Un policier sera jugé
Ce Suisse finit menotté et couvert de bleus pour avoir mal trié ses déchets

De base, David Brilla, habitant de Zermatt, en Valais, voulait juste se débarrasser de quelques déchets. Mais l'affaire a rapidement dégénéré, la faute à un policier un peu trop motivé. Aujourd'hui, David Brilla porte l'incident devant les tribunaux.
Publié: 05:49 heures
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Dernière mise à jour: il y a 16 minutes
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De base, David Brilla, un habitant de la station de Zermatt (VS), voulait juste se débarrasser de quelques déchets organiques.
Photo: Martin Meul
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Martin Meul

David Brilla, 45 ans, n'oubliera pas de sitôt ce mardi après-midi de décembre. Il est un peu plus de midi lorsque cet habitant de la station de Zermatt, en Valais, prend le chemin de l'un des décharges du village afin de se débarrasser de quelques déchets organiques. Ce qui devait être une courte promenade va se transformer en un douloureux séjour au poste de police, avec à la clef des menottes aux poignets, des contusions... et plus de trois ans de procédure pénale. 

Revenons en arrière: ce 7 décembre 2021, David Brilla transporte ses déchets organiques dans l'une des boîtes en plastique vertes typiques prévues à cet effet. Arrivé à la déchèterie, David Brilla constate que le couvercle de sa petite poubelle est gelé: c'est l'hiver à Zermatt. Il tente tout de même d'ôter le couvercle. «La boîte s'est cassée», explique-t-il à Blick.

Tout par d'une boite jetée dans un conteneur

Il jette alors de ses déchets organiques selon les règles de l'art. «Comme la boîte était cassée, je ne voulais plus la ramener chez moi et je l'ai jetée dans la grande poubelle», explique David Brilla. C'est là que les problèmes commencent. La raison? Seuls les déchets contenus dans des sacs-poubelles payants peuvent être déposés dans le conteneur. David Brilla s'est donc débarrassé illégalement de sa boîte.

Cette infraction au règlement sur les déchets de Zermatt est directement constatée par Ignaz H.*, qui est alors le vice-chef de la police de Zermatt, une fonction qu'il n'occupe plus depuis. Ce jour-là, il n'est pas en service et il se déplace en civil.

Pour autant, il ne souhaite pas rester les bras croisés devant cette infraction. Il fait alors savoir à David Brilla qu'il est policier et il lui demande de décliner son identité. C'est là que la situation dégénère, comme on peut le lire dans l'ordonnance pénale du ministère public du Haut-Valais.

Contusions et bleus

Dans un premier temps, David Brilla ne comprend pas vraiment ce que le policier veut de lui. «Après tout, au début, je n'ai pas vu d'insigne ou quoi que ce soit d'officiel», dit-il. Il fait alors mine de s'éloigner. Mais Ignaz H. le retient. «Après ça, tout a complètement dérapé», explique David Brilla.

Ignaz H. le plaque contre un mur, comme le rapporte l'ordonnance pénale. «Cela m'a fait très mal.» Trois semaines auparavant, le Valaisan s'est déchiré le tendon du biceps et a dû passer sur le billard. «Je l'ai dit et répété au policier, mais il a continué.» Le calvaire ne s'arrête pas: «il m'a aussi étranglé», raconte David Brilla. Le ministère public constatera plus tard qu'il «a subi plusieurs contusions et bleus au niveau de la joue droite, du cou, de l'épaule et du haut de la poitrine».

Puis, d'autres policiers arrivent... et passent les menottes aux poignets du Valaisan. «Tout ça pour un déchet mal jeté! C'est incroyable, j'avais vraiment très mal après.»

Un cas pour le tribunal

Après l'incident, David Brilla décide de porter plainte contre le policier. «Je voulais simplement que cela soit clarifié par principe», dit-il. En novembre 2023, le ministère public condamne le policier par ordonnance pénale à une amende de 3100 francs pour lésions corporelles, assortie d'une période probatoire de deux ans. 

Mais le policier n'a pas accepté l'ordonnance pénale et l'affaire devra donc être réexaminée fin mars devant le tribunal de district de Viège (VS). Quant à David Brilla, il a dû payer une amende de 300 francs pour s'être débarrassé illégalement de sa boîte en plastique. «L'amende était justifiée, mais tout cela me semble encore aujourd'hui comme un mauvais rêve», dit-il.

Ignaz H. n'a pas souhaité s'exprimer sur les accusations portées contre lui. Il en va de même pour la présidente de la commune Romy Biner-Hauser, qui renvoie à la procédure en cours. La présomption d'innocence continue de s'appliquer, aucun jugement définitif n'ayant été prononcé.

*Nom modifié

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