Ce n'est certainement pas comme ça que Viola Amherd avait imaginé sa semaine. Même le soutien du Conseil fédéral à l'organisation du championnat d'Europe de football féminin en 2025 en Suisse n'a pas suscité d'applaudissements. Les quatre millions de francs qui auraient dû valoir les éloges de la présidente et ministre des Sports ont finalement été vite éclipsés.
Ces derniers jours, le chef de l'armée Thomas Süssli a dû défendre malgré lui des montants exorbitants. Les révélations de la SRF sur un trou de plusieurs milliards dans l'armée exigeaient des explications. La manière dont le chef de l'armée a justifié les économies relativement faibles réalisées lors des manifestations publiques «Air Spirit 24» et «Defense 25» a suscité la surprise. L'armée ne finance même plus que ce qui renforce sa capacité de défense.
Procédure de panique
Cette prise de conscience n'a abouti que fin janvier, du moins en ce qui concerne l'annulation des deux manifestations prévues par les Forces aériennes et les troupes au sol, affirment des officiers supérieurs. Thomas Süssli aurait agi sous la panique, sans impliquer les milieux de l'armée dans la décision.
Le Département de la Défense (DDPS) conteste le fait que les comptes soient si mauvais. Pour toute autre question, le DDPS renvoie directement au chef de l'armée. La présidente du Département fédéral de la défense Viola Amherd n'aime pas s'occuper de la communication de crise. Elle préfère se concentrer sur la réussite et la gloire.
La semaine prochaine, la présidente de la Confédération se rendra en Estonie et en visite chez le roi de Norvège avec son nouveau secrétaire d'État Markus Mäder. Viola Amherd se met à l'abri, et ce sera à Thomas Süssli de ramasser les pots cassés. Selon l'armée pourtant, les processus et procédures seraient normales et connues depuis longtemps par les commissions parlementaires.
La Commission de la politique de sécurité se défend
Cette déclaration a suscité la colère dans les rangs de l'UDC et de la gauche. «L'affirmation selon laquelle la Commission de la politique de sécurité (CPS) aurait été informée de la situation n'est pas exacte», a déclaré le président de la CPS Werner Salzmann au Conseil des Etats. «Nous n'avons eu aucune information sur les problèmes de liquidités», critique encore l'UDC à propos de la communication du DDPS. «En octobre 2023, il a été mentionné qu'il y aurait des goulots d'étranglement dans les deux à trois prochaines années. Mais aucun détail, aucun chiffre, aucun document ne nous a été soumis», se défend Werner Salzmann.
La conseillère aux États socialiste Franziska Roth est également déçue de la réaction du DDPS: lors de l'examen du budget, Viola Amherd n'aurait pas mentionner les problèmes de liquidités. «Elle a ainsi fait croire au Parlement, à tort, que tout était en ordre au niveau des finances.» Elle continue de voir un échec de la planification financière, «même si l'armée le nie», critique Franziska Roth.
Si Viola Amherd et Thomas Süssli ne clarifient pas ces questions lors de la prochaine séance en mars, la commission de gestion sera obligée d'enquêter sur les événements, a-t-elle ajouté.
Des programmes d'armement trop importants?
La PS Priska Seiler Graf, présidente de la CPS au Conseil national, s'étonne également de la gestion financière de l'armée: «Il n'est tout de même pas possible que des crédits d'engagement déjà approuvés ne puissent maintenant pas être remboursés dans les délais prévus en raison de problèmes de liquidités», s'étonne-t-elle. D'un autre côté, il est de la responsabilité du Parlement de se demander s'il n'a pas approuvé des programmes d'armement trop importants.
La conseillère nationale zurichoise des Vert-e-s Marionna Schlatter ne conteste pas la déclaration du chef de l'armée selon laquelle il aurait informé à plusieurs reprises la commission de la politique de sécurité sur les finances. «Mais c'était toujours compris comme une demande politique de contributions plus élevées.»
Le PLR Thierry Burkart défend le DDPS
Le seul politicien de haut niveau à prendre la défense du DDPS est le président du parti libéral-radical Thierry Burkart: «Il était clair que si une décision budgétaire s'écartait du plan initial, les paiements pour les acquisitions pluriannuelles devaient être étendus et que l'argent manquait ainsi pour les investissements nécessaires. Tout cela n'est pas nouveau.»
Les priorités dans la planification financière du DDPS donnent par ailleurs lieu à des discussions au sein de l'administration fédérale, mais ce ne sont pas de milliards dont il est question. Le DDPS aurait investi pas mal de temps et d'argent dans la nouvelle image de marque de l'armée.
Un nouveau design, désormais symbolisé par un logo noir et blanc, le bouclier de l'Helvétie, étayé par le slogan «L'armée suisse défend.» La nouvelle identité visuelle a été présentée en septembre dernier. Elle se détâche donc désormais de la ligne graphique uniforme de l'administration fédérale grâce à une police de caractères nouvelle et un design différent.
227'000 francs pour le nouveau logo
L'armée a obtenu le droit de faire cavalier seul dans son identité visuelle pour une simple et bonne raison: elle est juridiquement indépendante de l'administration. Conçu par l'agence de relations publiques Farner, le mandat a coûté 227'000 francs, selon le porte-parole de l'armée Mathias Volken. A cela s'ajoutent les dépenses et les charges liées à la diffusion et à l'introduction de cette icône.
L'artillerie n'est pas opérationnelle, la Suisse est en état de défense conditionnelle... mais il reste du budget pour un nouveau logo? L'armée suisse ne semble y voir aucun problème. Elle ne peut se défendre que si elle dispose de suffisamment de militaires, estime-t-elle. «En conséquence, l'armée doit s'adresser à son groupe cible avec une identité moderne et contemporaine.» Comme une étiquette noire et blanche, par exemple.