«Un obstacle de moins». C'est ce qu'aimerait Doris Fiala, conseillère nationale libérale-radicale (PLR) zurichoise, à propos du dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST). L'élue a déposé une interpellation au Conseil fédéral pour rendre les tests gratuits pour les jeunes, à l'échelle du pays. Elle s'en explique avec Blick.
«Prévenir, c'est la meilleure façon d'attaquer et de résoudre un problème», affirme au bout du fil la parlementaire, dans un excellent français. Et c'est qu'en Suisse, le «problème» est en sévère augmentation. Toutes les infections transmises sexuellement sont en hausse constante depuis plus de vingt ans — à l'exception du VIH (nous y reviendrons). Les cas de gonorrhée — aussi connue sous le pseudo de «chaude-pisse», chlamydia et syphilis ont bondi, en dix ans, entre 50 et 150%.
L'argent et la gêne
Parlons concret. Doris Fiala identifie deux facteurs freinant les jeunes au moment de se faire dépister: l'argent et la gêne.
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«Si le coût du test est inscrit dans la franchise, alors les jeunes ne se feront pas tester comme il le faudrait et autant qu'il le faudrait. Le coût est un argument fort.» L'ex-présidente des radicaux zurichois imagine des tests gratuits, par exemple jusqu'à l'entrée d'une personne dans la vie professionnelle.
Pas de différence entre les maladies
Les coûts de ces tests seraient absorbés par les caisses. Comme le dépistage du diabète, qui est gratuit en pharmacie? «Oui! Il ne faut pas faire de différence entre les maladies. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: traiter les IST est important et urgent. Et cela coûte beaucoup plus cher de soigner un malade qui n'a pas été dépisté à temps.»
Dans le système pensé par l'élue à la Chambre basse, les tests se feraient aux choix chez son médecin de famille ou discrètement, à la pharmacie. «Ça n'est pas toujours évident d'être soutenu par ses parents et leur avouer pourquoi on a besoin d'argent pour aller chez le médecin. Si le docteur connaît la famille, c'est encore pire.» Et l'élue de souligner que les pharmacies pratiquent déjà des tests pour diverses pathologies. Dans la foule, impossible de savoir qu'Untel est là pour un gratouillement mal placé.
Préservatifs gratuits
Doris Fiala va encore plus loin et espère qu'un jour, les protections telles que les préservatifs seront gratuites pour les jeunes. Les capotes pourraient être distribuées à l'université «mais pas que, tout le monde ne va pas à l'université...» Ce chapitre ne fait pas partie de son interpellation déposée mi-septembre, mais l'élue est arrivée au bout de sa carrière politique puisqu'elle ne se représentera pas après le 22 octobre.
Elle imagine l'avenir. «J'y ai beaucoup réfléchi, j'ai fait tout ce que je pouvais faire. Je ne serai pas là pour suivre la fin de ce dossier ni la réponse à mon interpellation. Je pense juste qu'on peut débattre de tout, tout calculer, certes, mais l'accès aux protections et aux tests est essentiel.»
«Cascade VIH»
À la lecture des statistiques de l'Office fédéral de la santé, on apprend en effet que les cas d'infections à chlamydia sont en hausse depuis le début des années 2000. C'est également le cas des diagnostics de gonorrhées et de syphilis. Cette dernière maladie touche principalement les hommes ayant des rapports avec des hommes, ainsi que les travailleuses du sexe. La Confédération recommande deux tests par année à ces populations à risque.
En Suisse, le nombre de diagnostics du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est en baisse depuis 2002. En 2021, 318 cas ont été déclarés, contre 1300 cas par an dans les années 1990. L’une des principales explications de ce recul est ce que les autorités nomment une «cascade VIH» durable. Soit le fait que presque toutes les personnes séropositives connaissent leur diagnostic et se font traiter efficacement et rapidement. La transmission est ainsi limitée.
La PrEP a aussi participé à la diminution du nombre de cas. Cette méthode de prévention orale, appelée prophylaxie préexposition (PrEP) a été utilisée en 2021 par au moins 4000 personnes, principalement des hommes homosexuels.