se fait encore attendre. «Le Rhin est un grand fleuve avec un grand bassin-versant, explique Massimiliano Zappa. Cela signifie qu’il doit non seulement pleuvoir beaucoup, mais aussi, et surtout sur une grande surface dans tout le bassin-versant, des Alpes à Coblence.» L’hydrologue estime que «50 à 100 millimètres répartis sur une semaine pourraient suffire pour revenir à un niveau où les conditions de navigation sont agréables». Cela suppose que des phases sèches et pluvieuses s’enchaînent vers l’automne. Car pour débloquer durablement la situation, il faudrait des précipitations nettement plus importantes sur une période plus longue, selon le spécialiste.
Quand les poissons iront-ils mieux?
Un seul orage ne suffit pas pour améliorer la situation pour les poissons. Une grande partie des précipitations s’infiltre dans les graviers des lits de rivière asséchés. «Il faut qu’il pleuve durablement et en douceur pendant plusieurs jours, explique l’hydrologue. Entre 50 et 100 millimètres de pluie en trois ou quatre jours peuvent apporter une première amélioration.» Pour une détente durable, il faudrait plus de 150 millimètres en deux à trois semaines.
Quand les prairies redeviendront-elles vertes?
Pour les prairies, 30 à 50 millimètres de pluie ne suffisent pas, explique Massimiliano Zappa. «En été 2018, la prairie chez moi a bruni et est restée brune jusqu’au printemps suivant.» Cela ne devrait pas non plus atténuer le manque de fourrage dans de nombreuses exploitations agricoles suisses. «Il faut des pluies régulières dans les semaines et les mois à venir pour que les prairies puissent se rétablir lentement, explique l’hydrologue. Si tout arrive en même temps, le sol ne peut pas tout absorber.» Selon lui, le sol est tellement sec qu’il a désappris à absorber l’eau.
Après la sécheresse, les inondations?
Mercredi soir, des rues et des caves ont été inondées à Bâle. «Des inondations locales sont possibles en cas d’orages isolés, explique l’hydrologue. Mais il faut beaucoup de pluie pour qu’il y ait des inondations à grande échelle.» Des glissements de terrain ne peuvent pas non plus être totalement exclus. Mais ceux-ci se produisent le plus souvent lorsque les sols sont saturés par des pluies prolongées.