Serait-il temps de démissionner?
Ueli Maurer, Alain Berset et Simonetta Sommaruga: dix ans de Conseil fédéral

Ueli Maurer, Simonetta Sommaruga et Alain Berset sont tous en poste au Conseil fédéral depuis plus de dix ans. Le moment serait-il propice à une démission? Pour chacun des trois, la réponse semble négative, mais les raisons divergent. Blick fait le point.
Publié: 21.02.2022 à 10:32 heures
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Dernière mise à jour: 21.02.2022 à 14:36 heures
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L'un des trois va-t-il s'en aller? Simonetta Sommaruga, Ueli Maurer ou Alain Berset sont en poste au Conseil fédéral depuis plus de dix ans.
Photo: Keystone
Sermîn Faki

Le Conseil fédéral actuel compte plusieurs membres particulièrement résiliants et accrochés à leurs sièges. Si la durée moyenne d’un mandat est de dix ans, on commence à se demander à partir de 12 ou 13 ans si l’usure ne commence pas à ronger les politiciens qui sont à la tête du pays.

Ueli Maurer, le doyen

En ligne de mire tout d’abord: Ueli Maurer, 71 ans, qui siège depuis 13 ans et deux mois au Conseil fédéral. Il va prochainement dépasser la longévité de Moritz Leuenberger, à qui l’on reprochait autrefois de rester accroché à son fauteuil.

Et le politicien UDC ne veut pas vraiment entendre parler de démission: l’année dernière, des rumeurs liées à un départ possible, après le scandale du t-shirt des «Freiheitstrychler», s’étaient révélées fausses. Le conseiller fédéral s’en était amusé et avait déclaré, d’humeur boute-en-train: «Je n’ai pas le temps pour démissionner.»

Mais deux autres membres du Conseil le talonnent de près. Tout d’abord, Simonetta Sommaruga, 61 ans, qui est au gouvernement depuis douze ans et quatre mois – soit moins d’une année d’écart avec Ueli Maurer. En troisième place, son collègue de parti Alain Berset, 49 ans, qui siège à l’exécutif national depuis dix ans et deux mois.

Le moment serait propice

Des démissions sont-elles à prévoir dans les mois à venir? L’occasion serait propice. Le pire est passé dans la crise du Covid-19 et le Conseil fédéral a pu lever la semaine dernière la majorité des restrictions liées à la situation sanitaire. Il est vrai que jusqu’à présent, démissionner aurait pu être perçu comme une trahison envers le pays. Un capitaine quitte-t-il son navire en pleine tempête?

Mais la météo s’est adoucie. Du reste, l’âge de Ueli Maurer et de Simonetta Sommaruga jouent en leur défaveur. Le premier a dépassé l’âge de la retraite depuis longtemps et la deuxième s’en rapproche.

Toutefois, selon cette logique, il serait difficile d’imaginer qu'Alain Berset reste en poste jusqu’à la retraite et siège au Conseil fédéral pendant encore 15 ans. Mais la politique étant aussi faite de symboles, son 50e anniversaire, prévu en avril, serait une belle date pour se retirer et terminer sa carrière ailleurs.

La fatigue d’Alain Berset

Car il va sans dire que la pandémie de coronavirus a laissé plus de traces chez Alain Berset que chez les autres conseillers fédéraux. Pendant deux ans, ce fut lui en première ligne des responsabilités et il paraît aujourd’hui fatigué.

D’autant plus que, si son rôle de gestionnaire de crise était une possibilité bienvenue pour se profiler, l’heure est maintenant au bilan de la pandémie. Le Parlement va se pencher sur celle-ci et risque de passer au crible toutes les erreurs du Conseil fédéral et de l’administration. Cela ne donne pas envie de rester dans les parages plus que nécessaire.

Même dans son dossier le plus important ne concernant pas le Covid, soit la prévoyance vieillesse, le conseiller fédéral ne peut plus espérer de percée. Il n’est pas certain que la réforme de l’AVS soit acceptée par le peuple. Et pour la réforme du deuxième pilier, il n’a pas réussi à s’imposer au Parlement.

Rumeurs sur la stratégie de Ueli Maurer

Pour Alain Berset, le coup de pouce salvateur serait de changer de département. Mais une telle redistribution est irréaliste avant fin 2023, après les élections fédérales. Et même à ce moment-là, les chances sont minces. Les mauvaises langues prétendent que c'est à cause de ce tournus qu'Ueli Maurer ne veut pas quitter le collège, empêchant ainsi son collègue socialiste de mettre la main sur le Département fédéral des finances.

D’autres pensent que l’objectif d'Ueli Maurer se situe dans son propre camp: il voudrait tuer dans l’œuf les espoirs de la conseillère nationale Magdalena Martullo-Blocher, fille de Christoph Blocher, d’entrer au Conseil fédéral.

D’autres expliquent simplement la persévérance du Zurichois par l’ennui qui gagnerait cette bête de somme s’il se retirait. «Il n’a rien d’autre que ce travail, nous confie une source. Il mourrait d’ennui en partant à la retraite.»

Le deuxième siège socialiste en jeu

Quelle qu’en soit la raison, Ueli Maurer restera probablement en fonction au-delà des élections de 2023. Tout comme les deux socialistes: tous deux sont encouragés par leur parti à se présenter une nouvelle fois aux élections de décembre 2023. Même si du côté de Simonetta Sommaruga, les échecs se succèdent depuis son passage au Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication.

Il faut dire que du côté socialiste, la vague de verte de 2019 apparaît toujours comme une menace. La menace de voir un des deux sièges de gauche tomber du côté des Verts inquiète le parti. Une aubaine pour la droite.

Car le camp bourgeois affine sa stratégie sur ce sujet. L’ancien conseiller d’Etat bernois vert Bernhard Pulver, 56 ans, serait ainsi bien en vue. Le président du conseil d’administration du groupe hospitalier de l’île, pas forcément le plus à gauche de son parti, est vu comme le candidat idéal pour le camp bourgeois.

Peu importe si les Verts confirment leur bon résultat de 2019 lors des élections d’octobre 2023 ou si les Verts libéraux continuent de progresser. Le Parti socialiste sera prompt à verrouiller la situation jusqu’en 2024 pour garder la composition 2-2-2-1 du Conseil fédéral jusque-là.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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