Michael Ghilardi et sa compagne ont vécu l'enfer. Leur bébé Jaycob est tombé gravement malade, s'est affaibli de plus en plus et a fini par s'en aller. Gravement affectés par ce décès, les parents sont tous les deux tombés dans une violente dépression et ont dû se mettre en congé maladie. Mais peu de temps après, le Groupe Mutuel leur sucre leurs indemnités et laisse même entendre qu'ils pourraient exiger un remboursement. Une catastrophe dont les parents endeuillés se seraient bien passés: «D'abord mon fils meurt, et maintenant je dois m'occuper de ces bêtises!» Le préjudice? 20'000 à 25'000 francs. Comment en est-on arrivé là?
Décembre 2022 a probablement été le pire mois de leur vie. Peu de temps avant, le Lucernois et sa compagne ont tous les deux perdu leur père respectif. Puis le pire est arrivé, éclipsant tout le reste: Jaycob, tout juste âgé d'un an, est atteint du «syndrome de Tay-Sachs», une maladie héréditaire très rare, incurable et pratiquement toujours mortelle.
Aveugle et sourd
Le couple manque de s'effondrer. Michael Ghilardi, qui travaille dans le secteur du bâtiment, travaille encore à 20%. Le reste du temps, il s'occupe de son petit garçon. Mais face à cet immense chagrin, son état de santé se dégrade petit à petit et un médecin de famille décide de lui signer un certificat d'incapacité de travail. Il commence alors à recevoir des indemnités journalières.
D'abord, Jaycob cesse de manger et de boire. Puis, la maladie gagne du terrain: le garçon devient aveugle, perd l'ouïe et devient épileptique. Une sonde gastrique le nourrit, car il ne peut plus mâcher. Lorsque Michael Ghilardi en parle, les larmes montent. «Je pense plusieurs fois par jour à cette période atroce. Il me manque beaucoup.» Entre-temps, l'état de son fils se stabilise et Michael Ghilardi reprend peu à peu le travail. En janvier 2024, il est à nouveau à 80%. Puis, son fils s'en va et le père endeuillé doit à nouveau se mettre en congé maladie à 100%.
Les indemnités supprimées
Deux mois après avoir dû enterrer son fils, Michael Ghilardi reçoit une lettre du Groupe Mutuel: ses indemnités journalières de maladie sont suspendues. Mais la raison évoquée est étrange. L'assurance stipule que l'Assurance-invalidité (AI) a refusé Michael Ghilardi. «Bien sûr que l'AI m'a refusé, déclare-t-il. Je ne suis pas en situation de handicap, je traverse un épisode dépressif majeur.»
En réalité, l'AI entre automatiquement en jeu lorsque des personnes sont en congé maladie durant une longue période en Suisse. Ainsi, l'assurance se renseigne très tôt pour savoir si la personne concernée devra toucher l'AI à l'expiration des indemnités journalières de maladie, ou non. En règle générale, c'est au bout de deux ans. «J'ai téléphoné et je leur ai dit que je n'avais aucunement l'intention de devenir bénéficiaire de l'AI, je voulais reprendre le travail le plus tôt possible.» La décision de l'AI n'aurait pu être qu'une formalité, mais c'est justement sur ce détail que le Groupe Mutuel appuie. Dans la lettre, il est écrit: «En cas de refus de l'AI, l'assurance se réserve le droit d'exiger le remboursement des prestations versées ou de les suspendre.»
Les indemnités journalières de Michael Ghilardi sont alors suspendues avec effet immédiat. Un véritable coup de massue pour le couple. «Nous cotisons suffisamment pour cela, tous les deux. Si notre médecin estime que notre état de santé justifie un arrêt de travail, ils n'ont pas à contester cette décision!», fustige Michael Ghilardi, démuni.
«C'était une erreur»
Interrogée par Blick, une porte-parole du Groupe Mutuel prétend que cela est dû à une erreur de la part du médecin de famille de Michael Ghilardi: son premier arrêt maladie était basé sur les soins à apporter à son fils, et non sur son propre état de santé. «Cette période n'aurait donc en fait pas dû être couverte par l'assurance, puisque son fils est décédé.» Mais Blick veut savoir pourquoi la caisse maladie ne s'en est pas aperçue plus tôt. «C'était une erreur, explique la porte-parole. Le responsable du dossier a conclu qu'une incapacité de travail de six mois était justifiée, et nous l'avons acceptée.» La mise à jour ne s'est donc pas faite en conséquence.
Les paiements auraient alors été supprimés avec effet immédiat, «car plus de prestations avaient déjà été versées que ce qui était prévu pour les six mois complets, précise la porte-parole. Dans ces circonstances tragiques, nous n'avons toutefois pas demandé le remboursement des indemnités journalières LAMal indûment versées».
Si Michael Ghilardi avait donc reçu une allocation pour perte de gain pour la période entre le diagnostic et le décès de son fils et ensuite des indemnités journalières de maladie, il aurait bénéficié de 20'000 à 25'000 francs supplémentaires. Le litige est désormais entre les mains des avocats, mais un accord pourrait prendre des années. «Ce n'est pas une question d'argent, c'est une question de principe. La mort de mon enfant ne leur importait tout simplement pas!»