Fin 2023, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, avait tiré la sonnette d'alarme. Le politicien du SPD (Parti social-démocrate d'Allemagne) avait mis en garde contre une extension de la guerre en Ukraine. Bientôt, le Kremlin pourrait prendre pour cible le flanc est de l'OTAN, selon un document de son ministère, qui dresse un tableau bien sombre.
Selon ce document secret, le président russe Vladimir Poutine viserait avant tout les pays baltes. La prédiction de ce rapport est que dès le sprint final des élections américaines début novembre, Poutine pourrait faire entrer ses troupes en Estonie, en Lettonie ou en Lituanie. Cela n'a pas encore été fait. Pourtant, L'Allemagne continue de se préparer à l'éventualité d'une telle situation.
Ce pays aurait en effet un rôle particulier à jouer en cas de guerre avec la Russie, car elle servirait de plaque tournante pour des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de soldats dans le pire des cas, qui devraient être transportés vers l'Est. A cela s'ajouteraient des armes, des médicaments et de la nourriture pour les combattants.
«La Russie a commencé à préparer sa guerre»
Le quotidien «Frankfurter Allgemeine» cite une réunion de la chambre de commerce de Hambourg au cours de laquelle Jörn Plischke, lieutenant-colonel et chef du commandement régional de Hambourg, a donné des conseils concrets aux entreprises sur ce qu'il faudrait faire en cas d'attaque russe sur les pays baltes. De telles discussions auraient actuellement lieu dans tout le pays.
Selon Jörn Plischke, les survols de drones et les tentatives d'espionnage, les découvertes de stocks d'armes et les projets d'attentats contre des cadres supérieurs, le sabotage et les cyberattaques sont désormais monnaie courante en Allemagne et ne cessent d'augmenter. Lors de la réunion, son discours est sans équivoque: «La Russie a commencé à préparer sa guerre.»
Les services de renseignement allemands estiment que la Russie sera en mesure d'attaquer l'Occident d'ici quatre à cinq ans. Moscou produit actuellement 25 chars de combat par mois, l'Allemagne trois par an.
Installer ses propres éoliennes
Des conseils concrets liés à de possibles pénuries de personnel ont également été donnés. «70% de tous les camions circulant sur les routes allemandes sont actuellement conduits par des Européens de l'Est. S'il y a la guerre là-bas, où iront ces gens?», aurait fait remarquer Jörn Plischke. Sa recommandation: «Pour 100 employés, formez au moins cinq chauffeurs de camion supplémentaires dont vous n'avez pour l'instant pas besoin.»
En cas de crise, les entreprises doivent établir un plan concret, notamment pour que les employés sachent ce que l'on attend d'eux à ce moment-là. En ce qui concerne l'énergie, le militaire a demandé aux entreprises de réfléchir à la manière dont elles pourraient être autosuffisantes. Outre un générateur diesel, il serait également possible d'installer ses propres éoliennes.
Les représentants de l'économie semblent apprécier ces manifestations. «Nous devons faire prendre conscience de l'importance d'une économie bien préparée et résistante pour la défense civile et militaire de l'Allemagne», souligne Malte Heyne, directeur général de la chambre de commerce de Hambourg.