Après le drame Malley (VD), un inspecteur livre ses conseils
Voilà comment agir si vous êtes témoin d'une agression

Après le drame de Malley (VD), la question de l'inaction des témoins embrase les réseaux sociaux. L’inspecteur Bourquenoud, de la police cantonale vaudoise, fort de 38 ans d’expérience, livre des conseils pour réagir sans se mettre en danger.
Publié: 05:39 heures
L'inspecteur principal adjoint Christian Bourquenoud a créé un cours sur la gestion des situations d’agression, qu'il dispense aussi bien dans le privé qu’à l'Académie de police de Savatan.
Photo: DR
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

«Celui qui a filmé devrait aussi être interpelé pour non-assistance à personne en danger!! Mais pas de couilles ces mecs-là!!» Les commentaires du genre fusent sur les réseaux, sous la vidéo montrant la violente agression d'une femme à Malley (VD), mardi matin. La scène, que Blick s'est procurée, déchaîne les passions.

Mais comment faire pour stopper un homme armé et déterminé? La police a-t-elle vraiment intérêt à ce que les témoins tentent le tout pour le tout?

«
Un comportement irréfléchi de votre part fera réagir l’auteur de façon violente ou irrationnelle, sous l’effet de l’intensité du stress
Christian Bourquenoud, inspecteur principal adjoint de la police vaudoise
»

Avec 38 ans de service, dont près d'une décennie passée à la criminelle, l'inspecteur principal adjoint Christian Bourquenoud partage des conseils clés pour bien agir en tant que témoin ou victime. Il a créé un cours sur la gestion des situations d’agression, qu'il dispense aussi bien dans le privé qu’à l'Académie de police de Savatan.

Une réalité en évolution

«Il y a a priori un peu plus de violence aujourd'hui, surtout verbale. Et entre les mots et les gestes, il n’y a parfois qu’un pas», explique l'inspecteur Bourquenoud. Face à ces situations, sa priorité est claire: préserver son intégrité physique.

«Chaque situation est différente, mais l’important, c’est d’être en sécurité. Il faut appeler le 117, éventuellement crier pour tenter d'éloigner l'agresseur, mais jamais se jeter dans la gueule du loup.»

Observer avant d'agir

Pour intervenir efficacement, l'inspecteur propose une méthode simple inspirée des feux de signalisation, qui s’applique à toutes les situations:

● Rouge: observer (pour donner le maximum de renseignements à la police)
● Orange: réfléchir (pour éviter tout acte irréfléchi et des erreurs dues à la
précipitation)
● Vert: agir (selon la situation du moment)

«Par exemple, si l’on est plusieurs et que l’agresseur n’a pas d’arme, il peut être envisageable d’intervenir, tout en préservant son intégrité physique. Mais d’abord, on appelle toujours le 117», répète l'inspecteur.

La légitime défense, pour soi et les autres

Il rappelle que la légitime défense est un acte autorisé non seulement pour soi, mais aussi pour autrui. Cependant, elle doit être proportionnelle: «Vous ne pouvez pas sortir un couteau si l'agresseur n'est pas armé», exemplifie le policier.

À l'inverse, si la personne est armée, la neutraliser à mains nues n'est pas donné à tout le monde. «Si vous êtes expert en krav-maga peut-être, glisse l'inspecteur Bourquenoud. Mais si l'agresseur a un couteau, il suffit qu'il vous touche une fois pour vous blesser et diminuer vos capacités de réagir.»

L'inspecteur insiste aussi sur l’importance de ne pas alimenter le stress d’un attaquant: «Un comportement irréfléchi de votre part fera réagir l’auteur de façon violente ou irrationnelle sous l’effet de l’intensité du stress», indique-t-il. En effet, une personne qui commet une agression est généralement très stressée, et les choses peuvent vite dégénérer.

Filmer une agression: aide ou obstacle?

Enfin, sur la question de filmer une agression, l’inspecteur Bourquenoud est nuancé. «Si c’est pour aider le travail de la justice, pourquoi pas, à condition de remettre immédiatement les images à la police. Mais les badauds qui s'amassent et gênent le travail des forces de l’ordre, c’est un véritable problème.»

Filmer peut présenter un avantage si l'agresseur s'enfuit. Le «feu rouge» est crucial pour la police: il faut observer la situation et l'assaillant. «Sous le coup de l'émotion, beaucoup de monde nous donne des descriptions fausses ou exagérées», confirme le policier. Les forces de l'ordre préféreront toujours un portrait clair de la personne recherchée qu'un témoin trop téméraire qui finit blessé.

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