La présidente de la Protection suisse des animaux (PSA) est de plus en plus sous pression. Depuis des mois, la plus grande organisation en faveur du bien-être des animaux du pays est en proie à de violents conflits. Des membres du comité directeur reprochent à leur patronne Nicole Ruch d'avoir commis des fautes graves, et la justice enquête même sur des irrégularités financières.
De nouveaux détails apparaissent désormais. Les recherches le montrent: La présidente a perçu des indemnités inhabituellement élevées pour sa fonction honorifique - et a ainsi probablement enfreint ses propres règlements.
Le SonntagsBlick dispose d'un rapport interne de la société Rotmonten Wirtschaftsprüfung AG sur l'association faîtière de la protection des animaux. Il est daté du 7 juillet 2023 et révèle que Nicole Ruch a reçu à plusieurs reprises une indemnité forfaitaire de 4'000 francs par mois. La Biennoise a facturé jusqu'à 90 heures à chaque fois, ce qui correspond à un taux d'occupation de 50%.
Elle a perçu jusqu'à 4500 francs pour sa double fonction.
Pourquoi est-ce étrange? Nicole Ruch travaille en fait à plein temps comme banquière de Credit Suisse et siège en outre au conseil de surveillance de l'Autorité bernoise de surveillance LPP et des fondations. De plus, la présidence de la protection des animaux est une fonction honorifique. Nicole Ruch a certes droit à une indemnisation, mais seulement dans des cas exceptionnels. Par exemple lorsqu'elle assume des «tâches particulières» qui sont normalement effectuées par d'autres collaborateurs.
C'est Jürg Wildberger qui répond aux questions du SonntagsBlick pour la PSA. Ce journaliste de longue date est aujourd'hui un professionnel des relations publiques chez les consultants, et il a pris en charge la communication de crise de l'organisation. Jürg Wildberger souligne qu'en plus de sa fonction de présidente, Nicole Ruch gère aussi temporairement le département des finances. Il précise: «Nicole Ruch touchait entre 2'500 et 4'500 francs par mois pour sa double fonction.» Pendant la semaine, elle travaille «au moins deux heures par jour» et le samedi et le dimanche «environ quatre heures par jour».
Des questions se posent également sur la facturation de Nicole Ruch. Le règlement des frais de la protection des animaux stipule: «Le versement d'indemnités en temps n'est effectué que sur la base de décomptes transparents et détaillés, qui indiquent les activités effectuées et qui sont compréhensibles en cas de contrôles aléatoires par l'organe de révision.»
Ce n'était pas le cas pour les décomptes de Nicole Ruch. Les auditeurs de Rotmonten annoncent dans leur rapport un «risque de non-respect du règlement des frais». Et ils écrivent: «Sur la base du décompte sommaire du temps passé pour des tâches particulières, il n'est pas possible de vérifier si le forfait journalier maximal de 400 francs a été dépassé.»
Le porte-parole Jürg Wildberger répond à cela: «Nicole Ruch n'a jamais dépassé le forfait journalier de 400 francs.» Il renvoie en outre à d'autres documents du règlement sur les frais qui ne prévoient pas explicitement l'obligation d'un décompte transparent. Et que l'organe de contrôle compétent de la PSA a toujours considéré que les forfaits étaient corrects. Selon les collaborateurs du service juridique de l'association, Nicole Ruch aurait pourtant bien dû détailler ses frais. Jürg Wildberger rassure: «Depuis juin, la présidente présente des décomptes détaillés.»
La protection des animaux conteste les accusations
Les généreux remboursements de frais de la présidente attisent les critiques de ses détracteurs. En juin déjà, le SonntagsBlick a rendu publics de graves dysfonctionnements au sein de la PSA. Deux membres du comité directeur ont fait des révélations, dont la conseillère nationale socialiste Martina Munz. Elle a déclaré: «La présidente se comporte comme une souveraine. Elle et ses collaborateurs dirigent l'association de manière autoritaire et opaque.» La riposte a été immédiate: la direction de la protection des animaux a suspendu la conseillère nationale et l'un de ses collègues - «un acte de vengeance» selon Martina Munz.
La crise au sein de l'organisation de protection des animaux n'est pas terminée pour autant. Au contraire: la semaine dernière, «CH Media» a révélé que le ministère public bâlois avait ouvert une enquête. Il s'agit d'accusations de gestion déloyale, d'opérations immobilières douteuses et de détournement de dons. La protection des animaux conteste avec véhémence les accusations. La présomption d'innocence s'applique.
La justice est intervenue après une plainte déposée par les membres du comité directeur, entre-temps suspendus. Celle-ci a été transmise au SonntagsBlick et vise entre autres directement la présidente Nicole Ruch.
L'épreuve de force aura lieu le 4 novembre. Les délégués de l'association devront alors se prononcer sur des propositions explosives. L'une d'entre elles demande la destitution de la conseillère nationale socialiste Martina Munz, une autre la révocation de la présidente.