Un atout marketing en jeu
Aldi et Lidl en concurrence pour le salaire minimum le plus élevé dans le commerce

Aldi et Lidl font tous les deux de leur salaire minimun – en argumentant qu'il serait le plus haut de Suisse – un atout marketing. Qui dit vrai? La réponse n'est pas si simple.
Publié: 19.02.2023 à 21:58 heures
Lidl Suisse a récemment augmenté le salaire minimum de ses employés.
Photo: Keystone
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Ulrich Rotzinger

Un salaire minimum à temps plein de 4500 francs pour tous les employés en Suisse, avec treizième salaire. C'est ce que promet une succursale de Lidl en Thurgovie. Elle en a même fait un atout marketing. Dans un communiqué daté de cette semaine, le détaillant se targuait de proposer «le salaire minimum le plus élevé de la branche». Problème: Aldi Suisse fait la même déclaration.

Face à celles-ci, certaines voix se lèvent. Selon des lecteurs de Blick, il s'agirait de poudre aux yeux de la part des deux discounters, d'un «emballage trompeur en matière de publicité». De plus, chez Lidl et Aldi, les listes de salaires ne comporteraient pratiquement que des employés à temps partiel. «Plein salaire, une farce», s'insurge un commentateur.

Alors réalité ou mauvaise blague publicitaire? La vérité se situe entre les deux, comme le montre une enquête de Blick. Le fait est que la majorité des employés du commerce de détail travaillent effectivement à temps partiel.

Aldi reste confidentiel sur le nombre d'employés et leur taux d'occupation. Lidl choisi plutôt la transparence: environ la moitié de tous ses employés travaillent à un taux de 80 à 100%. Selon le porte-parole Mathias Kaufmann, plus de 40% travaillent à temps partiel, de 40 à 70%. Ce sont surtout des étudiants et des intérimaires qui travailleraient à un taux d'occupation de 30% ou moins. Cela concerne environ 10% de l'effectif.

Aldi et Lidl renoncent aux employés payés à l'heure

Autre point intéressant: les deux sociétés indiquent qu'elles n'emploient personne sur une base horaire. «Chacun a par conséquent un revenu fixe, ce qui apporte une plus grande sécurité, surtout pour les employés à temps partiel», explique le porte-parole de Lidl. Les deux enseignes soulignent que le travail à temps partiel est un besoin, essentiellement chez le personnel de vente et les collaborateurs ayant une famille. Le syndicat Syna, partenaire social de Lidl, soutient cette position.

Néanmoins, en comparaison, le salaire d'Aldi est plus élevé. Alors pourquoi Lidl fait-il de la publicité contraire? «Tout ce que nous mettons en avant ici est fixé par contrat et contrôlé par les syndicats, argumente le porte-parole. Nous avons définitivement le salaire minimum le plus élevé de la branche couvert par une CCT. Indépendamment du taux d'occupation, il est entièrement assuré par la LPP.» Le groupe renonce à la déduction de coordination habituelle, ce qui n'est pas le cas chez Aldi, selon Mathias Kaufmann.

Migros et Coop à la traîne

La Société suisse des employés de commerce et le partenaire social Syna le confirment. Lidl assure ses collaborateurs dans le deuxième pilier (LPP) dès le premier franc gagné. «Le salaire n'est pas trompeur», déclare le secrétaire central de Syna Fabian Lusser, qui a participé aux négociations salariales avec Lidl. Un emploi à temps partiel de 40, 60 ou même 80% est «nettement mieux rémunéré que dans les autres commerces de détail en Suisse».

La course au salaire minimum le plus élevé n'impressionne pas les concurrents Denner, Migros et Coop. Ils sont pourtant à la traîne. Les deux géants orange rétorquent qu'il n'y a pas que le salaire minimum qui compte, mais aussi les prestations sociales, les participations aux bénéfices, les conditions spéciales et autres avantages pour les collaborateurs.

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