«Je ne savais plus comment payer mes factures»
Malgré les décisions de justice, sa patronne lui doit encore 23'000 francs

Une Suissesse se bat depuis deux ans. Son ex-employeuse lui doit environ 23'000 francs d'indemnités journalières d'arrêt maladie et de frais d'avocat. Mais elle n'envisage pas de les payer, malgré les décisions de justice. Une situation irrespirable.
Publié: 23.01.2025 à 21:15 heures
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Lejla se bat depuis deux ans pour obtenir 16'000 francs d'indemnités journalières en cas de maladie.
Photo: Sebastian Babic
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Sebastian Babic

La Zurichoise Lejla S.* est en colère. Son ex-employeur – une crèche de la commune zurichoise Regensdorf – lui doit environ 16'000 francs d'indemnités journalières d'arrêt maladie maladie et 7000 francs de frais d'avocat supplémentaires. Malgré deux décisions de justice, son ex-patronne Beatriz F.** ne veut pas payer.

Mais Lejla ne veut plus se laisser faire. «C'est à cause d'elle que nous souffrons!» A cause des problèmes, elle et son partenaire Patrick K.* ont perdu leur appartement. Aujourd'hui, la jeune femme demande justice.

Une promotion rapide

En décembre 2021, Lejla commence à travailler comme éducatrice dans la crèche Abenteuerland à Regensdorf. Elle obtient ce poste grâce à une connaissance: Beatriz F.** la directrice de la crèche.

Au départ, l'établissement est satisfait de son travail. On lui propose même, un an plus tard, la direction adjointe. La jeune femme se réjouit de cette offre, mais informe sa patronne qu'elle doit bientôt subir une opération importante et que la date n'est pas encore fixée. Après une brève hésitation, l'employeuse confirme l'offre et Lejla signe son nouveau contrat de travail. Dès janvier 2023, elle sera promue directrice adjointe de jour.

Repousser l'opération?

Un mois plus tard, alors que Lejla doit être opérée de sa dysplasie de la hanche, une malformation congénitale des os, tout bascule. La cheffe souhaite qu'elle reporte la date de l'opération. La jeune femme refuse. 

«
Mon médecin m'a clairement dit que l'intervention était nécessaire pour éviter d'autres dommages, peut-être à vie
Lejla S.*
»

Elle vit depuis trop longtemps avec ces douleurs. «Mon médecin m'a clairement dit que l'intervention était nécessaire pour éviter d'autres dommages, peut-être à vie.» Malgré les désaccords avec sa patronne, Lejla a pu se faire opérer en janvier 2023. La Suissesse s'est fait poser cinq vis dans l'os de la hanche. «Sinon, j'aurais eu besoin d'une articulation de la hanche artificielle dans quelques années.»

L'assurance veut récupérer l'argent

Puis, c'est le coup de massue. A peine l'assurance d'indemnités journalières en cas de maladie (IJM), la Zurich Assurance, lui a-t-elle versé une première tranche d'environ 3700 francs en mars 2023 que l'institution veut récupérer l'argent. La raison? La crèche n'a pas payé les mensualités de l'IJM, dit-on à la centrale d'assurance.

Celle-ci ne serait donc pas valable, et ce, bien que Lejla ait supporté elle-même la totalité des cotisations d'assurance via son salaire, comme le prouve le jugement du tribunal de district. Alors qu'il serait normal que l'employeur et l'employé se partagent les primes de manière paritaire. «Où sont passées mes primes? Je ne sais pas», dit-elle. «Mes cotisations n'ont manifestement pas été versées.»

Et c'est la catastrophe pour Lejla. Elle a 20 jours pour rembourser la contribution de la Zurich Assurance. «Je suis tombée des nues, mais où allions-nous trouver l'argent? Je ne savais plus comment payer mes factures.» Sa mère doit lui donner un coup de main financier et accorde un prêt au couple.

Si les employeurs en Suisse ne concluent pas d'IJM facultative ou ne la versent pas, ils sont légalement tenus de financer de leur poche la perte de salaire correspondante pour la période initialement assurée – dans ce cas, 720 jours.

La lutte devant les tribunaux commence

Seulement, cela ne fonctionne pas. «Au début, je recevais encore une partie de mon salaire de la part de Beatriz pendant les premiers mois, mais les paiements ont progressivement diminué», raconte Lejla. Au bout quatre mois environ, les paiements de la crèche ont complètement cessé.

La Suissesse porte l'affaire devant le tribunal de district de Dielsdorf, qui lui donne raison. Le verdict est clair: la crèche doit effectuer les paiements et répondre des primes non versées.

Beatriz porte toutefois le jugement devant le Tribunal cantonal, sans succès. Celui-ci confirme le jugement en juillet 2024: le montant du dommage s'élève à plus de 16'000 francs pour les mois de mars à novembre 2023. S'y ajoutent 7000 francs de frais d'avocat. Au total, 23'000 francs.

La crèche passe à la contre-offensive

Interrogée sur l'affaire, la directrice de la crèche Beatriz renvoie aux recommandations de son avocat de ne pas les effectuer pour le moment. Selon ses propres déclarations, elle prévoit de porter «certainement» l'affaire devant le Tribunal fédéral. Depuis, il n'y a plus d'IJM pour les employés de la crèche.

Lejla a entre-temps accepté un nouveau poste de directrice dans une autre crèche du canton de Zurich. «J'en profite chaque jour. C'est un super job avec une superbe équipe!» Malgré ce nouveau départ, Lejla insiste pour obtenir ce qui lui est dû.

*Noms connus
**Nom modifié

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