L'armée en difficulté financière
Les achats d'armement devraient être retardés de plusieurs années

Viola Amherd n'aime pas entendre parler de problèmes financiers. Des documents internes à son département montrent pourtant que, par manque de moyens, l'armée doit reporter, voire annuler des achats. La Confédération craint une perte de confiance.
Publié: 14.06.2024 à 07:00 heures
|
Dernière mise à jour: 14.06.2024 à 07:12 heures
1/5
Une nouvelle note du DDPS semble contredire Viola Amherd. Jusqu'à présent, la ministre de la Défense n'a jamais voulu entendre parler de goulots d'étranglement financiers.
Photo: keystone-sda.ch
Daniel Ballmer

Les discussions sur les difficultés financières de l'armée ont fait les gros titres au début de l'année. Mais la ministre de la Défense Viola Amherd ne voulait pas entendre parler d'un trou dans la caisse. Elle avait alors qualifié la situation de «tout sauf exotique».

Des informations de la SSR aboutissent à une autre conclusion. Il existe bel et bien des conséquences concrètes des problèmes financiers. Le Parlement a approuvé des achats de munitions, véhicules ou autres équipements militaires. Certains contrats de vente sont prêts à être signés: mais l'armée manque d'argent.

Il manquera 1 milliard rien que l'année prochaine

Rien que pour l'année prochaine, des achats d'une valeur de 971 millions de francs dont l'armée a un besoin urgent ne pourraient pas être réglés. Ce chiffre figure dans une note de l'Office fédéral de l'armement Armasuisse datant du mois de mai et que la SSR a pu consulter. Il s'agit d'achats déjà planifiés et préparés, mais pour lesquels aucun contrat de vente n'a encore été signé.

Le chef d'Armasuisse Urs Loher a confirmé ces informations au média public. Il parle d'un «excédent de planification». Il y en a chaque année, mais actuellement, il est «inhabituellement grand».

«
«La confiance dans la fiabilité de la Confédération devrait en souffrir»
Armasuisse
»

Les raisons sont en partie internes: au cours des dernières années, l'armée a fait approuver par le Conseil fédéral et le Parlement des achats d'armement plus élevés que ceux qu'elle avait initialement prévus. A cela se sont ajoutés des coûts d'exploitation plus élevés et le renchérissement.

Comme le rapporte encore la SSR, le commandement de l'armée a classé mi-avril une grande partie des projets en quatre niveaux de priorité: seuls les achats de priorité 1 seront entrepris comme prévu dès l'année prochaine. Le reste – et il devrait s'agir de la majorité des projets – est reporté de plusieurs années en fonction du classement. Les projets de priorité 4 pourraient également être abandonnés.

La confiance des fournisseurs en danger

Beaucoup de matériels arriveront donc plus tard, d'autres pas du tout. Et les premières victimes sont les fournisseurs qui comptaient fermement sur ces commandes. Dans la note, Armasuisse écrit: «La confiance dans la fiabilité de la Confédération devrait en souffrir, notamment auprès des PME, en raison d'une planification non fiable et entraîner une perte de confiance.»

Les discussions avec les fournisseurs devraient se poursuivre jusqu'à la fin de l'année. Et dans cinq ans au plus tard, toutes les affaires en suspens devront être réglées. En effet, le budget de l'armée augmente désormais d'année en année. Il y a donc toujours plus d'argent à disposition.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la