Le 15 août, la «Ligue des savants du Maghreb arabe», basée en Suisse, a publié sur Twitter une lettre concernant les événements en Afghanistan. L’association y célèbre la victoire des Talibans.
«Allah a offert à nos frères afghans une victoire certaine, après une période sans victoires bénies des musulmans sur leurs ennemis», peut-on lire. Les membres semblent hautement se réjouir de la victoire des talibans.
L’association elle-même est largement inconnue sur la scène suisse, écrit «20 Minuten». Plusieurs des experts contactés n’avaient jamais entendu parler de cette association universitaire.
Active depuis 2014
L’association a été enregistrée en 2014. Son objectif est, entre autres, de «diffuser les valeurs éthiques et morales de l’Islam», est-il précisé. La plupart des membres de son conseil d’administration sont originaires de Tunisie.
La position du président est explosive. Comme l’écrit l’activiste politique marocain Kacem El Ghazzali sur Twitter, l’association est dirigée par Hassan Kettani. Ce dernier a été arrêté au Maroc en 2003 en lien avec les attentats du 11 septembre et a été condamné à 20 ans de prison pour terrorisme. Il a ensuite été gracié en 2012.
Cependant, la justification de sa condamnation est encore contestée aujourd’hui. Après cette dernière, les organisations de défense des droits de l’homme ont critiqué le procès pour sa «motivation politique». Hassan Kettani a nié toute accusation jusqu’à ce jour.
L’association représente-t-elle une menace?
Selon l’activiste El Ghazzali, Kettani est néanmoins toujours considéré comme faisant partie du «clergé du djihadisme salafiste.» Il précise à «20 Minuten» qu’il ne fait aucun doute que dans la lettre du 15 août, des termes salafistes sont clairement utilisés.
«Par exemple, il est question de conquérir al-fateh, un terme djihadiste souvent utilisé en temps de guerre contre les territoires des infidèles ou faisant référence aux grandes expansions islamiques du VIIe siècle.»
On ne sait pas encore si le mouvement représente une menace, écrit «20 Minuten». Une demande de renseignements auprès des Services de renseignement de la Confédération n'a pas abouti, le SRC déclarant qu'il «ne fait pas de commentaires sur les associations, organisations ou groupes individuels». Le responsable de la communication du Département de la sécurité genevois n’a pas souhaité commenter l’affaire. (ziv/piu/acu)