«J'ai dormi à même le sol»
Un Suisse croupit huit jours dans une prison thaïlandaise par erreur

Victimes d'une escroquerie, plusieurs Suisses ont été arrêtés, placés en détention puis expulsés de Thaïlande. L'un d'entre eux, Franz Lonardi, raconte l'enfer de son séjour en prison.
Publié: 07.09.2023 à 14:02 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2023 à 09:34 heures
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Franz Lonardi a passé huit jours cauchemadersques dans une prison thaïlandaise.
Photo: Sandro Zulian
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Sandro Zulian

Un scandale de fraude occupe actuellement la justice autrichienne – et accessoirement le ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE). Au cœur de ce scandale: une affaire de faux visas délivrés à 21 personnes.

Parmi elles, le Saint-Gallois Franz Lonardi. «J'ai été traité comme un criminel»

Franz Lonardil a fait une demande de visa à l'automne dernier, au Consulat du royaume de Thaïlande à Dornbirn, en Autriche. Coût de l'opération: près de 200 euros. Jusqu'ici, tout va bien.

Mais une fois en Thaïlande, le séjour se transforme en cauchemar. Jeté manu militari – et sans explication – dans un convoi de prisonniers, puis placé derrière les barreaux dans un centre de détention à Bangkok en vue d'une extradition, le Suisse vit un enfer: «J'ai été traité comme un criminel.» L'homme passera huit jours en détention.

Huit jours... Entouré de plus de 300 co-détenus. Franz Lonardil raconte les conditions dans lesquelles il a survécu: «J'ai dû dormir dans une immense salle, à même le sol. Il n'y avait même pas de couvertures.»

Téléphone portable, documents personnels et même médicaments... Tout, absolument tout était marchandé contre de l'argent liquide. Un calvaire pour Franz Lonardi, dont la santé est fragile.

Il paie 8000 francs pour retrouver sa liberté

Après huit jours de prison, Franz Lonardi retrouve finalement la liberté. Mais celle-ci a un prix: 8000 francs, payés à une avocate thaïlandaise spécialisée dans l'assistance aux Suisses de Thaïlande. Les frais du vol retour sont également à sa charge.

Franz Lonardi est désormais sur la liste noire en Thaïlande pour 99 ans et ne pourra s'y opposer que dans cinq ans.

De retour au pays, l'homme tient à savoir ce qui lui a valu ce calvaire et commence alors des recherches. Et là, surprise: il découvre que sept autres personnes originaires, elles aussi, de Suisse ont rencontré le même problème en Thaïlande.

Au bout d'un certain temps, le Suisse finit par comprendre ce qui lui a valu une incarcération, puis une expulsion: il détenait un visa vraisemblablement faux, ce qu'il ne savait pas.

Victime d'une escroquerie

C'est le Consul honoraire de Thaïlande, un certain Justus M.*, qui aurait délivré les faux visas.

La police autrichienne a ouvert une enquête contre lui. Dans la plainte pénale, Justus M*. est accusé d'escroquerie, de falsification de documents officiels et d'enrichissement grâce à la fraude: «Il est reproché à l'accusé d'avoir envoyé, par voie électronique, 21 documents falsifiés qu'il avait lui-même établis», écrit Dietmar Nussbaumer, juge au tribunal régional de Feldkirch.

Justus M*. doit désormais répondre de ses actes devant une cour de justice. La date de son procès n'a pas encore été fixée, mais l'homme a toutefois été écarté du corps diplomatique thaïlandais peu après l'arrestation puis l'expulsion de Franz Lonardi.

Et le DFAE, dans tout ça?

Interrogé, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) assure que la Suisse a fait tout ce qui était possible pour aider les personnes lésées en Thaïlande. La porte-parole Léa Zürcher écrit: «L'ambassade de Suisse à Bangkok est intervenue à plusieurs reprises, par écrit et oralement, auprès des autorités thaïlandaises dans ce contexte. De même, dans deux cas, l'ambassade a fourni un soutien consulaire aux citoyens suisses qui se trouvaient en détention en vue de l'extradition suite à des problèmes de visa et est en contact avec les autorités compétentes.»

*Nom modifié

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