Sans-papiers à régulariser?
Des élus genevois du MCG veulent ressusciter l'opération Papyrus

Deux députés du Mouvement citoyens genevois (MCG) comptent relancer l'opération Papyrus. Leur motion vise à régulariser les sans-papiers installés depuis des années à Genève. Objectif? Combattre le travail au noir, mais aussi réduire le nombre de frontaliers.
Publié: 29.01.2025 à 17:05 heures
|
Dernière mise à jour: 29.01.2025 à 17:33 heures
1/4
Deux députés au Grand Conseil, issus des rangs du Mouvement citoyens genevois (MCG), souhaitent relancer la machine et pérenniser les régularisations sous conditions.
Photo: Keystone
Blick_Leo_Michoud.png
Léo MichoudJournaliste Blick

L’opération Papyrus pourrait renaître de ses cendres à Genève. Deux députés du Mouvement citoyens genevois (MCG) – Skender Salihi et Thierry Cerutti – ont déposé ce mardi 28 janvier au Grand Conseil une motion visant la mise en place d’un «projet cantonal de régularisation des sans-papiers installés dans le canton».

Candidat aux élections à venir à la Ville de Genève, Skender Salihi explique à Blick que son texte «s’inspire de l’opération Papyrus initiée par Pierre Maudet» dans le but de «pérenniser les mesures prises entre 2017 et 2018». Pour rappel, la première version de cette mesure avait permis à 2390 personnes, souvent précaires, de sortir de l’ombre – du moins administrativement parlant.

Celles-ci devaient répondre à certains critères: durée de résidence dans le canton de dix ans pour les célibataires et de cinq ans pour les familles, indépendance financière, absence de condamnation pénale et «bonne intégration» (notamment un bon niveau de français). Ces critères avaient permis «d’établir un processus juste et transparent» et de garantir «une sélection équitable et rigoureuse des bénéficiaires», détaille la nouvelle motion du MCG.

Pour les sans-papiers, contre les frontaliers

Comme l’ex-PLR Pierre Maudet avant eux, des élus du MCG souhaiteraient donc favoriser l’intégration de personnes en situation irrégulière. «Il s’agit de court-circuiter la délivrance de permis de travail frontalier», invoque Skender Salihi, qui ne perd pas les objectifs de son parti de vue, soit la réduction du nombre de frontaliers en terres genevoises et la notion de préférence cantonale à l’emploi.

Selon le candidat à la Mairie, l’argument selon lequel il n’y aurait pas assez de main-d’œuvre à Genève est faux, notamment dans les secteurs de la construction et de la restauration. «Il y a bien assez de personnes installées à Genève pour occuper ces postes», assure le député à l’origine de cette opération Papyrus bis. Pour lui, il est question «de défendre les intérêts des Genevois, dont font partie ces hommes et femmes qui travaillent dans l’ombre et sont domiciliés à Genève depuis longtemps».

Une réédition électoraliste?

Avec une telle motion, d’aucuns diraient que les élections à venir sont dans toutes les têtes. Absolument pas, répond Skender Salihi, qui explique avoir, à ses débuts comme député en 2023, déjà déposé une motion pour que les oubliés de l’opération papyrus soient tout de même régularisés.

«Le but n’est pas de piéger ces gens, mais plutôt qu’ils contribuent à la société en cotisant aux diverses caisses, assure le MCG. Cette régularisation serait un avantage pour tout le monde.» Il y voit aussi «une façon de lutter contre les vendeurs de rêves, qui profitent de faire travailler ces personnes au noir, dans l’illégalité ou de leur louer des logements non déclarés».

L’UDC genevoise s’était déjà opposée à la première édition de l’opération Papyrus et devrait se tenir à son avis d’alors. Reste à savoir comment réagira la gauche à cette motion, qui correspond à certaines de ses idées, mais qui provient des rangs du MCG, à sa droite. «Cette motion devrait être soutenue par l’ensemble des élus, de gauche à droite, du moins s’ils souhaitent les bien-être de leurs concitoyens et de leur canton», conclut Skender Salihi.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la