Un seul fournisseur volontaire pour ce projet coûteux
Les entreprises d'armement ne veulent pas livrer de défense aérienne à la Suisse

La Suisse a besoin d'une nouvelle défense contre les drones. Mais un seul fabricant d'armes veut bien livrer la nation. Les politiques s'inquiètent d'un certain manque de concurrence.
Publié: 12.07.2024 à 15:17 heures
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Dernière mise à jour: 12.07.2024 à 15:28 heures
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Un seul fabricant d'armes veut bien fournir à la Suisse une nouvelle défense antiaérienne. Sur la photo, le système Iris-T.
Photo: imago/Schöning
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Céline Zahno

La défense aérienne suisse a des lacunes. Si notre pays venait à être attaqué demain, notre défense aérienne ne tiendrait que pendant un mois, avait averti le chef de l'armée Thomas Süssli après le début de la guerre en Ukraine.

L'achat de l'avion de combat américain F-35 et du nouveau système de défense aérienne Patriot doit permettre de renforcer la défense aérienne. Mais pour combler les lacunes de défense aérienne à moyenne portée, l'Office fédéral de l'armement, Armasuisse, a demandé fin avril à trois fabricants de lui soumettre des offres pour un système de défense aérienne. 

Celui-ci permettrait de se protéger d'attaques de drones et d'autres missiles jusqu'à une distance de 40 kilomètres. Pour s'offrir cet accoutrement, le Conseil des Etats a spécialement complété le message sur l'armée.

Un seul fournisseur volontaire

Toutefois, un seul fabricant serait prêt à acquérir ce type d'armes pour la Suisse, rapporte le «Tages-Anzeiger». L'entreprise norvégienne Kongsberg et le groupe d'armement européen MBDA ont refusé de faire une offre. Il ne reste plus que l'entreprise allemande Diehl Defence qui répond à l'appel.

Cette situation ne s'était encore jamais produite dans l'histoire de l'acquisition d'armement en Suisse. Et elle intervient justement pour un projet relativement coûteux: jusqu'à 660 millions de francs sont prévus.

Un UDC demande une prolongation du délai

La raison de l'absence d'offre des fabricants est due aux «conditions de temps», écrit Armasuisse à la demande du «Tages-Anzeiger». Le délai de soumission imposé par la Suisse est en effet particulièrement court. Les nombreuses commandes empêchent de donner des indications fiables sur le prix et la livraison, explique-t-on dans la branche.

De son côté, Armasuisse justifie ce délai serré par le fait qu'il est essentiel de combler le plus rapidement possible la lacune dans le système de défense de l'armée suisse.

Le politicien UDC Mauro Tuena s'inquiète d'un manque de concurrence et demande que le délai soit prolongé de trois mois. En effet, si Diehl Defence ne remplit pas les exigences en matière de prix et de performance, la Suisse perdra beaucoup de temps puisqu'elle devra recommencer le processus à l'automne.

Adhésion de la Suisse à Sky Shield

Selon Armasuisse, la position de monopole de l'entreprise Diehl Defence ne devrait pas pousser les prix vers le haut. La société allemande fait partie de l'initiative «European Sky Shield». Le chef de l'armement suisse Urs Loher a signé cette semaine une demande d'adhésion à cette initiative. En cas d'adhésion, la Suisse aura un droit de regard sur les prix payés par d'autres Etats pour la défense aérienne de Diehl Defence – et les obtiendra aux mêmes conditions.

En termes de délai, le timing serait juste bon: la demande de la Suisse doit être traitée dans un délai de deux mois, tandis que la décision concernant le système de défense de Diehl Defence doit être prise dans un délai de deux mois et demi.

Mais il n'y a pas que l'acquisition de la défense contre les drones qui pose problème tout récemment, Blick avait révélé que les Etats-Unis ne livraient pas à la Suisse des missiles Patriot pour la défense aérienne comme convenu – car livrés en priorité à l'Ukraine.

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