«Nous sommes toujours en état de crise», a souligné lundi le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) cherche fébrilement des solutions. Après la prise de pouvoir des talibans, 38 employés locaux de la Confédération et leurs proches espèrent être secourus en Afghanistan. La Suisse essaie d'évacuer par les airs quelque 280 personnes. 28 autres ressortissants suisses se trouvent encore dans le pays.
Le temps presse. Ces travailleurs pourraient être considérés par les talibans comme des collaborateurs occidentaux et craindre pour leur intégrité physique et leur vie. Ils doivent être secourus aussi rapidement que possible, souligne le gouvernement. Or, la Suisse dépend de la bonne volonté des autres pays: elle ne dispose pas d'avions propres et ne peut donc faire sortir personne des frontières afghanes par elle-même – à l'inverse d'autres pays, qui s'occupent en premier lieu de leur propre population.
A lire aussi
Le plan A a échoué
Mardi, le DFAE a tenté d'envoyer un avion affrété en Afghanistan. Mais l'avion, prêt, n'a jamais décollé: seuls les avions militaires sont autorisés à quitter le sol suisse et à atterrir à Kaboul pour le moment. Mission annulée.
De plus, la route vers l'aéroport est semée d'embûches pour ceux qui veulent s'échapper. Les talibans ont mis en place des checkpoints autour de l'aéroport et contrôlent absolument tous ceux qui veulent passer.
De nouvelles dispositions
Le Conseil fédéral a ainsi décidé de prendre d'autres dispositions. Dimanche dernier, selon plusieurs médias, le gouvernement voulait dépêcher des soldats dans la région. La décision a été prise d'envoyer un maximum de dix membres du détachement de reconnaissance de l'armée 10 sur un vol charter de Swiss à destination de Kaboul pour aider à l'évacuation des employés fédéraux afghans.
On sait peu de choses sur l'unité spéciale DRA-10. Elle serait composée d'environ 90 soldats professionnels, principalement déployés à l'étranger. Ils ont par exemple protégé l'ambassade de Suisse pendant la guerre civile libyenne à Tripoli. En 2008/09, l'unité spéciale avait aussi planifié l'évasion de l'otage suisse de Kadhafi Max Göldi en Libye. Malheureusement, les plans ont été abandonnés au dernier moment.
Un plan B a suivi
Mais l'avion charter à destination de l'Afghanistan n'a pas pu s'y poser. Le détachement s'est rendu à Tachkent, la capitale de l'Ouzbékistan, État voisin. Avec l'accord des autorités ouzbèkes, les soldats sur place pourront y soutenir le DFAE dans la préparation des différentes options d'évacuation.
Entre-temps, ils ont déjà pu aller sur place à Kaboul, comme l'a confirmé le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis aux médias aujourd'hui. Ils se sont rendus dans une pièce sécurisée de la section militaire de l'aéroport, a-t-il expliqué. «Ils doivent se faire une idée de la situation», a ajouté Hans-Peter Lenz, du centre de gestion de crise du DFAE. Ils travaillent également en étroite collaboration avec les Américains.
La question de savoir si les soldats sont armés reste sans réponse. La sécurité des personnes concernées ne doit pas être mise en danger. On suppose que l'objectif est d'accueillir les voyageurs suisses dans la zone de transit avec une escorte de protection. (dba/piu)