Le boss de l'armement suisse tire la sonnette d'alarme
«La Suisse croit qu'elle vit encore dans un monde parfait»

La Suisse n'a pas pris la mesure des menaces géopolitiques qui planent sur elle. C'est en tout cas ce que pense le chef d'Armasuisse Urs Loher. Ce dernier réclame davantage d'argent pour l'armée, afin que la Suisse puisse suivre le rythme des autres pays.
Publié: 09.12.2024 à 18:00 heures
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Le chef de l'Armasuisse Urs Loher (à gauche) avec la ministre de la Défense Viola Amherd et le chef de l'armée Thomas Süssli, en route pour une conférence de presse.
Photo: keystone-sda.ch
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Sven Altermatt

Le thriller budgétaire se poursuit au Palais fédéral: après le Conseil national, c'est au tour du Conseil des Etats de décider s'il souhaite – ou non – accorder plus d'argent à l'armée. Alors que les débats font rage, le chef de l'Office fédéral de l'armement (Armasuisse) y est allé lui aussi de son intervention.

Pour Urs Loher, qui dirige l'office depuis un peu plus d'un an maintenant, le constat est sans appel: face aux menaces géopolitiques de notre temps, notre pays ferme les yeux. «La Suisse croit qu'elle vit encore dans un monde parfait», regrette-il dans une interview accordée à nos confrères de la «NZZ». Certes, «il y a eu un bref réveil en 2022, lorsque la Russie a attaqué l'Ukraine», mais «nous sommes ensuite retournés dans notre lit et avons continué à rêver.»

La Suisse est-elle à la traine?

Le message d'Urs Loher est clair: si la Suisse ne se réveille pas, elle pourrait se retrouver à la traîne vis-à-vis des autres Etats en matière de politique de sécurité. Des pays comme la Pologne et la Lettonie partent du principe que la Russie pourrait être prête à étendre la guerre d'ici à 2027, et l'Allemagne prévoit la même chose pour 2028.

L'homme fort de l'armement suisse rappelle que la position qui prévaut dans l'ensemble de l'Europe est «qu'il faut rapidement faire de grands pas en avant en matière de capacité de défense et de dissuasion». Alors pourquoi la Suisse n'en fait-elle pas autant?

Pour Urs Loher, les politiques doivent être mis face à leurs responsabilités: «Nous ne pouvons participer à ces grandes étapes que si nous disposons des moyens de paiement correspondants.» Mais en Suisse, même après plus de 1000 jours de guerre, on discute encore du montant à allouer à l'armée ou de la nécessité d'adapter les règles d'exportation du matériel de guerre, regrette-t-il.

Le chef de l'armement contredit les critiques

Face à la guerre en Ukraine, le camp bourgeois au Parlement souhaite augmenter le budget de l'armée plus que ne le prévoit le Conseil fédéral. D'autres, en revanche, estiment que l'armée ne saurait que faire avec tout cet argent.

Faux, répond Urs Loher, pour qui les projets ne manquent pas. «Il y a suffisamment de projets que l'on peut développer en très peu de temps.» Et c'est vrai que les projets ne manquent pas: Blick avait récemment dévoilé la liste d'achats pour l'armée élaborée par le département de Viola Amherd.

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