Victimes d'un faussaire
Cinquante Suisses innocents ont été bannis de Thaïlande pour 99 ans!

Ils n'ont rien fait de mal, mais ne peuvent pourtant plus se rendre en Thaïlande pendant 99 ans. L'arnaque des visas falsifiés révélée par Blick en septembre impacte une cinquantaine de Suisses. Les personnes lésées exigent des réponses.
Publié: 15.03.2024 à 11:47 heures
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Douze victimes se présentent devant Blick.
Photo: Sandro Zulian
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Sandro Zulian

Ils aiment la Thaïlande par-dessus tout. Pourtant, ils ne peuvent plus y retourner. Les 50 Suisses et Suissesses de cette histoire ont tous été interdits d'entrée pendant 99 ans. Et ce, bien qu'ils aient des amis, de la famille, des maisons et des voitures en Thaïlande – et qu'ils soient complètement innocents. Un groupe d'entraide a été mis en place pour ces bannis de la Thaïlande.

L'une d'entre eux est Paula Fuster, 70 ans, d'Appenzell. «Nous n'avons pas été autorisés à entrer dans l'avion à l'aéroport de Zurich», dit-elle, déçue. La chaleur, le soleil et les collègues sont les raisons pour lesquelles elle et son mari aiment tant aller en Thaïlande. «Je suis terriblement en colère. Je n'ai pas envie de continuer à en parler», conclut-elle.

Beat Wieser est dans le même cas. Il s'est rendu plus de 20 fois en Thaïlande par le passé. «Depuis que je ne pouvais plus skier, la Thaïlande était tout simplement la meilleure destination pour moi! J'adorais le soleil et le sable!» Ce qui lui convient moins, c'est que lui et sa partenaire thaïlandaise doivent vivre séparés depuis presque deux ans. «Je n'arrive pas à y croire!» s'énerve-t-il auprès de Blick.

Et ils ne sont pas seuls. En septembre dernier, Blick rendait publique l'histoire de Franz Lonardi. Fin 2022, il a été soudainement arrêté en Thaïlande, menotté et conduit dans un transport de prisonniers vers un centre de détention en vue de son expulsion. Les autorités thaïlandaises l'ont retenu prisonnier pendant huit jours, jusqu'à ce qu'il puisse finalement racheter sa liberté à prix d'or et quitter le pays.

Après à la parution de l'article, il a tenté de retrouver d'autres personnes concernées. C'est comme ça qu'il a réuni les 50 personnes dans un groupe Whatsapp. Leur objectif: repartir bientôt en Thaïlande.

Des visas falsifiés

S'ils sont sur liste noire, c'est la faute de Justus M*. Cet Allemand, qui commandait des visas depuis Dornbirn en Autriche en tant que consul honoraire, a agi de manière frauduleuse. Il prenait les visas à Vienne plutôt qu'à Berne pour les Suisses, et falsifiait pour cela les attestations d'enregistrement communales des citoyens.

Les autorités thaïlandaises s'en sont aperçues, ont signalé les falsifications à la police autrichienne et ont banni du pays tous les voyageurs. Devant le tribunal, Justus M. a déclaré en janvier: «J'ai voulu aider les gens pour qu'ils puissent se rendre rapidement en Thaïlande.» Le tribunal a condamné l'ex-consul honoraire à une amende de 10'500 euros.

L'acte d'accusation contre Justus M. énumère 21 personnes concernées. «On peut toutefois supposer qu'un nombre plus grand de faux bulletins de déclaration ont été établis et utilisés pour déposer des demandes de visas thaïlandais», écrit le parquet à ce sujet.

«Nous nous sentons floués et tristes»

Viktor Greutmann et sa femme Iris ont été surpris à la frontière cambodgienne. «Ils nous ont tout de suite arrêtés.» Ils ont dû quitter le pays dans les 12 heures. Ils ont laissé tous leurs biens dans leur appartement de vacances et ont quitté le pays.

Les dégâts sont considérables: Environ 6500 francs. «Nous nous sentons floués et tristes», déplore Iris Greutmann. Le mari souffre de rhumatismes sévères, le climat du pays lui fait du bien. De plus, le couple a un fils qui vit depuis 22 ans avec une femme thaïlandaise. «Nous ne pouvons même pas rendre visite à notre petit-fils!», se plaint Viktor Greutmann.

«Quand on a des ennuis avec les autorités thaïlandaises, c'est très difficile à rectifier, explique-t-il. Même si on est innocent.»

L'ex-consul demande pardon

«Je suis infiniment désolé de ce qui s'est passé, je souffre personnellement beaucoup de la situation» écrit l'ex-consul honoraire condamné, Justus M.*, à la demande de Blick. Il admet: «L'erreur a été d'indiquer dans les demandes de visa électronique des domiciles autrichiens inexistants ainsi que leurs confirmations, afin de dévier le traitement des demandes de visa de Berne ou Munich/Francfort vers Vienne.»

Selon lui, le traitement des demandes de visa via Berne ou, pour les citoyens allemands, via Francfort, était très laborieux par le passé et prenait beaucoup trop de temps.

L'ambassade de Thaïlande reste silencieuse

Mais il considère que l'ambassade de Thaïlande à Vienne est également responsable de la situation actuelle. «Ils savent très bien qu'aucune des personnes concernées n'était au courant ou n'était elle-même responsable. Malgré cela, les personnes concernées restent sur liste noire.» Selon ses propres dires, l'Allemand tente actuellement de réparer ses erreurs. L'avenir nous dira si ses efforts seront efficaces.

Ni l'ambassade de Thaïlande à Vienne ni celle de Berne n'ont fait de commentaires à Blick. Interrogé, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) écrit: «L'ambassadeur de Suisse à Bangkok est intervenu à plusieurs reprises, par écrit et oralement, auprès des autorités thaïlandaises pour obtenir la levée de la liste noire. D'autres interventions sont prévues dans les prochaines semaines.»

*Le nom a été modifié 

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