Les habitants de Brienz dans le canton des Grisons sont dans le désespoir le plus total. Ils doivent à nouveau quitter leurs foyers. Le village est une nouvelle fois évacué car la montagne glisse en amont. «Je perds ma maison qui vaut 355'000 francs. Personne ne nous aide. Notre terre vaut à peine 10 francs en ce moment», se plaint un homme lors de la conférence de presse de mardi. L'ambiance dans la salle est morose. Mais Andreas Huwiler, géologue à l'Office grison des dangers naturels, fait alors une déclaration surprenante.
Il explique qu'on pourrait ne pas seulement enlever les gravats qui glissent en direction du village, mais aussi la montagne entière! «On pourrait le faire, mais cela prendrait des années, voire des décennies. Ce serait un projet énorme», ajoute-t-il.
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Supprimer des montagnes – déjà une réalité aux États-Unis
«Énorme» sonne presque comme un euphémisme. Rien que le tas d'éboulis au-dessus de Brienz se compose de 1,2 million de mètres cubes. Le village est situé à 1144 mètres d'altitude. Le versant de la montagne glisse à partir d'un plateau situé à environ 1790 mètres. Ce plateau se trouve sur le versant du Piz Linard, une montagne de 2767 mètres d'altitude. Selon le géologue, on pourrait donc la déplacer pour sauver Brienz.
Andreas Huwiler explique à présent à Blick sa déclaration lors de la conférence de presse: «Il y a des mines dans le monde où des milliards de mètres cubes de roches de montagne sont enlevés et déplacés chaque année.» Sa conclusion: «En théorie, ça serait réalisable.»
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De telles mines, comme le décrit Andreas Huwiler, existent par exemple dans les Appalaches aux États-Unis. Là-bas, des sommets entiers disparaissent, des roches sont enlevées pour dégager des matières premières comme le charbon. «Dans de tels cas, l'extraction est économiquement judicieuse, car les entreprises gagnent de l'argent avec les matières premières.»
Et c'est là qu'intervient le «mais» du géologue pour la situation à Brienz: «En pratique, il ne serait pas possible de déblayer la montagne ici.» Car en cas de déblaiement pour des raisons de sécurité – comme dans le cas du village grison – il n'y a rien à gagner pour couvrir les coûts énormes de l'opération.
«Des camions aussi grands que des maisons»
En outre, la Suisse ne dispose pas de l'infrastructure nécessaire pour réaliser de tels déblaiements. «Là-bas, on utilise d'énormes excavatrices et des camions de la taille d'une maison. Ensuite, il faut des pistes aussi larges que des autoroutes pour que ces machines puissent circuler. Et enfin, un endroit où l'on peut déposer les masses rocheuses», poursuit le géologue.
Les conséquences de ce type d'exploitation minière aux États-Unis sont désastreuses, que ce soit pour l'environnement ou la population locale.
Un mur de protection ne résisterait pas à l'éboulis
Les experts et les autorités ont discuté des mesures les plus diverses pour sauver Brienz. Par exemple, la construction d'un mur de protection qui pourrait retenir les masses rocheuses qui glissent. Ou un dynamitage de l'éboulis. Dans les deux cas, le problème réside dans la masse d'éboulis. 1,2 million de mètres cubes de roches menacent de dévaler la pente. Les experts sont arrivés à la conclusion qu'un mur de protection ne résisterait pas à une telle quantité.
Le dynamitage d'une telle masse serait totalement sans précédent en Suisse. Andreas Huwiler, de l'Office des dangers naturels, déclare à ce sujet: «En règle générale, on fait sauter des volumes de roche allant jusqu'à 1000 ou 2000 mètres cubes.» Les experts et les autorités sont donc impuissants face à l'éboulis qui menace actuellement Brienz. «Nous ne pouvons vraiment qu'observer et espérer que le glissement de terrain manquera le village», déclare Andreas Huwiler. Seule la montagne décidera alors du sort des quelque 80 habitants.