Le conflit fait rage depuis 20 ans! Et aucune solution n'est en vue, bien au contraire. Cette dispute de voisinage pourrait même coûter très cher à Verena Künzler, 81 ans, qui aimerait bien mettre sa demeure en vente en raison âge. «Encore faut-il que je puisse vendre l'appartement de cette manière», soupire-t-elle.
Depuis plus de 20 ans, cette séniore domiciliée à Niederwangen, dans le canton de Berne, doit faire sécher son linge dans son appartement. Elle dispose pourtant de sa propre buanderie dans son immeuble. Seulement voilà, l'air y est si épais que la pièce ressemble à un véritable sauna. Impossible donc d'y faire sécher ses vêtements.
En effet, aucun air frais ne pénètre dans la buanderie de Verena Künzler. Le coupable? Le jardin d'hiver de sa voisine du rez, construit peu après l'achèvement de l'immeuble... juste au-dessus du conduit d'aération menant à la buanderie de la retraitée. Depuis lors, fini l'air frais et le linge sec. Lorsque Blick rencontre Verena Künzler, celle-ci fait part de son désarroi: «Cela rend ma buanderie inutilisable.»
Intervention d'avocats
Depuis, une âpre querelle de voisinage fait rage. Verena Künzler a ainsi fait appel à des avocats, à la suite de quoi la voisine s'est engagée à laisser la porte vitrée toujours ouverte. Une promesse non respectée, affirme l'octogénaire.
Puis, il y a quelques années, sa voisine lui a proposé de retirer la porte vitrée à condition que Verena Künzler prenne en charge tous les frais et les dépenses et qu'elle accepte de payer une peine conventionnelle si jamais elle venait à remettre le sujet du jardin d'hiver sur le tapis. «Je n'ai bien sûr pas signé cela», explique la retraitée. Car la voisine aurait pu réinstaller la porte à tout moment. «Et je n'aurais alors plus rien pu dire.»
Ce n'est qu'en 2021, après une décision de conciliation, que la situation a fini par s'améliorer. «En été, elle laisse maintenant la porte du jardin d'hiver ouverte la plupart du temps. Mais dès qu'il fait plus froid, la porte est à nouveau régulièrement fermée pendant de longues périodes, comme maintenant.» Verna Künzler doit donc à nouveau faire sécher son linge dans son appartement.
Le fils de la voisine à la rescousse de sa maman
Les propriétaires du jardin d'hiver, voient les choses complètement différemment. Sollicité par Blick, le fils de la voisine de Verna Künzler, une dame âgée elle aussi, assure que sa mère est «la seule partie lésée dans cette querelle insensée». Selon lui, Verena Künzler n'aurait eu de cesse de se plaindre, d'abord des odeurs, puis du manque d'air frais. «Alors que ma mère a laissé la porte ouverte en permanence depuis plus de dix ans.»
En outre, le fils fait valoir que la construction du jardin d'hiver n'a en aucun cas été une surprise, mais qu'elle a été approuvée par la communauté des propriétaires. La communauté des propriétaires a effectivement négocié des jardins d'hiver en 2004, comme le confirme dans une lettre le chef de l'époque de Marazzi AG, le maître d'ouvrage du bloc concerné.
Une construction légale, mais mauvaise
En revanche, ce même document montre que des vitrages de balcons ont été autorisés aux étages supérieurs, qu'ils n'avaient «jamais été envisagés» au rez-de-chaussée, en raison notamment de l'aération des buanderies. Pourtant, le balcon de l'appartement du rez-de-chaussée a bel et bien été vitré.
A plusieurs reprises, Verna Künzler a demandé des explications à sa commune d'origine, Köniz, qui lui a toujours répondu de la même manière: le jardin d'hiver n'enfreint pas la loi, ce qui veut dire que le permis de construire a été délivré correctement. Toutefois, dès 2007, la commune a considéré le jardin d'hiver comme une «mauvaise construction» et a recommandé à Verena Künzler d'engager une procédure au civil.
Un problème lors de la vente
Outre la buanderie qui ne peut pas être utilisée correctement, un autre problème se pose désormais pour la senior. «Le jardin d'hiver de la voisine diminue la valeur de mon appartement. Je me demande même si je pourrai le vendre un jour», explique Verena Künzler.
Tôt ou tard, cette retraitée de 81 ans devra le faire, ou alors laisser l'appartement à son fils. «Mais je ne veux pas lui causer de problèmes.» Par deux fois déjà, elle a reçu chez elle des acheteurs potentiels. «Les deux personnes étaient enthousiastes à propos de l'appartement jusqu'à ce qu'elles voient le jardin d'hiver au-dessus de la buanderie. Ensuite, elles sont parties.»
Aujourd'hui, Verena Künzler se dit frustrée par l'aide toute relative de sa gérance immobilière, la Privera AG. «En se basant sur le fait que le vitrage en question n'a pas dû être démonté jusqu'à présent, on peut partir du principe que la propriétaire de la buanderie n'a pas eu gain de cause sur le plan civil et pénal», écrit Privera à la demande de Blick. L'entreprise est d'avis qu'elle s'est toujours comportée correctement vis-à-vis de Verena Künzler et dit l'avoir soutenue dans la mesure du possible.