«Escalade», menace d'une «troisième guerre mondiale»: la garde rapprochée de Donald Trump a vivement dénoncé lundi la décision de Joe Biden d'autoriser l'Ukraine à frapper en territoire russe avec des missiles à longue portée de fabrication américaine. Le président démocrate Joe Biden a en effet accédé à une demande de longue date de Kiev, un revirement audacieux dans les dernières semaines de son mandat.
Cette décision, que l'administration Biden s'est gardée de confirmer publiquement, et la promesse du président sortant d'accélérer l'aide militaire à l'Ukraine, interviennent en pleine transition du pouvoir aux Etats-Unis et alors que Donald Trump et ses alliés critiquent l'aide américaine à Kiev. Elle survient surtout alors que se murmure de plus en plus le mot négociation pour tenter de mettre fin au conflit, provoqué par l'invasion russe en février 2022.
Bâtons dans les roues pour Trump
Kiev redoute d'être contraint à des négociations défavorables à l'Ukraine, sur fond d'avancées de Moscou sur le terrain. En écho du Kremlin, qui a promis une réponse «appropriée» en cas de tirs de ces missiles ATACMS contre la Russie, l'entourage de Donald Trump a accusé Joe Biden de risquer une escalade «à des fins politiques».
Lors de son briefing quotidien, le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller a indiqué que la Russie était seule responsable d'une «escalade majeure» en ayant accepté le déploiement sur son sol de milliers de soldats nord-coréens, et qu'il n'y avait «qu'un président à la fois». Mais pour les républicains proches de Donald Trump, c'est mettre des bâtons dans les roues de la prochaine administration.
«Où cela va nous mener?»
«Il s'agit d'une nouvelle étape dans l'escalade et personne ne sait où cela va nous mener», a dénoncé sur la chaîne Fox l'élu de Floride, Mike Waltz, prochain conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, un poste clé.
«Personne n'avait anticipé que Joe Biden serait responsable de l'escalade de la guerre en Ukraine pendant la période de transition. C'est comme s'il lançait une toute nouvelle guerre», a écrit sur X Richard Grenell, ancien directeur par intérim du Renseignement national pendant le premier mandat de Trump (2017-2021). «Tout a changé maintenant (...) Et tout cela pour la politique», a-t-il accusé.
Richard Grenell ne s'est pas encore vu attribuer de poste mais son nom avait circulé pour chapeauter la diplomatie américaine, avant que Donald Trump ne jette son dévolu sur le sénateur Marco Rubio.
Troisième Guerre mondiale à venir?
Pas en reste, le fils de l'ancien président, Donald Trump Jr, a dénoncé, également sur X, «le complexe militaro-industriel (qui) semble vouloir s'assurer de déclencher la troisième guerre mondiale avant que mon père n'ait la possibilité d'instaurer la paix et de sauver des vies».
Donald Trump n'a pas réagi publiquement mais son équipe de campagne a indiqué qu'il était «le seul à même d'amener les deux parties à négocier la paix et à œuvrer pour mettre fin à la guerre et les tueries», selon son porte-parole Steven Cheung.
1000 jours de guerre
Au millième jour de la guerre mardi, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, se rendra mardi au Congrès américain à Washington pour y rechercher du soutien. Car les intentions de la future administration Trump sont tout sauf claires.
L'ancien président, qui fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, a promis de mettre fin à la guerre en «24 heures» et il a remis en cause les dizaines de milliards de dollars dépensés par Washington en faveur de l'Ukraine – plus de 60 milliards de dollars en aide militaire depuis l'invasion russe.
«Comment amener les deux parties à la table des négociations pour mettre fin à cette guerre? Quel est le cadre d'un accord et qui s'assoit à cette table? C'est sur ces questions que le président Trump et moi-même allons travailler», a indiqué Mike Waltz.
Juste après son élection le 5 novembre face à la vice-présidente Kamala Harris, Trump s'était entretenu avec le président Zelensky, qui a fait part d'une «interaction constructive». En attendant, le président Biden cherche à damer le pion au futur président et à poser des marqueurs que la prochaine administration aura du mal à défaire, dans l'objectif de renforcer la position de Kiev en cas de négociations.