Quatre ans et demi après être sorti du trolley, Ambroise* est toujours en colère. «Je suis encore amer: je me suis ramassé une amende de 100 francs parce que j’avais pris mon billet quatre secondes trop tard!» C’était en février 2019, le Genevois, qui souhaite garder l’anonymat, rentrait de vacances et ne savait pas ce qui l’attendait en arrivant à la gare Cornavin.
Voilà ses tourments rallumés par un article publié par Blick — sous le titre «Billet acheté 15 secondes trop tard… 130 francs d’amende!» — publié le 5 août. Un sujet décidément très cher à notre média bilingue puisque, le 4 mars, nous publiions un autre récit de la même trempe: «Il achète son billet de train cinq secondes trop tard? 115 francs d’amende!»
Dans ces deux cas, les CFF se sont montrés magnanimes. Rabais de 100 francs pour l’un, annulation de la prune pour l’autre.
Le règlement, c’est le règlement
Ambroise n’a pas eu cette chance: il a eu affaire aux Transports publics genevois (TPG). «J’avais des gros sacs, raconte-t-il à Blick, ce mardi. Il y avait beaucoup de monde, j’avais sorti mon téléphone, j’étais monté dans le bus et j’avais payé mon billet par SMS alors que j’étais déjà à l’intérieur.»
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Lors du contrôle, la machine se fâche: le ticket n’est pas valable. «Le ton est monté: j’ai tenté d’argumenter que j’avais payé mon titre de transport plusieurs minutes avant et que ça prouvait ma bonne foi, mais rien n’y a fait. J’ai envoyé un mail de réclamation. La réponse que j’ai reçue était lunaire! Et ils ont refusé d’entrer en matière!»
Le trentenaire l’a fait lire à Blick. Argument central: selon les dispositions réglementaires des TPG, chaque voyageuse ou voyageur doit s’assurer de posséder un billet avant de monter à bord. «Dans le cas que vous nous soumettez, nous constatons que vous n’avez manifestement pas respecté cette consigne qui fait partie intégrante de nos conditions de transport, lui écrit une employée du service des constats.»
«C’est une absurdité!»
Et l’entreprise parapublique de lui présenter un déroulé très précis des faits. «Grâce notamment aux relevés GPS du véhicule ainsi que ceux des achats de billets SMS, nous relevons que vous avez commandé votre SMS ticket à 10h48 et 25 secondes et que vous l’avez reçu instantanément, mais alors que le bus avait déjà fermé ses portes à 10h48 et 21 secondes.» Quatre secondes s’étaient écoulées. «A la lueur de l’ensemble de ces éléments, nous ne serons malheureusement pas en mesure d’accéder à votre demande et maintenons votre constat.»
Notre lecteur est abasourdi. «Quatre secondes… C’est une absurdité! Normalement, les TPG auraient dû se rendre compte que ma volonté n’était pas de resquiller. Le pire, c’est qu’à l’avenir, je pourrais être considéré comme un récidiviste. Je n’ai pas fait recours plus loin parce que je savais que je n’avais aucune chance.»
Tolérance zéro, en 2023 aussi
À lire la nouvelle prise de position des TPG, sollicités le 29 août par Blick, Ambroise a sûrement eu raison. La tolérance zéro règne en maître. «Depuis 2019, notre pratique n’a pas changé, informe d’abord François Mutter, porte-parole. Ce qui importe, c’est le respect de nos dispositions.» À savoir: il faut avoir un billet avant de monter dans le tram. «La raison d’être de cette règle est d’éviter la tentation pour certains de prendre un billet uniquement à la vue de notre personnel de contrôle», rappelle le responsable des affaires publiques, dans un courriel, ce jeudi matin.
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La règle est la même dans toute la Suisse, mais certains opérateurs sont plus souples et peuvent entrer en matière lorsqu’un billet a été acheté en ligne quelques secondes après le départ du véhicule. Aux TPG, «il a été décidé d’établir la limite à zéro seconde, écrit le communicant. Toute autre limite (à 4 secondes ou à 10 secondes, par exemple) n’aurait pas été aussi claire et simple à respecter.»
Il s’agit par ailleurs d’être équitable, appuie François Mutter. «Si vous vous référez aux distributeurs automatiques de titres de transport, nos usagers et nos usagères ne quittent pas un distributeur automatique avant d’avoir reçu leur billet imprimé. Ils ne peuvent pas prétexter auprès du personnel de contrôle le fait qu’ils n’ont eu pas le temps d’attendre l’impression de leur billet par un distributeur.»
*Prénom d’emprunt