Le président américain Joe Biden a donné son feu vert à l'Ukraine pour utiliser des missiles à longue portée fournis par les Etats-Unis sur le territoire russe. Cette information, révélée par le «New York Times» et le «Washington Post» ce dimanche, s’appuie sur des sources anonymes au sein du gouvernement américain.
Cette décision intervient à seulement deux mois de l’investiture de Donald Trump, président élu, qui s’oppose aux livraisons d’armes à l’Ukraine et affiche sa volonté de mettre rapidement fin au conflit.
A lire aussi
La réaction de Moscou ne s'est pas fait attendre. Moscou qualifie cette éventuelle autorisation «d'escalade». Selon l'agence de presse russe Tass, Vladimir Djabarov, vice-président de la commission des affaires internationales de la chambre haute du Parlement russe, a déclaré que la décision de Biden pourrait conduire à la troisième guerre mondiale.
Washington risque «sérieusement de déclencher une troisième guerre mondiale», a également déclaré la députée de la Douma Maria Butina à l'agence de presse Reuters lundi. «L'administration Biden tente de faire dégénérer la situation tant qu'elle est encore au pouvoir.»
De son côté, Volodymyr Zelensky a exprimé sa colère face à cette fuite médiatique. «Les attaques ne se font pas avec des mots», a déclaré le président ukrainien dans une allocution vidéo dimanche. Furieux que cette décision présumée ait été rendue publique, il a ajouté: «Ce genre de choses ne s'annonce pas. Les missiles parleront d’eux-mêmes.»
Utilisation dans l'oblast de Koursk?
Selon plusieurs médias, les missiles à longue portée fournis par les États-Unis pourraient être utilisés par l'Ukraine pour cibler des soldats russes et nord-coréens dans l'oblast de Koursk. Il s’agit du système antimissile ATACMS de l’armée américaine. Un responsable du gouvernement américain aurait déclaré que le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un doit comprendre que ce déploiement a été une erreur «coûteuse».
Depuis des mois, le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclame l’accès à ces missiles pour mener des frappes sur le territoire russe, une demande soutenue par le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron. Mais jusqu’à récemment, Washington s'était opposé à une telle initiative, invoquant les risques d’escalade. De son côté, le chancelier allemand Olaf Scholz refuse toujours de livrer des missiles de croisière Taurus, malgré les pressions au sein de son propre gouvernement.
La Maison-Blanche n’a pas confirmé ni infirmé l’éventuelle autorisation d'utiliser les missiles ATACMS sur des cibles russes. Quant au président élu Donald Trump, il ne s'est pas encore exprimé sur les informations concernant la décision de Joe Biden.
Poutine a assoupli la doctrine nucléaire
Sur X, les alliés de Trump reprochent au président sortant de vouloir faire escalader le conflit juste avant la passation de pouvoir. Le fils de Trump, Donald Trump Jr., se déchaîne: «Le complexe militaro-industriel semble vouloir s'assurer que la Troisième Guerre mondiale commence avant que mon père n'ait eu l'occasion de rétablir la paix et de sauver des vies. Ces milliards doivent être sécurisés. La vie est maudite!!! Imbéciles!»
En septembre, le président russe Vladimir Poutine a averti que l’utilisation de missiles occidentaux à longue portée pour des frappes en profondeur sur le territoire russe serait considérée comme une participation directe de l’OTAN au conflit. Selon lui, seuls des militaires occidentaux possèdent les compétences nécessaires pour manier de tels systèmes d'armes, renforçant cette perception d’implication.
Poutine a également laissé entendre qu’une telle attaque pourrait, à ses yeux, justifier des frappes de représailles contre des cibles occidentales. Par ailleurs, il a récemment assoupli la doctrine nucléaire de la Russie, accentuant les inquiétudes face à une potentielle escalade du conflit.