La Thaïlande est une destination d'émigration très appréciée des Suisses. Le faible coût de la vie, le climat agréable, l'immobilier bon marché et les régimes fiscaux avantageux attirent.
Mais les changements concernant ce dernier point sont source d'incertitude. Selon une nouvelle réglementation entrée en vigueur le 1er janvier 2024, les revenus perçus à l'étranger et transférés en Thaïlande seront désormais imposés. Néanmoins, les revenus perçus avant le 1er janvier 2024 ne le seront pas. Selon la situation actuelle, la progression de l'imposition pour les particuliers résidant en Thaïlande – définie comme «un séjour d'au moins 183 jours par an en Thaïlande» – se présente ainsi:
Revenu imposable (THB/CHF) | Taux d'imposition (%) |
0-150'000 baht (0-3600 francs) | exonéré d'impôt |
150'000-300'000 baht (3600-7200 francs) | 5 |
300'000-500'000 baht (7200-12'000 francs) | 10 |
500'000-750'000 baht (12'000-18'000 francs) | 15 |
750'000-1'000'000 baht (18'000-24'000 francs) | 20 |
1'000'000-2'000'000 baht (24'000-48'000 francs) | 25 |
2'000'000-5'000'000 baht (48'000-120'000 francs) | 30 |
Plus de 5'000'000 baht (plus de 120'000 francs) | 35 |
A noter: Comme en Suisse, des déductions sont possibles en Thaïlande. Par exemple pour les frais de santé, pour le conjoint qui ne travaille pas, pour les enfants qui vont à l'école ou pour les soins apportés à des membres de la famille âgés/handicapés. Ces deux derniers points sont toutefois peu probables, du moins pour les personnes ayant atteint l'âge de la retraite.
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L'imposition est considérable
Prenons un exemple de calcul. Le revenu mensuel de l'AVS et de la caisse de pension s'élève à 4000 francs, ou 166'000 bahts. Selon le modèle ci-dessus, cela correspondrait à un taux d'imposition de 25%. Après déduction des franchises pour les frais de santé et pour le conjoint sans activité lucrative – mais sans autres déductions – il resterait une charge fiscale de 308'000 bahts, soit environ 7400 francs par an.
Il reste donc environ 15% d'imposition – une valeur comparable à la charge fiscale suisse. La charge fiscale est certes individuelle, c'est pourquoi il est recommandé de faire appel à un conseiller fiscal en Thaïlande.
Une petite faille subsiste: il existe toujours des exonérations fiscales pour les donations à des proches ou les pensions alimentaires versées aux conjoints et aux enfants. Dans ces cas, jusqu'à 20 millions de bahts (480'000 francs) par an sont exonérés d'impôts.
Une promesse électorale est-elle financée?
Mais pourquoi ce changement dans la fiscalité? Formellement, elle a été présentée comme une règle d'«équité», afin de combler une lacune: Celui qui a transféré des revenus qui n'ont pas été perçus l'année en question n'a pas été imposé auparavant.
Les mauvaises langues affirment en revanche que le gouvernement doit financer une telle promesse électorale. Le parti du Premier ministre Srettha Thavisin veut verser 10'000 bahts (240 francs) à chacun des 50 millions de Thaïlandais au quatrième trimestre 2024 via un «Digital Wallet». Et ce, pour stimuler l'économie.
Réactions mitigées des expatriés
Blick a reçu de nombreuses réactions à la suite de cette nouvelle règlementation. Presque tous les témoignages sont à l'unisson: «Il peut encore se passer beaucoup de choses avant que l'imposition ne soit effective.» Les formulaires pour la déclaration d'impôts devraient être disponibles en décembre 2024. La date limite de dépôt de la déclaration d'impôt est fixée au 31 mars 2025.
Nous avons contacté le retraité suisse Koni M.* qui vit à Hua Hin, en Thaïlande. Il souhaite rester anonyme «parce que les autorités fiscales thaïlandaises lisent». Pour sa part, il envisage les changements avec «sérénité». Mais il sait que le sujet inquiète cette région, où vivent de nombreux expatriés suisses. «Je sais que des Suisses veulent déménager à cause de cela.»
Selon lui, ce sont surtout ceux qui, malgré leur retraite suisse, s'en sortent plutôt difficilement en Thaïlande ou, ceux qui ont des revenus très élevés. «Le capital est flexible.» Il ne s'attend toutefois pas à ce que les expatriés suisses reviennent en Suisse. «Il est presque sûr qu'ils resteront en Asie, et s'installeront en Malaisie, où il existe, du moins provisoirement, une exonération fiscale sur les revenus de source étrangère.»
Le retraité présume que la Thaïlande n'a pas encore dit son dernier mot: la nouvelle réglementation n'est pas encore une loi. Si cette décision a des effets secondaires indésirables tels que la baisse des prix des maisons ou le chaos administratif, l'ancienne réglementation pourrait être réintroduite.
*Le nom a été modifié par la rédaction