Dans la zone industrielle de Küssnacht am Rigi, dans le canton de Schwytz, il pleut des cordes. Trois hommes à la mine aigre se tiennent sous un auvent. Ces ouvriers travaillent en extérieur: pas question pour eux d'aller se blottir à l'intérieur.
Le chef de ces ouvriers sait que ses hommes travaillent dur. Pour détendre l'atmosphère, le directeur a donc décidé d'organiser une sortie de boîte entre mecs en détente. Mais la soirée ne s'est pas passée comme prévu. «J'ai invité mes hommes au club Zeus pour boire quelques coupes de champagne et s'amuser par cette journée grise. Mais la journée a été gâchée. Ils ne voulaient pas laisser entrer Marius, juste parce qu'il est roumain. C'est clairement de la discrimination! Nous sommes en colère», se désole le patron organisateur.
Au début, tout allait bien, raconte le couvreur Marius, qui a fait son apprentissage en Suisse et y vit depuis 14 ans déjà. Il est à moitié hongrois et à moitié roumain. Il parle couramment le suisse-allemand. «Le patron m'a dit d'appeler et de demander le programme, raconte l'artisan. J'ai entendu à l'accent que la femme était probablement roumaine et je suis passé à sa langue. C'est comme ça qu'elle a su que je venais de Roumanie», raconte l'employé.
Pas de Roumains dans l'établissement
Arrivés au club Zeus, les trois hommes se dirigent vers les salles du fond. Mais à l'entrée, pas question pour les copains d'entrer. Marius est renvoyé par la dame de la réception à la porte. «Ils ne m'ont pas laissé entrer juste parce que je suis roumain!», s'exclame l'ouvrier.
Les deux autres hommes, qui ont des passeports albanais, ont pu pénétrer dans le club. Mais les compères ne voulaient y aller sans leur collègue refusé. «Nous avons demandé à voir le patron. Nous ne pouvions tout simplement pas y croire», raconte le supérieur de Marius. Mais le boss du Zeus ne voulait rien entendre: Marius n'entrera pas.
«Il a peur que je sois d'un gang et que je veuille emmener une femme»
Les trois hommes se sentent impuissants et humiliés. Ils se rendent directement à la police. «Nous avons porté plainte contre le propriétaire du club. Je me sens discriminé. Les Egyptiens, les Albanais, les Bulgares, les Chinois, les Japonais et les Suisses, tous peuvent entrer: seuls les Roumains sont refusés. Une telle règle est illégale! Je demande réparation au tribunal», se défend le Roumain.
Le propriétaire du club n'a pas voulu s'étaler sur cet incident auprès de Blick. «Il y a une enquête en cours, je ne dirai rien.» Après coup, le boss a laissé entendre que Marius s'était mal comporté. C'est la seule raison pour laquelle il n'a pas été accepté dans l'enceinte de l'établissement. Selon le patron, trois Roumains auraient déjà violé les règles de la maison. Mais Marius a une autre théorie: «Il a peur que je sois d'un gang et que je veuille emmener une femme, suppose-t-il. Ou que je sois le mari d'une des prostituées.» Mais cette hypothèse n'effacera pas sa colère: «Je ne me laisserai pas faire», conclut l'homme.