La Suisse compte de nombreuses travailleuses du sexe venues d'Europe de l'Est. Combien sont-elles, exactement, et comment sont-elles recrutées dans leur pays d'origine? S'il est difficile de donner un chiffre exact, la cellule enquête de Tamedia a tenté de prendre la mesure du phénomène, en collaboration avec des journalistes hollandais, allemands et roumains.
Nos confrères ont recensé et analysé 40’000 offres d'emploi en ligne — rédigées en hongrois, en roumain, en tchèque ou en polonais. Des annonces destinées à des femmes qui vivent à l'est, pour des postes en maisons closes, en clubs érotiques, ou pour des services d’escorte. Sur toutes ces offres scrutées, pas moins de 2163 mènent... en Suisse, d'après les recherches du consortium.
Avec des promesses de gains hebdomadaires allant facilement de 5'000 à 7'000 francs (à titre d'exemple), la Confédération serait ainsi la quatrième destination privilégiée par ces futures travailleuses du sexe — souvent (très) jeunes et précaires. Le point d'atterrissage le plus prisé reste cependant l'Allemagne, avec 3507 annonces qui promettent de l'argent facile et une vie faste. En deuxième et troisième position, on retrouve la Grande-Bretagne et l'Estonie.
375 cas de traite en Suisse
De telles offres ne conduisent pas forcément à des situations d'abus, certes, dans une Suisse où la prostitution reste un phénomène légal et (a priori) contrôlé. Le Centre d’assistance aux victimes de la traite des femmes (FIZ) a néanmoins recensé 375 cas, au total en Suisse, pour l'année 2022, notent les titres de Tamedia. Et c'est un record.
La prostitution et certaines formes de proxénétisme sont légales en Suisse depuis 1992. Pour rappel, la coprésidente de la faîtière des organisations féminines alliance F avait demandé, en juillet 2023, un nouveau débat sur la pénalisation des clients de la prostitution.