La population de Brienz (GR) est soumise à une «énorme charge psychique». Elle doit en effet se préparer à une nouvelle évacuation, car une avalanche de pierres et de roches dévalant à plus de 80 km/h pourrait prochainement s'abattre en direction du petit village de montagne.
Il est possible que les habitants doivent être évacués ces prochains jours. «Préparez-vous y dès maintenant», leur a lancé samedi soir Pascal Porchet, directeur de l'Office cantonal des Affaires militaires, lors d'une réunion d'urgence à Tiefencastel (GR). Les habitants sont priés le cas échéant d'emmener «tout ce qui ne peut pas être remplacé avec de l'argent». L'évacuation pourrait durer plusieurs mois.
L'ambiance était tendue parmi les concernés. La nouvelle aggravation de la situation soumet les habitants à une «grande pression psychique», ont dit certains. «Combien de temps vont-ils encore nous imposer cela?», a demandé un habitant. La précédente évacuation avait eu lieu au printemps 2023.
«Phase jaune»
Jusqu'à 1,2 million de m3 de roches menacent de s'abattre sur le village. Cette masse instable dont le déplacement s'accélère fortement se révèle beaucoup plus humide que celle à l'origine de la dernière grande alerte du 16 juin 2023. Cette fois, elle pourrait atteindre le village et non plus s'arrêter juste avant, comme il y a 18 mois.
La partie supérieure de l'éboulis s'étant formée au-dessus de Brienz s'est massivement accélérée dernièrement. La commune a donc décrété la «phase jaune» samedi matin, permettant de préparer une évacuation. Celle-ci pourrait s'étendre sur plusieurs jours, souligne M. Porchet.
Comme la partie menacée d'éboulement réagit fortement aux précipitations, les choses pourraient aller très vite et les personnes concernées pourraient être amenées à quitter leur logement dans les heures qui suivent, voire immédiatement. Il est possible que l'événement se produise déjà dans les prochains jours. A l'inverse, l'espoir existe également que les masses rocheuses glissent plus lentement et restent ainsi devant le village.
Construction d'une galerie
Le président de la commune, Daniel Albertin, a tenté de rassurer les personnes concernées : «vous pouvez compter sur notre solidarité», a-t-il lancé. Il a évoqué la construction d'une galerie de drainage de 2,3 kilomètres de long, d'un coût de 40 millions de francs, en dessous du village. Celle-ci doit drainer la masse terrestre et réduire ainsi la pression sur les glissements de terrain. Elle devrait être terminée fin 2027, mais son effet ne se déploiera que progressivement.
Des critiques
Le président de la commune a dû faire face à certaines critiques concernant les questions existentielles. Les conditions de logement sont catastrophiques, a déclaré un habitant. L'ensemble du village glisse actuellement de 2,4 mètres par an vers la vallée. Certaines maisons sont donc fortement endommagées. Les portes ne ferment plus et les canalisations ne fonctionnent plus correctement. La situation juridique prévoit toutefois de n'indemniser financièrement que les dommages totaux.
Un fonds de solidarité de plusieurs millions de francs a été mis en place pour les personnes touchées, afin de couvrir ces dommages. Celui-ci ne pourra toutefois être débloqué que si le village ne glisse pas de plus de 10 cm par an, un objectif qui ne pourra être atteint que dans plusieurs années.