L'enregistrement de la conversation secrète dure 40 minutes. On y entend des membres haut placés de l'armée allemande échanger des informations sensibles. L'enregistrement a été publié par le média de propagande russe Russia Today. La rédactrice en chef du média, Margarita Simonian, a déclaré vendredi qu'elle avait reçu ces enregistrements de la part d'officiers de sécurité russes.
Il y est notamment question de possibilités d'utilisation de missiles de croisière Taurus allemands en Ukraine. L'un des généraux estime à ce sujet que l'Allemagne pourrait mettre à disposition de l'Ukraine 50 à 100 missiles au maximum. «Mais alors, c'est la fin du monde – et cela ne changera pas la guerre», entend-on sur l'enregistrement.
Olaf Scholz réagit
Samedi, le chancelier Olaf Scholz a annoncé que l'Allemagne enquêtait de manière approfondie sur la fuite d'un enregistrement d'officiers de l'armée discutant d'éléments confidentiels concernant la guerre en Ukraine.
«Il s'agit d'une affaire très grave et c'est la raison pour laquelle elle fait désormais l'objet d'une enquête très minutieuse, très approfondie et très rapide», a déclaré Scholz à l'occasion d'une visite à Rome.
Une attaque sur le pont de Crimée discutée
Dans l'enregistrement divulgué, il est également question de savoir si les missiles Taurus seraient théoriquement en mesure de détruire le pont menant à la péninsule annexée de Crimée. Il est en outre discuté de la capacité de l'Ukraine à effectuer ce tir sans l'aide de l'armée allemande.
Et c'est là que les choses se gâtent pour le chancelier allemand Olaf Scholz: en effet, il refuse une éventuelle livraison de Taurus à l'Ukraine au motif qu'il faut des soldats allemands en Ukraine pour tirer les missiles de croisière. Dans l'enregistrement, les généraux partent toutefois du principe que les soldats ukrainiens peuvent le faire seuls.
Le ministère russe des Affaires étrangères a exigé des explications de la part du gouvernement allemand après la conversation prétendument interceptée des officiers supérieurs de l'armée allemande. «Les tentatives de contourner les réponses seront considérées comme un aveu de culpabilité», a écrit la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Moscou, Maria Zakharova, sur son canal Telegram.
Des déclarations explosives sur les alliés
Ce qui est explosif, c'est qu'il est également dit que les Britanniques ont «quelques personnes sur place» dans le cadre de l'utilisation de leurs missiles de croisière Storm Shadow livrés à l'Ukraine. Une déclaration du chancelier Olaf Scholz, que certains ont interprété comme une indiscrétion, a d'ailleurs suscité l'irritation de la Grande-Bretagne à ce sujet.
«Ce qui est fait en matière de contrôle des objectifs et d'accompagnement du contrôle des objectifs de la part des Britanniques et des Français ne peut pas être fait en Allemagne», a déclaré le politicien du SPD. Il n'a pas précisé ce qu'il entendait exactement par là.
La phrase a toutefois été interprétée par certains comme une indication que les Français et les Britanniques soutiendraient le guidage de leurs missiles de croisière Storm Shadow et Scalp livrés à l'Ukraine avec leurs propres forces.
La Russie a-t-elle intercepté d'autres informations?
Selon les informations du magazine allemand «Spiegel», les enregistrements sont authentiques. Une première analyse de la bande prouve que les officiers de la Luftwaffe ont manqué de prudence lors de la réunion. Ainsi, la réunion virtuelle n'a pas eu lieu via une ligne sécurisée, mais via la plateforme Webex, relativement facile à intercepter. De plus, au moins un des participants à la réunion se trouvait à Singapour et a probablement participé à la table ronde via son téléphone portable.
«Si cette histoire est avérée, ce serait hautement problématique», a déclaré le président de l'organe de contrôle parlementaire du Bundestag allemand au réseau de rédaction allemand (RND). «La question se pose de savoir s'il s'agit d'un événement unique ou d'un problème de sécurité structurel. J'attends des explications immédiates sur tous les tenants et aboutissants.»
Le service de renseignement de la Bundeswehr (MAD) enquête sous haute pression, le ministère de la Défense est alerté. Car dans le pire des cas, l'affaire pourrait encore prendre une ampleur considérable. Étant donné que de nombreuses réunions se déroulent via Webex au sein de l'armée allemande, cette dernière doit craindre que des services russes aient pu récupérer d'autres informations internes.