Coup de théâtre au sein de la Protection suisse des animaux (PSA). L'organisation faîtière suspend deux membres éminents de son comité directeur: la conseillère nationale schaffhousoise socialiste Martina Munz et l'ingénieur agronome de l'EPFZ Michel Roux. Selon un courriel interne adressé aux différentes sections, le comité central aurait décidé, à la majorité des deux tiers requise, de les suspendre jusqu'à l'assemblée des délégués prévue début novembre, et de proposer leur révocation.
La cause? Martina Munz et Michel Roux auraient «violé à plusieurs reprises le principe de collégialité et de loyauté» de l'organisation.
Cet esclandre au sein du comité directeur est en réalité le sommet d'une lutte de pouvoir qui couve depuis longtemps. Début juin, Blick avait rendu public de graves dysfonctionnements au sein de la PSA. Des documents confidentiels avaient révélé que l'organisation, pesant des millions, était minée par un style de direction autoritaire, une culture du manque de transparence et des querelles internes.
Accusations contre la présidente
Les deux membres du comité directeur désormais suspendus ont formulé de graves reproches à l'encontre de la présidente de la PSA, Nicole Ruch. Selon eux, la banquière de Credit Suisse cache des irrégularités sous le tapis. «La présidente se comporte comme une souveraine. Elle et ses collaborateurs dirigent l'association de manière autoritaire et opaque», affirmait Martina Munz dans nos colonnes. L'ingénieur agronome de l'EPFZ Michel Roux a, lui aussi, attaqué frontalement la big boss de la PSA: «Elle viole toutes les règles de bonne gouvernance», balançait-il.
L'association a nié avec véhémence ces accusations. La présidente Nicole Ruch s'est défendue dans une interview à Blick: «Je dirige de manière raisonnable, participative, orientée vers l'avenir et collégiale», expliquait-elle.
Le présentateur de télévision alémanique Kurt Aeschbacher s'est aussi mêlé de l'affaire. Lui aussi siégeait au comité central de la PSA, mais il a démissionné en 2022 après quelques mois. «En tant qu'ami engagé des animaux, je me réjouissais d'occuper ce poste, c'était une bonne chose! Mais dès la première réunion, j'ai été choqué par la situation au sein de cet organe», a-t-il déclaré.
C'est surtout le comportement de la présidente Nicole Ruch qui l'aurait effrayé. Celle-ci n'autoriserait pas les débats d'idées. «Elle a considéré les questions et les propositions d'amélioration comme des attaques», affirme l'homme de télévision.
«C'est un acte de vengeance»
Dans le courriel par lequel les sections ont été informées vendredi de la suspension de Martina Munz et Michel Roux, la direction de la protection des animaux écrit: «Nous avons cherché à plusieurs reprises le dialogue avec ces deux personnes et les avons également entendues.»
Cependant, au lieu de soutenir le cours de modernisation de la PSA, le comportement «non collégial» des deux concernés n'aurait pas évolué. «De l'avis d'une majorité du comité central, la base d'une collaboration et d'une communication coordonnées et orientées vers l'avenir n'était donc plus possible.» Martina Munz et Michel Roux auraient ainsi porté préjudice à la protection des animaux.
De son côté, la conseillère nationale socialiste a pour seule réponse: «C'est un acte de vengeance. Ce n'est pas en éliminant les personnes qui attirent l'attention sur les dysfonctionnements que l'on peut remédier aux problèmes.» L'association elle-même n'a pas souhaité s'exprimer davantage sur le litige, au-delà de ses déclarations dans le courriel.