Joe Biden est-il en train de prendre sa revanche sur Donald Trump, par Ukraine interposée? Ou cherche-t-il, plus précisément, à piéger son successeur en l’obligeant à soutenir Kiev, alors que la future administration américaine ne cache pas son désir d’entamer au plus vite des négociations avec Moscou.
Une chose est certaine: la décision du président des Etats-Unis d’autoriser l’Ukraine à utiliser pour la première fois des missiles à longue portée américains pour des frappes à l’intérieur de la Russie redonne enfin à l’armée ukrainienne assiégée un moyen de contrer l’offensive ennemie. Quelles conclusions peut-on en tirer?
Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.
Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!
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Joe Biden est fidèle à sa doctrine
L’actuel président américain a toujours estimé que Vladimir Poutine doit être, sinon battu, du moins contraint à négocier. Sa doctrine, plusieurs fois réitérée depuis le début de son mandat, en janvier 2021, a toujours été de contenir la Russie par la force. C’est Joe Biden lui-même qui, durant les semaines qui ont précédé l’assaut russe contre l’Ukraine du 24 février 2022, a donné son accord pour la divulgation publique des informations détenues par les services de renseignement américain.
«Je connais Poutine depuis plus de 40 ans, il me préoccupe depuis 40 ans», avait-il déclaré en juin, alors que le président ukrainien faisait le siège de la Maison Blanche pour obtenir l’autorisation de tirer des missiles à longue portée. Et d’ajouter: «Ce n’est pas un homme décent, c’est un dictateur, et il se bat pour assurer la cohésion de son pays tout en poursuivant l’assaut.»
Joe Biden a répondu aux Européens
La conversation téléphonique d’une heure, vendredi 15 novembre, entre le Chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine a semé un début de panique dans les couloirs du QG bruxellois de l’OTAN, l’Alliance Atlantique. Le pacifisme est-il de retour à Berlin?
Quelques jours plus tôt, son nouveau secrétaire général, l’ancien premier ministre néerlandais Mark Rutte avait au contraire appelé les 32 pays membres de l’organisation à fournir à l’Ukraine un soutien supplémentaire «pour changer la trajectoire du conflit» avec la Russie. «Nous ne devons pas nous contenter de maintenir l’Ukraine dans le combat. Nous devons augmenter le coût pour Poutine et ses amis autoritaires en fournissant à l’Ukraine le soutien dont elle a besoin pour changer la trajectoire du conflit.»
L’une des conséquences directes de la décision américaine va être de reposer la question qui fâche en Allemagne: n’est-il pas temps de livrer les fameux missiles Taurus à l’Ukraine?
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Joe Biden a l’armée américaine avec lui
L’actuel Commander in Chief a le soutien de l’Etat-major de l’armée américaine. Pour la plupart de ces hauts gradés, céder à la Russie et lâcher l’Ukraine sera interprété comme un signe de faiblesse, même si beaucoup s'inquiètent de l'état des stocks de missiles aux Etats-Unis. La conviction répandue au Pentagone est que tout signe de faiblesse exposera directement les troupes américaines déployées dans le monde à davantage de risques, notamment en provenance de la Chine.
Sur ce plan, l’actuel chef d’Etat-Major interarmes Charles Q. Brown, général d’aviation, défend une position de fermeté. «L’Ukraine est un partenaire clé de l’OTAN et est fermement attachée à la souveraineté nationale et aux principes démocratiques» a-t-il répété le 13 novembre lors d’un échange avec son homologue ukrainien Oleksander Syrskyi. Point intéressant: c’est à Donald Trump que ce général doit son ascension au sommet puisque l’ancien président l’avait nommé en mars 2020 à la tête de l’US Air Force.
Joe Biden ne contredit pas Trump
De quoi ont parlé les deux présidents lorsqu’ils se sont rencontrés à la Maison Blanche le 13 novembre? Sans doute des dossiers internationaux. Or le calendrier a de l’importance. En permettant à l’Ukraine de riposter dans de biens meilleures conditions au rouleau compresseur militaire russe, par exemple en visant des bases arrière, l’actuelle administration américaine permet un rééquilibrage des forces favorables, ensuite, à une négociation plus équitable pour Kiev.
Il ne faut pas oublier que l’autorisation accordée aux Ukrainiens d’utiliser les missiles à longue portée, connus sous le nom de systèmes de missiles tactiques de l’armée (ATACMS), a été officiellement accordée en réponse à la décision surprise de la Russie d’engager des troupes nord-coréennes dans le combat. Autre élément tactique: retarder ou contrecarrer la contre-offensive russe dans la région de Koursk tenue par les forces ukrainiennes afin de laisser à Kiev un levier territorial de négociations.
Blick in the USA, nos chroniques
Joe Biden ne veut pas être «un canard boiteux»
L’expression est connue. Et elle s’applique aujourd’hui à Joe Biden, affaibli de surcroît par son âge, ses problèmes de santé et la défaite cinglante de sa vice-présidente Kamala Harris: plus il s’approche de sa fin de mandat, plus un président américain est un lameduck, un canard boiteux.
En clair: le locataire de la Maison Blanche ne fait plus peur et n’est plus courtisé, car ses jours politiques sont comptés. Comment l’éviter? En agissant. Or l’Ukraine est le seul terrain international sur lequel Biden, grâce à ses alliés de l’OTAN, conserve un levier et une marge de manœuvre.
Côté Israël, Gaza, le Liban et l’Iran, l’affaire est entendue: Benjamin Netanyahu ne discute qu’avec Trump, dont il a le soutien total. Le milliardaire Elon Musk aurait même déjà discuté avec des émissaires iraniens! Du côté de la Chine, idem: Xi Jinping, rencontré au Pérou attend le «président élu». Volodymyr Zelensky le sait: le sort de son pays est otage de considérations bien éloignées de l’Ukraine.