Les Jeunes UDC suisses ont failli faire les gros titres avec un communiqué de presse. Ils les font à présent alors que leur opération a été stoppée net au dernier moment.
Le jeune parti, sceptique en matière de vaccination et de mesures, reprochait encore récemment à nos gouvernants d'avoir établi la «dictature du Covid». Il a brièvement tourné son regard vers l'extérieur du territoire suisse pour constater que la situation était encore pire chez les Autrichiens. Ce qui les a consternés.
«C'est avec horreur» que les Jeunes UDC «prennent connaissance du fait que le parlement de notre pays voisin, l'Autriche, a décidé de rendre la vaccination obligatoire pour toute la population», mesure qui entrera en vigueur le 4 février. L'effroi du parti de jeunesse semble avoir été si grand qu'il a imaginé, l'espace d'un instant, jeter par-dessus bord sa politique d'asile, d'ordinaire très restrictive.
Le parti s'est ainsi laissé aller à une revendication surprenante: tous les Autrichiens «qui souffrent des mesures de coercition inhumaines en vigueur là-bas» devraient obtenir l'asile en Suisse. Le projet d'un curieux communiqué de presse, que Blick s'est procuré, laisse entendre que pour les Jeunes UDC, la Suisse devrait se souvenir de sa tradition humanitaire et aider ceux qui, dans la pandémie, doivent subir un triste sort.
Ce document ne sera finalement pas rendu public. «Nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne devions pas considérer nos voisins comme prioritaires», explique le président des Jeunes UDC David Trachsel. «Nous préférons garder les yeux sur notre propre gouvernement et observer de plus près ce qui se passe en Suisse». En effet, le jeune parti tend désormais à demander la création d'une commission d'enquête parlementaire (CEP). Celle-ci devrait examiner sous toutes les coutures les actions du Conseil fédéral pendant la crise du coronavirus.
1,5 million d'Autrichiens non vaccinés
Mais peut-être que les Jeunes UDC ont tout simplement compris quelle boîte de Pandore ils allaient ouvrir. Si la Suisse avait accepté sa demande, une vague de réfugiés sans précédent aurait pu arriver en Suisse. Le chancelier autrichien Karl Nehammer estime le nombre de personnes non vaccinées dans son pays à environ 1,5 million.
Jusqu'à récemment, ces chiffres ne semblaient pas impressionner les Jeunes UDC. Dans son document, le parti renvoie à la loi sur l'asile, selon laquelle est considérée comme réfugiée toute personne exposée à de sérieux préjudices en raison de son appartenance à un groupe social déterminé ou de ses convictions politiques. Ce qui ne s'applique pas seulement à un danger immédiat pour la vie ou l'intégrité physique, mais aussi à d'autres restrictions de liberté qui entraînent une «pression psychique insupportable».
Les Jeunes UDC avaient particulièrement mis l'accent sur les amendes que risquent les personnes qui se refusent à la vaccination. Ceux qui ne peuvent pas présenter de pass Covid peuvent en effet s'attendre à une plainte assortie d'une amende de 600 à 3600 euros (environ 3750 francs), le montant dépendant entre autres du revenu et de la fortune. En outre, en cas de dénonciations répétées, l'amende augmente.
A lire aussi
«Atteinte à la dignité humaine»
La jeunesse UDC s'était montrée créative en convertissant cette amende au coût de la vie suisse, qu'elle estime à plus de 26 000 francs par an. «C'est donc un montant que seuls les super-riches peuvent se permettre de dépenser». Le jeune parti en déduisait qu'il s'agit d'une «attaque frontale contre l'intégrité physique et d'une atteinte à la dignité humaine».
Pour le jeune parti agrarien, il est clair que la Suisse, à cause de son engagement humanitaire, a une responsabilité particulière à assumer face à ces Autrichiens. «Parce qu'il n'y a pas de pays tiers sûr entre l'Autriche et la Suisse», comme ils l'écrivent dans leur communiqué. Les Liechtensteinois ne l'entendront sans doute pas de cette oreille.
Notons enfin que ce geste humanitaire envers nos voisins ne sera pas nécessaire. Le chancelier autrichien Nehammer a annoncé mercredi la fin prochaine du confinement pour les personnes non vaccinées. Selon lui, la situation dans les hôpitaux autrichiens permet de mettre fin aux restrictions de sortie et de contact en vigueur depuis la mi-novembre.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)