Après 14 ans de bons et loyaux services, Ueli Maurer cède son siège de ministre des Finances au Conseil fédéral. Une aubaine pour plusieurs politiciens et politiciennes de l'UDC, qui pourront enfin tenter leur chance sous la coupole. Celui ou celle qui souhaite accéder aux leviers du pouvoir doit se montrer prêt dès maintenant.
Mais attention, la concurrence est féroce. Au départ ils seront une poignée, à la fin il n'en restera qu'un! Le chemin jusqu'à l'élection du 7 décembre est semé d'embûches. Blick fait le point sur les principales étapes à franchir pour atteindre l'Olympe politique.
Après la démission
À l'annonce d'une démission comme celle d'Ueli Maurer, l'important est de garder son calme. Celui qui annonce son intérêt trop vite prend le risque de ne même pas être retenu par son parti et de traiter cela comme un fardeau ensuite.
Celui ou celle qui a des ambitions, doit d'abord évaluer ses chances, dans ses propres rangs comme auprès des autres groupes parlementaires. «Je dois y réfléchir» ou «Je dois analyser la situation avec ma famille et mon parti» sont des formules qui ont largement fait leurs preuves. Les futurs candidats doivent éviter de se lancer dans des confidences, cela leur permet de garder l'intérêt des médias.
Des déclarations telles que «Je n'y ai encore jamais réfléchi», comme celle de la directrice de la santé zurichoise Natalie Rickli, sont cependant à proscrire. Elles ont peu de crédibilité, surtout si l'on considère que l'UDC a déjà été pressentie plusieurs fois comme une candidate potentielle.
Se hâter lentement
Nuance de taille, le temps de la recherche d'un candidat semble toutefois être celui du mensonge. Ce n'est pas parce que l'un d'entre eux affirme ne pas être intéressé que c'est forcément le cas. Ils peuvent se laisser convaincre. Le faire alors pour le parti ou - encore mieux - pour le pays, est un argument considérable.
Comme lorsqu'un joueur de foot arrive dans une nouvelle équipe, les candidats doivent se soumettre à une sorte de visite médicale avant de se lancer dans la course. Sauf qu'au lieu de contrôler le cœur ou le souffle, on vérifie plutôt si ceux-ci trainent de potentielles casseroles. La commission de sélection les examine sous toutes les coutures. Et la sentence est irrévocable.
Sont-ils vraiment blanc comme neige? Si non, la porte est par là. Comme lors d'un entretien d'embauche, la motivation est également testée. Réponses attendues: la volonté de se concentrer sur des défis professionnels, la représentation de son canton ou de sa famille politique.
L'annonce
Quelle est la meilleure façon d'annoncer sa candidature? En tant que Tessinois, le président de la Confédération Ignazio Cassis avait été critiqué à l'époque pour avoir choisi un journal suisse alémanique. Les candidats ont donc tout intérêt à choisir un journal local, ancré dans leur région d'origine.
De plus, les futurs conseillers fédéraux ne doivent pas lorgner un département en particulier. La règle est simple: dernier arrivé, dernier servi. Une phrase pleine d'humilité est donc de mise: «Pour moi, n'importe quel département serait un défi passionnant.»
Bûcher et faire des courbettes
Une fois les obstacles de la commission de recrutement interne au parti et du groupe parlementaire franchis, les choses sérieuses commencent. Le candidat doit maintenant faire face non seulement aux autres partis, qui sont censés l'élire, mais aussi au public.
Pour les alémaniques, de bonnes notions de français sont les bienvenues. Avouons-le, nous aimons toujours bien les tester et il est important pour nous de constater qu'ils savent s'exprimer dans notre langue. Un peu d'Italien ne fait pas de mal non plus.
Rester flexible
Place ensuite aux auditions auprès des autres groupes. Une certaine ouverture et flexibilité par rapport à ses principes politiques est une nécessité, sans oublier toutefois la ligne de son propre parti.
Ensuite ont lieu les apparitions publiques. La population ne peut certes pas voter pour les candidats, mais une bonne présentation extérieure fait également son petit effet au Parlement. Sur la scène publique, le charisme, l'esprit et la répartie sont d'une importance cruciale. Savoir quand il vaut mieux se taire aussi d'ailleurs.
Vous l'aurez compris, se faire élire au Conseil fédéral est un exercice d'équilibriste. Alors, prêts à relever défi?
(Adaptation par Thibault Gilgen)