Le CEO de Coop, Philipp Wyss, a passé le week-end dernier sur les hauteurs du col de la Bernina. Ce sportif passionné s’est essayé au kiteski. Mais le patron n’est pas le seul à avoir le vent en poupe: Coop a connu une bonne année en 2022. Le détaillant a progressé dans presque tous les secteurs et a réalisé un bénéfice élevé. Mais quelques turbulences attendent le distributeur dans les mois à venir.
L’inflation en Suisse s’accélère depuis le début de l’année, Coop a déjà annoncé de nouvelles hausses de prix. Quels produits ou groupes de produits seront affectés?
Je m’attends à un renchérissement d’environ 1,4% cette année. L’impact de l’inflation sur l’assortiment des supermarchés Coop se situe à peu près au même niveau que l’année dernière, c’est-à-dire peu élevé. Comme par le passé, nous communiquerons chaque semaine l’évolution des prix en détail.
Coop a réalisé un bénéfice de 562 millions de francs. Au lieu d’augmenter les prix des produits, vous pourriez envisager de les baisser.
Pour nous, en tant que société coopérative, il est important de ne pas distribuer le bénéfice, mais de le répercuter sous forme de baisse des prix. L’année dernière, Coop a supporté elle-même 250 millions de francs de coûts supplémentaires en matière d’énergie, de transport, d’emballages, entre autres, sans conséquence sur les prix. Par ailleurs, nous continuons à investir dans le développement durable et dans de nouveaux magasins.
Au vu des défis à relever, ne serait-il pas plus judicieux de réduire le nombre de sites?
Nous voulons poursuivre notre croissance et atteindre les 1000 points de vente, ce qui nécessite encore 40 points de vente supplémentaires. Pour cela, nous nous étendons également dans des régions périphériques, comme maintenant dans le Val Verzasca.
La classe moyenne, votre clientèle, fait de plus en plus attention à ses dépenses. Ne le ressentez-vous pas au niveau des ventes dans vos supermarchés?
Nous avons bien commencé l’année. Le segment bio connaît aussi une croissance réjouissante. Je suis confiant pour l’année 2023.
Il y a quatre ans, vous avez mis davantage l’accent sur la gamme Prix Garantie et vous avez développé l’assortiment de manière conséquente. N’était-ce pas trop tard?
Non, grâce à cette offensive, nous avons désormais le plus grand assortiment de produits à bas prix de Suisse. Avec la même qualité et les mêmes tarifs que dans les discounters traditionnels.
Cela ressemble à une déclaration de guerre.
Selon une comparaison de prix effectuée par un organisme externe, notre ligne Prix Garantie occupe la troisième place dans le segment des discounters. Juste derrière Aldi et Lidl, mais devant Denner et Migros.
Vous êtes boucher de formation. La Suisse manque de personnel qualifié dans le secteur. Comment expliquez-vous cette tendance?
Les spécialistes comme les bouchers ont toujours fait défaut. Mais nous pouvons compter sur une très grande loyauté de nos collaborateurs et nous continuerons à organiser des formations dans nos propres campus.
Jelmoli est en train de fermer. Les grandes surfaces sont considérées comme un modèle en voie de disparition. Comment voyez-vous l’avenir de vos centres commerciaux?
Seuls les bons centres commerciaux peuvent survivre. C’est pourquoi nous investissons chaque année environ un milliard de francs dans nos centres commerciaux en Suisse. La prochaine étape est la transformation du Letzipark à Zurich, à laquelle s’ajoute l’ouverture d’un centre commercial à Bienne. Nous sommes convaincus que les centres commerciaux ont un bel avenir devant eux.
Manor doit être mis en vente. Envisagez-vous d’acheter d’autres grandes chaînes de magasins?
Ce n’est pas à l’ordre du jour actuellement. Mais si quelque chose devait arriver sur le marché, nous l’examinerions, bien entendu.