L'ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra vivait jusqu'à récemment dans la station de montagne valaisanne de Crans-Montana, sur le territoire de la commune de Lens, après être passé par Arbaz, toujours en Valais. Mais l'expatrié a été rattrapé par ses erreurs jusque dans les montagnes valaisannes: il a été condamné l'été dernier à huit ans de prison pour corruption. Sa peine a toutefois été réduite par le roi à un an.
Mais le plus intéressant est à venir: lors du déménagement du ministre en terre valaisanne, un politicien suisse aurait joué un rôle central dans l'installation du ministre condamné en terre valaisanne, selon le «SonntagsZeitung». C'est le politicien genevois controversé et cofondateur du Mouvement Citoyens Genevois (MCG) Eric Stauffer dont il est question.
En 2018, l'élu de la cité de Calvin s'était présenté au Grand Conseil genevois avec son nouveau mouvement «Genève en Marche». Sa campagne aurait été en partie financée par Thaksin Shinawatra. En vain. Malgré les moyens importants mobilisés dans la campagne, cette dernière n'aura pas suffi à convaincre.
Un simple «ami de la famille»
Confronté aux faits, Eric Stauffer nie avoir joué un rôle dans le déménagement de l'ex-Premier ministre. Il affirme n'avoir été impliqué qu'en tant qu'«ami de la famille». Il aurait invité son vieux pote en Valais, après quoi celui-ci aurait ensuite décidé de manière autonome d'en faire sa nouvelle patrie. Le Genevois a déclaré à la «SonntagsZeitung» que cette décision n'avait rien à voir avec l'imposition forfaitaire avantageuse.
Dans l'article rédigé par nos confrères, le président de la commune d'Arbaz se rappelle d'une conversation avec Eric Stauffer: «Il a dit qu'un riche Thaïlandais voulait s'installer ici avec un forfait fiscal, et qu'il allait organiser son arrivée.»
L'ex-Premier ministre thaïlandais doit sa fortune à son entreprise de télécommunications, qui est aujourd'hui le plus grand fournisseur du pays grâce à un contrat exclusif du gouvernement. Son mandat a été marqué par des mesures controversées, dont la lutte contre la criminalité liée à la drogue, critiquée par les ONG.
L'ex-Premier ministre reviendra-t-il en Suisse?
Le parcours de Thaksin Shinawatra est quelque peu mouvementé. Nommé Premier ministre de la Thaïlande en 2001, il est resté à son poste jusqu'en 2006, lorsqu'il a fui un coup d'Etat militaire. Il aurait vécu temporairement en Angleterre, en Allemagne et à Dubaï avant de s'installer en Suisse.
Malgré une condamnation pour corruption et un mandat d'arrêt pour terrorisme en 2010, les autorités suisses ont accordé un permis de séjour au septuagénaire. Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) ne s'exprime pas sur les cas individuels mais souligne que les implications en matière de politique intérieure et extérieure sont examinées. Les demandeurs ne doivent pas, en principe, avoir de lien avec le crime organisé. Ce statut est réexaminé chaque année. En août 2023, Thaksin Shinawatra est rentré en Thaïlande. C'est là qu'il a été arrêté et hospitalisé pour des raisons de santé. Reste à savoir s'il reviendra en Suisse après avoir purgé sa peine de prison.