Thomas Süssli s'attire les foudres de l'UDC
«Aucun soldat suisse n'a sa place en Ukraine»

La Suisse pourrait participer à une éventuelle mission de paix de l'ONU en Ukraine. Une idée qui ne convainc pas l'UDC. Mais il y a aussi des voix positives de la part de politiciens spécialisés dans la sécurité.
Publié: 23.02.2025 à 19:02 heures
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Le chef de l'armée suisse, Thomas Süssli, indique que 200 soldats pourraient être envoyés en Ukraine.
Photo: Philippe Rossier
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Ruedi Studer

Le président américain Donald Trump cherche à se rapprocher de la Russie et insiste pour qu'un accord de paix soit rapidement signé en Ukraine. Dans ce cas, le déploiement de troupes de maintien de la paix à la frontière entre l'Ukraine et la Russie deviendrait également un sujet de discussion.

La Suisse pourrait bien participer à une telle mission. «Nous pourrions probablement fournir environ 200 soldats dans neuf à douze mois», déclare le chef de l'armée Thomas Süssli à Blick.

Mais cela ne serait possible que dans le cadre d'un mandat de l'ONU en tant que mission de maintien de la paix, si le Conseil fédéral et le Parlement donnaient leur feu vert. Actuellement, des soldats suisses sont déjà engagés pour la promouvoir la paix au Kosovo, en Bosnie, en Corée du Sud et au Proche-Orient.

«Au Kosovo, les militaires suisses prennent par exemple le pouls au sien de la population», explique Thomas Süssli. Sur le Golan, au Proche-Orient, des troupes comprenant des observateurs militaires suisses surveilleraient les sections de la frontière. «Dans le domaine de la logistique et des services sanitaires, l'armée suisse est bien positionnée.»

«Pas de missions douteuses à l'étranger»

Le conseiller national UDC David Zuberbühler s'oppose catégoriquement à un tel déploiement en Ukraine: «Aucun soldat suisse n'a sa place en Ukraine – pas plus qu'au Kosovo ou ailleurs.» David Zuberbühler est convaincu que les déclarations de Thomas Süssli donneront certainement lieu à des discussions au sein des commissions de politique de sécurité.

Selon l'UDC, le chef de l'armée devrait moins s'occuper de potentiels engagements à l'étranger et plutôt combler les déficits massifs de sa propre armée. «Malgré les efforts de ces dernières années, l'armée suisse reste loin de disposer d'un équipement complet, ce qui met massivement en péril sa disponibilité opérationnelle et remet sérieusement en question la capacité de défense du pays en cas d'urgence», affirme l'élu appenzellois. 

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Avant de spéculer sur un engagement à l'étranger en Ukraine, il faut donc se concentrer sur le renforcement de la capacité de défense nationale
David Zuberbühler, conseiller national UDC
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Dans le même temps, l'armée perd chaque année plus de 11'000 militaires, dont une grande partie part au service civil. Une évolution qui menacerait considérablement la capacité d'engagement de l'armée et donc la sécurité du pays. «Avant de spéculer sur un engagement en Ukraine, il faut donc se concentrer sur le renforcement de la capacité de défense nationale, et non sur des missions douteuses et coûteuses à l'étranger», souligne David Zuberbühler.

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La Suisse devrait se montrer solidaire et utiliser ses capacités éprouvées en matière de promotion de la paix également en Ukraine
Priska Seiler Graf, conseillère nationale PS
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«Ce serait judicieux et approprié»

La conseillère nationale PS Priska Seiler Graf serait en revanche «très favorable» à une intervention en Ukraine, comme elle l'explique. «La Suisse devrait se montrer solidaire et utiliser ses capacités éprouvées en matière de promotion de la paix également en Ukraine.»

Mais il est également clair pour un pays neutre qu'il ne peut s'agir que d'engagements de maintien de la paix sous mandat de l'ONU. «Mais nous n'en sommes malheureusement pas encore là», estime-t-elle en faisant référence à la guerre qui dure depuis trois ans.

Un avis que partage le conseiller aux Etats PLR Josef Dittli: «En tant que force de paix sous mandat de l'ONU, ce serait judicieux et approprié.» Pour ce qui est de l'éventail des missions, il voit l'exemple du Kosovo comme une option, «donc principalement un soutien logistique». Josef Dittli ne s'attend pas non plus à une solution de paix rapide. «Il faudra sans doute attendre encore un peu avant d'en arriver là».

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