La CFM est préoccupée
L'aide sociale peine à toucher certaines catégories en Suisse

Nombre de personnes en Suisse, notamment des étrangers et des «travailleurs pauvres», ne sont pas protégées par la sécurité sociale et risquent de tomber dans une grande précarité. La Conférence de la Commission fédérale des migrations (CFM) s'en est préoccupée jeudi.
Publié: 06.04.2023 à 11:30 heures
«La pauvreté n'est pas un crime», a estimé Elisabeth Baume-Schneider devant la Conférence annuelle de la Commission fédérale des migrations.
Photo: MICHAEL BUHOLZER

Le filet de la sécurité sociale ne fonctionne pas pour tous de la même façon, ont constaté les participants à la Conférence, indique la Commission fédérale des migrations (CFM). La protection n'atteint pas tout le monde.

En cas de recours à l'aide sociale, les personnes sans passeport suisse doivent craindre des conséquences en rapport avec le droit des étrangers. Certaines d'entre elles préfèrent donc renoncer à cette aide pour s'adresser plutôt aux œuvres d'entraide. Parfois aussi, elles s'endettent ou sont contraintes de renoncer à des besoins de base.

D'autres catégories de la population sont menacées par un manque de protection sociale, comme les sans-papiers, les sans domicile fixe, les travailleurs pauvres ou encore certains réfugiés, s'inquiète la CFM.

Intégrer au mieux les immigrés

Des chercheurs et des experts du terrain ainsi que du monde politique réunis à Berne se sont efforcés de dégager des pistes pour remédier à ce que la CFM appelle l'insécurité sociale. Claudine Burton-Jeangros, professeure à l'Université de Genève, a ainsi évoqué les conclusions de l'opération Papyrus concernant les conditions de vie et l’état de santé des migrants nouvellement régularisés.

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, en charge du Département fédérale de justice et police (DFJP), a souligné l'importance des défis liés aux migrations. Quelque 66'000 réfugiés ukrainiens qui ont fui leur pays après l'invasion russe vivent actuellement en Suisse. S'y ajoutent quelque 27'000 réfugiés que la Suisse s'apprête à accueillir cette année.

«Nous devons nous attendre à ce que les migrations s'accroissent à l'avenir en raison du changement climatique», a prévenu Elisabeth Baume-Schneider. Elle en a appelé à ne pas opposer les «anciens» et les «nouveaux» migrants. Le DFJP, a-t-elle assuré, ne cesse de réfléchir à la façon dont le pays peut intégrer au mieux les immigrés.

«Favoriser l'intégration sur le marché du travail des personnes qui n'ont pas le passeport suisse me tient à cœur», a poursuivi la conseillère fédérale. Il s'agit d'une question de «dignité» pour les personnes concernées, mais aussi d'une «contribution à la prospérité» du pays.

Elisabeth Baume-Schneider a informé mercredi ses collègues du Conseil fédéral d'un bouquet de mesures visant à favoriser l'accès au travail des ressortissants étrangers, a-t-elle dit.

«La pauvreté n'est pas un crime»

Une des ambitions est par exemple de garantir aux jeunes ayant fui l'Ukraine qu'ils pourront finir leur apprentissage en Suisse, quelle que soit la durée du conflit. Le DFJP souhaite aussi faciliter l'accès à la formation professionnelle pour les requérants d'asile déboutés et pour les sans-papiers.

La conseillère fédérale, qui a l'expérience du terrain, a relevé que le recours à l'aide sociale ne se faisait jamais de gaîté de cœur et était souvent stigmatisant. Elle a souligné le manque d'estime de soi, la gêne ou alors la révolte qui touchent les personnes concernées. «La pauvreté n'est pas un crime», a affirmé la conseillère fédérale.

(ATS)

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