Son patron, élu à Berne, interpelle le Conseil fédéral!
Cet ouvrier ramasse une lourde amende pour... une étiquette illisible

Une étiquette illisible sur une sangle de serrage a valu une amende de 525 francs à un ouvrier bâlois. Son employeur, qui s'avère être élu à Berne, s'interroge sur la proportionnalité de la sanction. Il a décidé d'interpeler le Conseil fédéral.
Publié: 22.03.2025 à 10:02 heures
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Dernière mise à jour: 22.03.2025 à 10:22 heures
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Resit Yagci, installateur pour une entreprise de location de tente, a reçu une lourde amende.
Photo: Philippe Rossier
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Joschka Schaffner et Philippe Rossier

Resit Yagci savait qu'il allait recevoir une amende. Mais il ne s'attendait certainement pas à ce qu'elle soit aussi salée. Et pour cause: cet installateur bâlois a été sommé de verser 525 francs au canton de Soleure à cause... d'une étiquette illisible!

Tout commence lors d'un contrôle de poids lourds au sein de son camion à remorque en septembre 2024. Ces contrôles, il les connait par cœur. En effet, Resit Yagci a travaillé pendant 29 ans dans le domaine du montage d'échafaudage et depuis trois ans, il est employé au sein d'une entreprise de location de tentes du canton de Soleure.

Malgré le «risque pour la sécurité», il a pu continuer à rouler

«Le policier m'a dit que j'avais tout sécurisé de manière exemplaire», raconte le Bâlois. Seulement voilà, le contrôleur ne parvient pas complètement à déchiffrer les informations inscrites sur l'étiquette de l'une des sangles de sa remorque. «Il a certes émis une critique, mais il m'a laissé reprendre la route sans rien changer.»

Rien de grave, pense alors Resit Yagci. Jusqu'à ce qu'il reçoive, environ un mois plus tard, un courrier du Ministère public du canton de Soleure lui intimant de payer 300 francs pour l'étiquette illisible – soit le même prix que pour une sangle complètement cassée – et 225 fracs de frais de procédure. 

Le chef de Yagci est conseiller national UDC

Dans cette affaire, Resit Yagci peut au moins compter sur le soutien de son patron. Mieux encore, ce dernier est conseiller national. En effet, Christian Imark siège à Berne sous les couleurs de l'Union démocratique du centre (UDC). 

Blick est allé rendre visite à l'élu dans son entrepôt de Fehren, dans le canton de Soleure. Lui non plus ne comprend pas l'ampleur de la sanction. Il le montre lui-même: plusieurs sangles de serrage de son atelier ont beau être veille d'à peine un an, leurs étiquettes sont difficilement lisibles. C'est d'ailleurs leur seul défaut.

«A part l'étiquette, toutes les sangles sont impeccables», soupire Christian Imark. En effet, elles ne sont aucunement déformées et ne présentent pas la moindre fissure. Si la tension de la sangle est clairement indiquée sur l'étiquette, celle-ci peut également être déterminée par les lignes de la bande.

C'est précisément ce qui s'est passé dans le cas de son employé, le contrôleur lui ayant confirmé que son chargement était correctement arrimé, indépendamment des informations inscrites sur l'étiquette. Christian Imark est donc catégorique: ce cas ne présentait pas le moindre problème de sécurité.

Mais ce n'est pas tout. L'élu affirme également que le policier a reconnu le nom de son entreprise au moment de contrôler Resit Yagci: «Il lui a dit que son chef avait suffisamment d'argent pour acheter de nouvelles sangles de serrage», raconte le parlementaire soleurois. «Cette déclaration est insolente et elle montre bien le manque de tact de ce policier.»

Le Conseil fédéral doit maintenant répondre

Mais ce qui agace Christian Imark par dessus tout, c'est qu'un affaire aussi simple soit parvienne dans les mains du Ministère public. « Des personnes supplémentaires y ont été constamment engagées durant les 15 ans que j'ai passés au parlement cantonal», s'insurge l'élu. «Tout ça manifestement pour qu'on puisse gérer des broutilles de ce genre aux frais du contribuable.»

Christian Imark exige désormais des réponses de la part du Conseil fédéral. Il souhaite notamment savoir quelle loi, quelle ordonnance ou quel règlement définit une telle procédure. Il demande également au Conseil fédéral s'il juge juste d'infliger une telle amende à «un habitant irréprochable qui a procédé à un arrimage exemplaire de son chargement.»

Contactées par Blick, les autorités du canton de Soleure bottent en touche. La police cantonale indique pour sa part qu'elle ne s'exprimera pas tant que le Conseil fédéral n'a pas répondu à l'interpellation de Christian Imark.

Imark veut être plus attentif à l'avenir

Pour Resit Yagci, ces 525 francs n'ont pas fait du bien à son porte-monnaie. «Cette amende m'a mal pendant deux semaines», dit-il. Le Bâlois a une famille de deux enfants à nourrir. Bien sûr, son métier l'a poussé à recevoir de petites amendes. «Mais je n'ai jamais dû mettre autant la main à la poche.»

Christian Imark assure qu'il aurait volontiers pris en charge l'amende de son employé. «Mais il serait illégal de prélever l'argent dans la caisse magasin.» Il n'a pas non plus donné d'argent à Resit Yagci titre privé. «A la place, il a eu une prime de Noël qui correspondait à peu près au prix de l'amende.» L'entrepreneur s'engage toutefois à prendre ses responsabilités au sujet des sangles de serrage: «A l'avenir, je regarderai de plus près la qualité des étiquettes lors de l'achat.»

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