La colère gronde. La Poste a publié la liste des quelque 170 filiales qui seront fermées ou transformées d'ici à 2028 dans toute la Suisse pour faire des économies. Au total, 19 de ces bureaux se trouvent dans le canton de Vaud. Une réalité qui fait fulminer Romain Pilloud, président de la section cantonale du Parti socialiste (PS) et député au Grand Conseil.
En réaction aux annonces du géant jaune, l’élu déposera ce mardi 5 novembre un postulat, annonce-t-il en exclusivité à Blick. Du point de vue technique, son texte demande au Conseil d’Etat d’étudier la possibilité de mettre en place une stratégie de préservation des offices postaux et des prestations postales. Si besoin, en collaboration avec l’ensemble des actrices et acteurs concernés: communes touchées, organisations syndicales, milieux économiques, etc.
Mais c’est surtout l’occasion pour le socialiste de rappeler que l’enjeu ne se résume pas aux prestations postales. «Personne ne parle des emplois, clame-t-il. En fermant 19 offices dans le Canton, la Poste va déplacer des employés à Pétaouchnok, qui n’auront d’autre choix que d’accepter ou de se faire licencier. Derrière chaque office de poste qui ferme, il y a des êtres humains qui perdront leur emploi.»
Lutter contre des moulins à vent?
Que peut bien y faire le gouvernement de la libérale-radicale (PLR) Christelle Luisier Brodard? «Au-delà de simples déclarations, l’Etat doit maintenant envisager d’intervenir pour stopper l’hémorragie et s’assurer que les services postaux demeurent, même s’il doit gérer lui-même les prestations postales, assène Romain Pilloud. Le Canton doit soutenir ses communes avec une stratégie sur le long terme.»
Parlons sans tabou. En 2024, à l’ère du quasi tout numérique, ces offices ne sont-ils pas réduits à un symbole certes rassurant, mais qui coûte (très) cher? Le parlementaire du parti à la rose n’est-il pas en train de s’égosiller contre une évolution inéluctable dictée par les évolutions technologiques et les changements de modes de consommation?
L’ancien porte-parole de la Jeunesse socialiste ne l’entend pas de cette oreille: «On veut faire passer les gens qui veulent garder leur office postal pour des conservateurs déconnectés des nouvelles réalités. Mais c’est faux, bien au contraire. Moi-même, j’utilise les prestations numériques de la Poste que j’apprécie, mais elles ne sont pas accessibles pour tout le monde. L’office de poste pourrait jouer un rôle d’accompagnement vers le numérique. Ça ce serait son rôle de service au public.»
Clash des cadors socialistes
Eduquer, accompagner, lier les gens entre eux… Est-ce vraiment ce qui est attendu de La Poste? Pas à en croire son président du conseil d’administration Christian Levrat, par ailleurs ex-président du Parti socialiste suisse. Le Fribourgeois appuie en substance, dans une récente interview accordée aux journaux Tamedia, que fermer des offices postaux ne revient pas à briser du lien social puisque ce n’est tout simplement par leur mission de base.
Romain Pilloud voit rouge et dézingue son camarade: «C’est une vision froide et simpliste. Ces agences sont de toute manière bien plus que ça si on pense à la fracture numérique, aux besoins des PME ou des avocats par exemple, à celles et ceux qui ne sont pas à l’aise avec les QR-Facture ou qui doivent aller chercher un recommandé ou un paquet.»
Pour lui, la situation est claire et l’Etat doit s’activer: «La Poste ne le dit pas, mais elle choisit la tactique du salami. D’abord, on restreint les horaires d’ouverture des offices, puis on ferme l’office. On ouvre ensuite une filiale partenaire avec magasin, et enfin quand le magasin se rend compte que les conditions contractuelles ne sont pas intéressantes, on ferme la filiale et il n’y a plus rien.» A voir, maintenant, comment ces arguments résonneront en plénum.