Intempéries dévastatrices
Le Milibach de Brienz a déplacé des rochers réputés inamovibles

Deux mois après les intempéries dévastatrices à Brienz, une analyse révèle que le Milibach a déplacé des blocs de roche immenses, rendant le ruisseau instable. Les experts soulignent l'impact du changement climatique sur ces événements rares mais plus fréquents.
Publié: 16.10.2024 à 16:16 heures
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Dernière mise à jour: 16.10.2024 à 20:57 heures
Lors des intempéries dévastatrices à Brienz, l'eau a déplacé des rochers que l'on avait jugé comme impossibles à bouger.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

Deux mois après les intempéries dévastatrices de Brienz (BE), une première analyse montre que le Milibach a déplacé des blocs de roche considérés jusque-là comme impossibles à bouger. Ceux-ci auraient dû en principe stabiliser le lit du ruisseau, selon les experts.

«L'événement nous a appris que cette hypothèse était fausse», a indiqué mercredi l'organe spécialisé de la commune. Pour rappel, un orage bref, mais très violent, s'est déchaîné sur Brienz le soir du 12 août. Le bassin versant du Milibach a été inondé d'environ 80 à 100 litres de pluie par mètre carré en l'espace d'une heure.

Le ruisseau a alors atteint des débits de pointe en eau, sans charriage, correspondant à 250 baignoires pleines par seconde. Les fortes pluies ont provoqué des glissements de terrain et des coulées de boue dans le haut du bassin versant, qui ont dévalé la cascade plus bas sous forme de mélange dense d'eau et de matériaux.

Blocs de plusieurs tonnes

En aval, la force du torrent a fait bouger des blocs de roche de plusieurs tonnes. Le ruisseau est devenu ainsi instable et l'eau a creusé jusqu'à 10 mètres de profondeur dans le lit initial sur une longueur d'environ 800 mètres, entre la chute d'eau et le collecteur d'alluvions. En l'espace d'un bon quart d'heure, ce dernier s'est rempli de quelque 18'000 mètres cubes d'éboulis. Le ruisseau a ensuite débordé en aval du collecteur, provoquant des dégâts qualifiés de «catastrophiques» dans le quartier d'Aenderdorf.

Dans la zone d'habitation Rybiweg-Tenndlisgasse, les dépôts ont atteint jusqu'à 8 mètres de hauteur. Au total, le ruisseau a charrié près de 65'000 mètres cubes d'alluvions, soit environ 865 chargements de wagons de chemin de fer.

Les intempéries n'ont heureusement pas fait de morts, ni de blessés graves. Les travaux de déblaiement ont toutefois duré des semaines. Et la réparation des dommages aux bâtiments et aux infrastructures devrait prendre encore un certain temps.

Une première étape

«La première chose à faire est de procéder à une analyse approfondie des intempéries», avait indiqué en septembre à Keystone-ATS René Michel, vice-président de l'organe spécialisé qui a fait le point mercredi. Ce dernier a confié la mission à la société Geotest. Grâce à l'analyse, on sait désormais ce qui s'est exactement passé le 12 août. La prochaine étape consistera à déterminer ce qui peut se passer à l'avenir. Des mesures d'aménagement territoriales, organisationnelles et techniques en seront déduites et un concept élaboré.

Concrètement, cela impliquera également des décisions «douloureuses et radicales». Par exemple lorsqu'il s'agira de déterminer quelles maisons situées le long du ruisseau devront être éventuellement abandonnées.

Comme dit en septembre par le président de la commune de Brienz, Peter Zumbrunn, il faudra sans doute attendre trois ans avant de disposer d'un projet concret d'aménagement hydraulique. Un groupe composé de 18 habitants de Brienz est impliqué dans les discussions.

Un événement très rare

Les spécialistes classent l'événement survenu au Milibach de Brienz comme «très rare». Mais de tels désastres pourraient se produire plus souvent à l'avenir, en raison du changement climatique. Au cours des 30 dernières années, le réchauffement de la planète a fondamentalement modifié le comportement de l'eau dans l'atmosphère.

L'expérience de Brienz montre que même des mesures de prévention globales ne suffisent pas toujours à contrer les effets des phénomènes météorologiques extrêmes, estiment encore les experts.

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