«Chaque vaccination compte», tel était le slogan de la semaine de la vaccination, qui a eu lieu début novembre. Si celle-ci s'est avérée être un flop, on ne pourra pas nier que les acteurs institutionnels se sont donné de la peine pour donner un dernier coup de cravache à la campagne de vaccination.
Outre les autorités (Confédération, cantons, OFSP), de nombreuses organisation et associations médicales ont soutenu la campagne en utilisant le logo ou en montrant des affiches. La Société suisse de médecine interne générale (SSGIM), l'Association suisse des infirmiers (ASI) ou celle de pédiatrie (Pédiatrie suisse) ont montré leur soutien.
Étrangement, ce n'est pas le cas de la puissante d'entre elles: la Fédération des médecins suisses (FMH), forte de ses 40'000 membres, a décidé de rester neutre lors de la semaine de la vaccination.
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La FMH se montre réticente
Pour comprendre la situation, il faut remonter jusqu'en décembre 2020. À ce moment, un premier échange entre les autorités sanitaires et la FMH a lieu. Celle-ci assure alors «son soutien à la vaccination contre le Covid-19», explique un porte-parole de l'OFSP à Blick. Mais à cause de la faible disponibilité en doses de vaccin, elle préfère de ne pas participer activement à la campagne d'information de l'OFSP.
«Faire de la publicité sans savoir exactement pourquoi nous paraissait difficile, d'autant plus qu'à ce moment-là, nos membres étaient littéralement submergés par des demandes provenant de la population», explique Charlotte Schweizer, responsable de la communication de la FMH. Peu avant Noël 2020, Swissmedic autorise le vaccin de Biontech/Pfizer et les premières équipes de vaccination se rendent dans les maisons de retraite durant les fêtes.
«Un manque d'expertise médicale»
Début janvier, la présidente de la FMH et ancienne conseillère nationale verte Yvonne Gilli déclarait dans les pages du «Sonntagszeitung» que si «tout le monde est d'accord» sur la campagne de vaccination, «personne ne devrait rendre de comptes sur le fait de se faire vacciner ou non». Parallèlement, elle a critiqué le manque d'expertise médicale dans les «structures de direction» de l'OFSP.
Dans les mois qui suivent et alors que la campagne de vaccination s'ouvre à tous les pans de la société, la FMH refuse toujours de soutenir la campagne de l'OFSP. Le ton montre entre les deux organismes. L'OFSP aurait continué à espérer le soutien de la FMH pour la dernière campagne de début novembre. En vain.
Les médecins apprennent l'autorisation du booster dans les médias
«La demande d'attribution d'un logo pour la campagne est arrivée trop rapidement», justifie Charlotte Schweizer. La campagne a toutefois été soutenue de manière ponctuelle par des mesures de communication, y compris du matériel de campagne. Le «Bulletin des médecins suisses» a notamment publié une interview de Virginie Masserey, jusqu'à récemment responsable de la section Contrôle des infections et programmes de vaccination à l'OFSP.
Dans une interview accordée à nos collègues du SonntagsBlick la semaine dernière, Yvonne Gilli a réitéré son reproche selon lequel l'OFSP n'impliquait pas suffisamment les médecins. «La dose de rappel est le dernier exemple en date», a-t-elle déclaré. L'OFSP aurait tellement peu communiqué avec la FMH que les médecins auraient appris via les médias que la dose de rappel allait arriver.
Un partenariat invisible
En privé, beaucoup au sein de la Confédération considèrent les déclarations de la FMH comme des prétextes pour calmer le jeu. «L'OFSP continue d'entretenir des échanges étroits avec la FMH», dit-on. «En tant qu'organisation partenaire, elle est impliquée dans la coordination et l'information sur les activités de campagne prévues par l'OFSP concernant la vaccination Covid-19.»
Jusqu'à présent, ce partenariat n'a pas été vraiment visible. Cette mise à l'écart de la FMH ne suscite guère de compréhension dans le monde politique. «Le signal que la FMH envoie en tant que fédération n'aide pas vraiment», déclare la conseillère nationale (PS/AG) Yvonne Feri, membre de la Commission de la santé publique du Conseil national. En effet, la majorité du corps médical aide dans la mesure du possible à ce que davantage de personnes se fassent vacciner. Mais, selon elle, il reste encore beaucoup à faire pour convaincre les gens, et elle le constate personnellement.
(Adaptation par Alexandre Cudré)